Destinées à détecter les fraudeurs, les règles créent un délit de non-déclaration, ce que des milliers d’administrateurs innocents feront probablement.
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Par Allan Lanthier
Avez-vous ajouté votre nom au titre légal de la nouvelle maison de votre fille pour l’aider à obtenir un prêt hypothécaire ? Ou avez-vous ouvert un compte bancaire ou de courtage « en fiducie » pour votre petit-fils afin de l’aider à financer ses études ultérieures ? Si tel est le cas, vous avez un problème, et ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres.
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En vertu des nouvelles règles de déclaration fiscale qui s’appliquent aux années se terminant après le 30 décembre 2023, vous pourriez être passible d’une pénalité pouvant aller jusqu’à cinq pour cent de la juste valeur de la maison ou du compte « en fiducie » si vous ne déclarez pas le même s’il n’y a pas un centime d’impôt à payer. Le but de ces règles est de lutter contre l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et d’autres activités criminelles. Leur effet probable sera de placer des milliers de Canadiens innocents du mauvais côté de la loi.
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Comme beaucoup d’initiatives gouvernementales, celle-ci a démarré avec les meilleures intentions du monde : une plus grande transparence. Si une personne a un titre légal sur une propriété mais la détient au profit du « véritable propriétaire » – quelqu’un qui la contrôle et a droit à tous ses revenus – une obligation de déclaration aidera le gouvernement à découvrir les arrangements illicites si cette « personne » est un scélérat. C’était la théorie. Mais ensuite les bureaucrates sont intervenus et les règles sont devenues incontrôlables.
Selon les anciennes règles, une fiducie n’était généralement tenue de produire une déclaration de revenus que si elle avait de l’impôt à payer ou vendait une propriété. Et il n’y a jamais eu d’obligation de déclarer lorsqu’une personne détenait le titre légal d’un actif en tant qu’agent de quelqu’un d’autre : que « quelqu’un d’autre » était tenu de déclarer tous les revenus imposables de l’actif – et l’est toujours.
Les nouvelles règles exigent qu’un « simple fiduciaire » – une personne ou une société qui détient le titre légal d’un actif en tant qu’agent du véritable propriétaire – dépose une déclaration annuelle de fiducie. même si le simple syndic ne doit aucun impôt. Il existe quelques exceptions limitées : par exemple, un rendement n’est pas requis si l’accord porte sur des actifs d’une valeur maximale de 50 000 $, à condition que les seuls actifs soient des liquidités, des titres cotés ou des titres de créance gouvernementaux. S’il existe d’autres actifs, comme un CPG, vous devez déposer une déclaration.
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Pour une fiducie dont l’exercice se termine le 31 décembre 2023, la déclaration doit être produite avant le 2 avril de cette année. La pénalité pour les déclarations produites en retard est d’un maximum de 2 500 $. Mais les nouvelles règles sont si complexes que même les fiscalistes ont du mal à les comprendre : en conséquence, l’Agence du revenu du Canada a supprimé la pénalité pour les simples fiducies pour la première année.
Mais il existe désormais une deuxième pénalité : cinq pour cent de la valeur la plus élevée des actifs du trust au cours de l’année si le défaut de déclaration était délibéré ou le résultat d’une négligence. Ainsi, si vous ajoutez votre nom à la maison de votre fille pour l’aider à obtenir un financement, vous pourriez être confronté à une pénalité de cinq pour cent de la valeur de la propriété pour chaque année où vous ne remplissez pas le formulaire.
Cela pourrait s’additionner. Supposons que dans 10 ans, l’ARC commence à fouiner et découvre que vous êtes un « simple fiduciaire » du domicile de votre fille, mais que vous n’avez jamais fait de rapport. La propriété a une valeur de 1 million de dollars et, au taux de cinq pour cent, l’ARC vous impose une pénalité de 50 000 $ par année plus les intérêts. « Mais aucun impôt n’était dû », dites-vous. « Cela n’a pas d’importance », répond l’ARC.
Les absurdités continuent. Pour des raisons commerciales, de nombreux groupes de sociétés dans le domaine du développement immobilier ou de l’exploration pétrolière et gazière ont recours à des sociétés prête-nom pour détenir le titre légal des actifs, d’autres sociétés étant les « véritables propriétaires » – en d’autres termes, de simples fiducies. Un grand groupe d’entreprises avec de nombreux projets peut désormais devoir remplir des centaines de dossiers chaque année à un coût très important : les nouveaux formulaires de déclaration sont atrocement détaillés.
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Comment nous en sommes arrivés à ce triste état est une longue histoire. Le Canada dispose d’un régime fiscal d’autocotisation : vous déclarez l’impôt que vous devez et vous pourriez avoir de sérieux problèmes si vous ne le faites pas. Cependant, de plus en plus, les contribuables doivent désormais également déclarer leurs arrangements même s’ils n’ont aucun impôt à payer, avec de lourdes pénalités simplement pour avoir omis de produire un formulaire gouvernemental.
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L’intrusion du gouvernement nécessite des limites raisonnables. Il y a quelques jours à peine, un tribunal de district américain a déclaré inconstitutionnelles les règles américaines exigeant la déclaration des intérêts de « véritable propriété ». Ottawa devrait abandonner sa propre initiative et repartir de zéro. Allons à la chasse aux canailles et oublions les arrangements familiaux et commerciaux simples. Après tout, l’objectif était d’attraper les vrais scélérats, et non d’en fabriquer de nouveaux.
Allan Lanthier, associé retraité d’un cabinet comptable international, a été conseiller auprès du ministère des Finances et de l’Agence du revenu du Canada.
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