Opinion : Les scénarios énergétiques hypothétiques devraient éclairer la politique, et non la guider

Ce ne sont que des prévisions, après tout, et les hypothèses qui les sous-tendent et les conclusions auxquelles elles aboutissent pourraient bien être fausses – et très préjudiciables.

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Par Ben Brunnen

Les décideurs politiques du monde entier tentent de trouver le juste équilibre entre la réduction des émissions, la promotion de la croissance économique et le maintien d’une énergie sûre, abordable et fiable. Trouver un juste équilibre est particulièrement important dans un pays comme le Canada, qui produit de grandes quantités d’énergie à la fois pour l’exportation et pour la consommation intérieure dans un climat froid.

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Les prévisions et scénarios énergétiques d’agences telles que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) peuvent contribuer à éclairer les politiques et réglementations énergétiques des gouvernements. Mais ce ne sont que des prévisions, et elles ne devraient pas être intégrées à la politique économique, surtout si cela porte préjudice de manière préventive à notre plus importante industrie d’exportation et à un pilier de notre niveau de vie.

En 2021, le ministre des Ressources naturelles du Canada, Jonathan Wilkinson, a demandé au Régie canadienne de l’énergie (anciennement l’Office national de l’énergie) pour entreprendre une analyse de scénarios permettant au Canada d’atteindre zéro émission nette d’ici 2050. marqué la première « perspective à long terme modélisant la carboneutralité d’ici 2050 » de la Régie, et son scénario de carboneutralité au Canada a ensuite été lié au projet de loi proposé par le gouvernement fédéral. Cadre réglementaire pour un plafonnement des émissions de gaz à effet de serre du secteur pétrolier et gazier. C’est un problème pour plusieurs raisons.

Premièrement, les scénarios énergétiques sont hypothétiques. Ils sont conçus pour aider les décideurs à comprendre ce qui serait nécessaire pour atteindre un résultat souhaité, comme zéro émission nette. Leur utilisation comme outil pour orienter réellement les politiques et réglementations d’investissement énergétique au niveau macro peut créer une exposition au niveau national à des perturbations importantes en matière d’approvisionnement, d’accessibilité et de sécurité énergétiques.

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Deuxièmement, les hypothèses qui sous-tendent les scénarios de zéro émission nette du CER s’appuient largement sur les scénarios politiques de l’AIE. Par exemple, les scénarios de l’AIE prévoient une consommation totale d’énergie, de pétrole et de gaz nettement inférieure à celle prévue par d’autres agences – peut-être en raison du changement de politique de l’AIE. mandat de la sécurité et de l’abordabilité énergétiques à « diriger la lutte du secteur énergétique mondial contre le changement climatique ». Une dépendance excessive aux scénarios de l’AIE crée donc le risque que les décisions politiques soient basées non pas sur la réalité, mais sur le résultat souhaité par une organisation de défense.

Troisièmement, il existe des inquiétudes légitimes quant à la fiabilité des scénarios générés par le CER. Dans son Avenir énergétique du Canada 2023 Dans le rapport, par exemple, les niveaux de production de pétrole et de gaz diffèrent selon que l’ensemble de données est tiré des graphiques du document ou de son annexe. La CER l’a reconnu dans un erratum publié sur son site Web, mais le problème plus large est la présence d’erreurs et d’omissions dans les scénarios sur lesquels les gouvernements s’appuient fortement pour réglementer l’industrie et diriger les décisions d’investissement.

Enfin, et c’est peut-être le plus important : le fait que le gouvernement fédéral a demandé à la Régie de produire un scénario de carboneutralité au Canada et a ensuite immédiatement adopté ce scénario dans son cadre réglementaire proposé suggère que la relation entre le gouvernement et son agence nationale d’information sur l’énergie n’est pas suffisamment la longueur du bras. Même si la CER, à son honneur, a fait preuve de transparence dans la manière dont elle a répondu à la demande du gouvernement, une plus grande indépendance structurelle de sa fonction d’information énergétique par rapport au gouvernement renforcerait son autonomie et institutionnaliserait son objectivité.

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Le rôle de la CER en tant que fournisseur d’informations sur l’énergie doit être renforcé en établissant cette partie de son mandat comme une agence indépendante de partage d’informations, semblable à l’Energy Information Agency des États-Unis. Et, plutôt que de diriger les travaux de la Régie, le gouvernement fédéral devrait créer ses propres scénarios énergétiques accessibles au public pour éclairer les discussions sur la politique énergétique – mais pas pour servir d’instruments politiques et réglementaires contraignants. Et il doit fonder ses décisions politiques en matière d’émissions sur une analyse détaillée, réaliste et applicable dans la pratique des voies les moins coûteuses pour réduire les émissions tout en maximisant la valeur économique.

Quant au CER, il doit élaborer des prévisions et des scénarios intégrant des hypothèses provenant d’un large éventail de sources. Il devrait continuer à produire un « scénario de référence pour l’avenir de l’énergie » qu’il pourra utiliser pour évaluer tout autre scénario politique qu’il développera. Et il devrait également tenir compte de différentes hypothèses concernant l’offre et la demande d’énergie dans l’élaboration de scénarios de réduction des émissions – y compris la perspective d’une hausse des prix du pétrole et du gaz et la poursuite de la production canadienne dans un scénario de réduction des émissions.

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La plus grande objectivité possible dans les prévisions énergétiques et la modélisation de scénarios est essentielle à une prise de décision judicieuse en matière de politique énergétique. Ces outils doivent être développés de manière robuste et appliqués judicieusement. Ils doivent éclairer les décisions politiques et réglementaires du Canada, mais ne doivent pas devenir des instruments politiques ou réglementaires en eux-mêmes.

Poste financier

Ben Brunnen, chercheur principal à l’Institut CD Howe, a fondé Verum Consulting et est partenaire de Stratégie de garnison.

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