Un sondage révèle une crise de la diversité des points de vue sur les campus canadiens
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Par Christopher Dummitt et Zachary Patterson
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Un débat international tourbillonne autour de l’état des universités aujourd’hui.
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Les critiques affirment que les universités sont devenues des monocultures politiques, hostiles à ceux qui contestent les mérites de la pensée « progressiste » contemporaine. Ils mettent en garde contre une culture académique où la discrimination des points de vue est endémique et la liberté académique est menacée.
D’autres ont été sceptiques, affirmant que les craintes concernant l’annulation de la culture et l’homogénéité politique sont exagérées et ne sont que des sujets de discussion de droite.
Jusqu’à présent, nous n’avons pas eu suffisamment d’informations pour évaluer si ces accusations correspondaient à l’expérience des universités canadiennes. Notre nouveau rapport pour l’Institut Macdonald-Laurier, La crise de la diversité du point de vue dans les universités canadiennesoffre les premières données d’enquête approfondies sur les opinions et les expériences des professeurs canadiens sur ces questions.
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Notre rapport corrobore les affirmations d’une grave crise de l’enseignement supérieur. Les universités canadiennes sont, comme les universités des États-Unis et du Royaume-Uni, des institutions politiquement homogènes dont le manque de diversité des points de vue contribue à de graves problèmes sur le campus, notamment un affaiblissement du soutien à la liberté universitaire, un climat hostile pour ceux qui ne sont pas d’accord avec les valeurs de gauche et des niveaux importants d’autocensure.
Notre rapport corrobore les affirmations d’une grave crise de l’enseignement supérieur
L’enquête montre que 88 % des professeurs s’identifient comme « de gauche » et ont voté pour des partis de gauche lors des élections fédérales de 2021. Seulement 9 % des professeurs ont voté pour des partis conservateurs lors des dernières élections fédérales, comparativement à un peu moins de 39 % de la population générale.
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Cette homogénéité politique est un problème important. Bien qu’il puisse sembler que les professeurs puissent garer leur politique à la porte de la salle de classe, ce que nous savons de la psychologie sociale fait que cet optimisme semble au mieux naïf. Les organisations remplies d’individus partageant les mêmes idées sont souvent la proie de certaines des formes de conformité les plus dangereuses. Des études montrent que des organes décisionnels homogènes prennent de mauvaises décisions parce qu’ils fonctionnent sur des informations incomplètes, faisant taire (souvent involontairement) ceux qui ont des points de vue différents.
Notre étude montre que c’est exactement ce qui se passe. Pas moins de 57 % des professeurs de droite déclarent s’autocensurer pour éviter tout préjudice professionnel. Même parmi les professeurs de gauche, 37 % s’autocensurent. Environ la moitié des professeurs de droite expriment leur crainte des conséquences sociales et professionnelles si leurs collègues apprenaient même leurs opinions ou leurs affiliations politiques. Quarante pour cent des professeurs de droite déclarent que leur département universitaire est un environnement de travail hostile.
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L’une des raisons de cette peur parmi les minorités politiques sur le campus est probablement liée à une autre conclusion clé de notre rapport : bien que la plupart des professeurs apprécient la liberté académique, une minorité substantielle – environ un tiers des professeurs – admet qu’ils soutiendraient l’annulation d’un collègue si que la recherche des collègues était en conflit avec certaines valeurs contemporaines de justice sociale. En d’autres termes, pour une partie importante du corps professoral, la liberté académique compte, mais seulement lorsqu’elle n’entre pas en conflit avec leurs opinions politiques.
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La défense contre la discrimination de point de vue devrait être la liberté académique. La bonne nouvelle, c’est que les professeurs canadiens appuient largement la liberté universitaire.
Mais il est clair que les dispositions actuelles sont insuffisantes. Les professeurs à temps partiel (qui ne peuvent tout simplement pas être réembauchés) et les étudiants ne sont pas protégés par les conventions collectives. De plus, bien que certains professeurs puissent être protégés de leurs employeurs, la discrimination exercée par des collègues ou des foules en ligne reste sans réponse.
D’autres juridictions ont réalisé la nécessité d’en faire plus pour protéger les universités. La Chambre des communes du Royaume-Uni a adopté un projet de loi sur la liberté d’expression dans l’enseignement supérieur pour garantir que les universités sont tenues de protéger la liberté académique sur le campus. De même, la province de Québec vient d’adopter le projet de loi 32 pour protéger la liberté académique sur les campus.
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Compte tenu des graves menaces qui pèsent sur la liberté universitaire, des niveaux importants d’autocensure sur les campus canadiens et de la façon dont cela met en péril l’objectif même de l’enseignement supérieur, il est temps que les gouvernements du Canada assurent une plus grande protection de la liberté universitaire dans les universités canadiennes. Ottawa devrait également enchâsser les dispositions sur la liberté universitaire au sein des organismes nationaux de financement de la recherche.
À une époque où la polarisation politique et les algorithmes des médias sociaux diminuent la confiance dans les institutions, les universités canadiennes doivent faire partie de la solution en faisant preuve d’humilité intellectuelle et d’acceptation authentique de toutes les formes de diversité, en particulier la diversité des points de vue.
Poste nationale
Christopher Dummitt est professeur d’histoire canadienne à l’Université Trent. Zachary Patterson est professeur agrégé de géographie à l’Université Concordia.