Opinion: Les libéraux de Trudeau devraient prendre des leçons de responsabilité de la Banque du Canada

Dans la conduite des politiques, la transparence et la responsabilité sont essentielles à la crédibilité

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Par Lawrence Schembri et Steven Globerman

Au cours des trois dernières décennies, les banques centrales, y compris la Banque du Canada, ont transformé leurs communications publiques concernant la conduite de la politique monétaire. Avant cela, ils fournissaient peu de justifications à leurs actions. Ils n’ont pas non plus beaucoup parlé des perspectives économiques ou de l’orientation future probable de la politique. Cela semble étrange rétrospectivement, mais ce manque de transparence était généralement considéré comme une vertu. Comme le disait le président de la Réserve fédérale, Alan Greenspan, en septembre 1987 : « Depuis que je suis devenu banquier central, j’ai appris à marmonner avec une grande incohérence. Si je vous semble trop clair, vous avez dû mal comprendre ce que j’ai dit.

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L’argument en faveur de l’opacité était que la politique monétaire serait plus efficace si les marchés financiers ne pouvaient pas facilement anticiper les actions des banques centrales. Ce point de vue avait un certain sens à une époque où les taux de change étaient fixes, car faire allusion à de futurs changements de politique monétaire (par exemple, une baisse des taux d’intérêt) pouvait déclencher des courses spéculatives sur la devise d’un pays. Mais après l’effondrement du système de taux de change fixes de Bretton Woods en 1971 et l’adoption ultérieure par la plupart des pays de taux flexibles déterminés par le marché, cette justification du secret a pratiquement disparu.

Il restait cependant un autre motif important. Le fait de ne pas expliquer clairement leurs actions politiques a permis aux banquiers centraux d’éviter de rendre des comptes pour des actions qui se sont avérées inefficaces ou même inappropriées. Cela était particulièrement précieux compte tenu à la fois du manque de clarté à l’époque sur ce qu’était exactement leur mandat et de l’incertitude considérable entourant l’efficacité des instruments de politique monétaire.

L’inflation des années 1970 et 1980 a toutefois provoqué un mécontentement généralisé du public à l’égard de la politique monétaire et a contribué à modifier la manière dont les banques centrales communiquaient avec les acteurs des marchés financiers et le public en général. En particulier, ils ont reconnu la nécessité d’être beaucoup plus clairs sur leurs objectifs, ce qui a finalement conduit à l’adoption de cibles chiffrées d’inflation. La crise financière de 2008-2009 a également apporté une transparence accrue concernant les outils de politique monétaire, car de nombreuses banques centrales ont mis en œuvre des politiques non conventionnelles telles que la «forward guidance» et l’assouplissement quantitatif, qui n’étaient pas bien comprises par les acteurs des marchés financiers à l’époque et devaient être expliqué.

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À la Banque du Canada, une transparence accrue autour des objectifs, des outils et de la stratégie de politique monétaire a amélioré la crédibilité de la Banque et l’a aidée à atteindre sa cible d’inflation au cours des trois décennies précédant la pandémie de COVID-19. De plus, l’accord-cadre de politique monétaire entre la Banque et le gouvernement fédéral, qui confère à la Banque son indépendance opérationnelle, a également contribué à renforcer la confiance du public dans l’engagement de la Banque envers l’objectif, qui demeure largement intact aujourd’hui. Malgré la forte hausse de l’inflation au cours des 16 derniers mois, les attentes d’inflation à long terme restent proches de la cible de 2 %, ce qui laisse entendre que le public croit toujours que la Banque est crédible.

La transparence accrue de la conduite de la politique monétaire de la Banque du Canada contraste fortement avec la façon dont le gouvernement Trudeau mène la politique budgétaire. Dans un récent examen, le Fonds monétaire international a recommandé que le Canada rétablisse un point d’ancrage de la dette pour améliorer la responsabilité et la crédibilité de la politique budgétaire et orienter les attentes quant à sa trajectoire future. Le gouvernement actuel a été élu en 2015 sur la promesse de maintenir les déficits à 10 milliards de dollars par an, mais à mesure que les dépenses publiques augmentaient, l’objectif budgétaire a été modifié – d’abord, pour maintenir le ratio de la dette au PIB à 30%, puis pour simplement réduire la dette en proportion du PIB. Mais même cela s’est avéré difficile et le ratio de la dette au PIB n’a cessé d’augmenter depuis 2015.

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Les objectifs budgétaires changeants du gouvernement Trudeau, qui semblent sans lien avec la politique actuelle, ont sérieusement érodé la confiance du public dans sa gestion des finances fédérales. Et l’incertitude financière qui en a résulté a sans doute découragé les investissements en capital au Canada, contribuant ainsi à la lenteur de la croissance de la productivité du travail et à la stagnation du revenu par habitant au cours de la dernière décennie.

Dans la conduite de la politique, qu’il s’agisse de la politique monétaire ou de la politique budgétaire, la transparence et la responsabilité sont essentielles à la crédibilité.

Poste financier

Lawrence Schembri, sous-gouverneur de la Banque du Canada de 2013 à 2022, est senior fellow au Fraser Institute, tout comme Steven Globerman, professeur émérite d’économie à la Western Washington University.

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