dimanche, décembre 22, 2024

Opinion : les programmes de lutte contre la pauvreté fondés sur la race ne fonctionnent pas

La plupart des pauvres ne sont pas des minorités visibles et la plupart des minorités visibles ne sont pas pauvres. La politique fédérale devrait cesser de prétendre le contraire.

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Par Matthew Lau et David Hunt

Vous savez que vous avez touché une corde sensible politique lorsqu’un ministère fédéral ressent le besoin de préparer un mémorandum à l’intention des parlementaires pour expliquer ses nombreuses politiques publiques qui sont illibérales, anti-individuelles et, en fin de compte, anti-pauvres.

Pièce A : Notre récente rapport pour la Fondation Aristote pour les politiques publiques est devenu l’objet d’une Note pour la période de questions fourni au ministre fédéral Randy Boissonnault, responsable de l’Emploi et du Développement social Canada. La note était une tentative d’expliquer notre récente rapport« Pauvreté et race au Canada : faits sur la race, la discrimination et les pauvres », qui critique les programmes gouvernementaux de lutte contre la pauvreté fondés sur la race.

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Rappel : de tels programmes sont inefficaces pour réduire la pauvreté lorsqu’ils ciblent la race plutôt que le statut de pauvreté réel. Ils sont également contreproductifs : même lorsqu’ils visent des groupes ethniques qui souffrent de manière disproportionnée de la pauvreté, ils ont tendance à aider les segments les plus riches de ces groupes tandis que les personnes réellement pauvres sont encore plus laissées pour compte.

Nous sommes bien sûr ravis que le gouvernement fédéral ait trouvé notre rapport intéressant à lire, mais moins ravis que sa réponse, vraisemblablement préparée par un employé fédéral aux frais de l’État, répète des panacées éculées comme la façon dont le racisme (dont Ottawa suppose toujours, même maintenant en 2024, qu’il est « systémique » plutôt que périodique et personnel) explique beaucoup en termes de résultats.

En réponse à notre rapport, l’auteur anonyme de la note fédérale soutient que nous aurions dû nous concentrer sur la proportion d’un groupe identitaire qui est pauvre plutôt que sur le nombre absolu de Canadiens pauvres. Comme le dit la note : « Les auteurs fournissent des statistiques sur le nombre de personnes qui vivent dans la pauvreté par groupe racialisé. Ils montrent que, parmi les personnes vivant dans la pauvreté au Canada, 58,1 % sont blanches. Une statistique plus représentative serait la proportion d’un groupe racialisé vivant dans la pauvreté par rapport à la proportion de ce groupe au sein de la population. »

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C’est une statistique couramment calculée. Elle montre que certains groupes sont plus présents parmi les Canadiens pauvres que dans la population en général. Mais on peut faire exactement la même constatation en confirmant que les taux de pauvreté sont plus élevés dans certains groupes que dans d’autres, ce qui correspond exactement aux données présentées dans notre tableau, à seulement deux paragraphes de la statistique de « 58,1 % » citée précédemment. Le preneur de notes a-t-il raté le tableau ?

La note pour la période de questions ne réfute pas les principaux points de notre rapport. Elle mentionne, en s’appuyant sur des données semblables aux nôtres, que même si les Canadiens blancs sont en moyenne moins susceptibles de connaître la pauvreté que les Canadiens issus de minorités visibles, la plupart des Canadiens pauvres sont en fait blancs. Pourquoi ? Parce que la population blanche dans son ensemble est importante. Selon la « mesure du panier de consommation » de Statistique Canada, le taux de pauvreté chez les Canadiens blancs n’est que de 6,3 %, ce qui est inférieur à la moyenne de la population, qui est de 7,4 %. Mais comme la population blanche du Canada est si importante, ce taux de 6,3 % représente 1,6 million de personnes.

Il n’en demeure pas moins qu’un programme de lutte contre la pauvreté qui offre du financement ou du soutien à des personnes parce qu’elles sont noires (pour ne prendre qu’un exemple) est mal ciblé. Les Canadiens noirs sont plus touchés par la pauvreté que les Canadiens blancs, mais environ 85 % de la population noire n’est pas pauvre, tandis qu’environ 95 % de la population pauvre du Canada n’est pas noire.

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La note pour la période de questions indique que même si la stratégie de réduction de la pauvreté du gouvernement fédéral établit un lien entre la race et la pauvreté, « les principaux piliers du système de protection sociale du Canada » reposent sur des tests de revenus ou d’autres critères d’admissibilité, comme l’âge, le handicap et la situation familiale. Oui, c’est une bonne chose que la plupart des programmes de redistribution des revenus et des programmes sociaux du gouvernement fédéral ne soient pas fondés sur la race. Mais cela ne constitue pas une défense de la partie qui le sont.

Même si le meilleur programme de lutte contre la pauvreté demeure, comme le dit le vieux cliché, l’emploi, les programmes fédéraux sont truffés de discriminations fondées sur la race et le sexe, tout comme le recrutement dans les entreprises et les universités, ce qui signifie que des millions de Canadiens sont exclus de pans importants du marché du travail uniquement en raison de leur race ou de leur sexe. C’est une attitude illibérale et anti-individuelle.

Recommandé par la rédaction

Voici deux propositions politiques modestes : premièrement, supprimer les programmes fondés sur la race qui n’aident pas réellement les Canadiens pauvres ou défavorisés, même s’ils visent les personnes issues de milieux raciaux qui souffrent de manière disproportionnée de la pauvreté. Deuxièmement, mettre fin à tous les programmes qui discriminent des millions de Canadiens de toute couleur ou ascendance, car de telles politiques sont source de division et pourraient même ne pas aider, selon les études, ceux qui obtiennent les emplois réservés. Au lieu de cela, concentrez-vous sur authentique une politique fondée sur les opportunités pour tous les Canadiens.

Poste Financier

Matthew Lau est chercheur principal et directeur de recherche David Hunt à la Fondation Aristote pour les politiques publiques. Ils sont co-auteurs de Pauvreté et race au Canada : faits sur la race, la discrimination et les pauvres.

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