Il est temps pour Ottawa de faire passer la création d’emplois et la croissance économique au pays avant les gestes politiques
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L’impôt minimum mondial sur les sociétés de 15 % orchestré par l’OCDE et défendu par la secrétaire au Trésor américaine Janet Yellen a été sabordé par le sénateur démocrate Joe Manchin. La plus grande économie du monde et le concurrent le plus féroce du Canada pour les investissements des entreprises étant hors de l’accord, le Canada devrait également se retirer.
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Cela a été toute une saga. En octobre 2021, plus de 130 pays ont convenu d’un cadre général pour la taxe – bien qu’aucun n’ait réellement accepté de le mettre en œuvre, pour envisager ultérieurement de procéder ou non. Ce moment est venu et le Canada devrait se retirer. Ce qui motive vraiment la proposition fiscale de l’OCDE n’est pas l’évasion fiscale des entreprises : c’est le fait que les gouvernements à court de liquidités du monde entier ont besoin de nouvelles recettes fiscales, et que les grandes entreprises sont toujours une cible politique facile.
Avec la division 50-50 au Sénat, l’administration Biden a besoin de chaque vote démocrate pour mettre en œuvre la taxe. Cela n’arrivera pas : le 15 juillet, Joe Manchin a annulé l’accord. S’adressant à un animateur de radio, Manchin a déclaré qu’il ne soutenait pas la taxe car d’autres pays ne l’avaient pas encore promulguée et qu’il ne voulait pas désavantager les entreprises américaines et nuire à l’économie américaine.
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Manchin a déclaré qu’il serait prêt à reconsidérer la question en septembre, lorsque nous en saurons plus sur les taux d’inflation et les hausses de taux d’intérêt. Mais on ne sait pas si la législation peut se dérouler si près des élections américaines de mi-mandat, ce qui donnera probablement aux républicains le contrôle du Congrès. Donc, en pratique, les États-Unis ont abandonné la taxe.
Les 27 pays membres de l’Union européenne sont également un point d’interrogation. L’UE exige un accord unanime lors de la modification des lois fiscales, et la Hongrie n’est pas d’accord. Elle craint d’imposer des coûts supplémentaires à ses entreprises, notamment à la lumière des difficultés économiques résultant de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Le nouveau président tchèque de la commission des finances de l’UE tentera de convaincre la Hongrie de céder lors de la prochaine réunion de la commission début octobre : s’il réussira est loin d’être clair. En bref, le solide soutien mondial à la taxe de l’OCDE s’est évaporé.
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Il y a trois raisons fondamentales pour lesquelles le Canada devrait se retirer.
Premièrement, la taxe de l’OCDE a très peu à voir avec l’évasion fiscale des entreprises, qui a été abordée par des initiatives antérieures de l’OCDE. En 2015, l’OCDE a publié un plan en 15 points pour lutter contre l’évitement fiscal, et le Canada donne suite à bon nombre de ces recommandations. Par exemple, Finances Canada a publié un projet de loi en février pour limiter les déductions des frais d’intérêts à un ratio fixe du BAIIA fiscal (« bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement »). Il faisait 26 pages avec 68 pages de notes explicatives. Cela a été suivi d’un autre projet de loi en avril pour traiter les soi-disant «dispositifs hybrides» – 15 pages de certaines des propositions législatives les plus complexes jamais vues, plus 71 pages de notes explicatives.
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Deuxièmement, il existe un moyen beaucoup plus simple de s’attaquer aux quelques possibilités d’évasion fiscale des sociétés qui subsistent. Notamment, il existe une disposition dans notre code des impôts qui permet aux sociétés multinationales de transférer des revenus de pays à fiscalité élevée vers des paradis fiscaux en utilisant des paiements de redevances et d’intérêts intra-groupe. Cette échappatoire a été soulignée par le vérificateur général il y a 30 ans, mais Finances Canada n’a jamais agi. La disposition incriminée pourrait être abrogée d’un trait de plume – un changement qui apporterait plus d’argent dans les coffres du gouvernement fédéral que l’ensemble de 70 pages de règles modèles de l’OCDE.
Enfin, la taxe touchera les grandes entreprises et l’économie canadienne au pire moment possible. Les grandes entreprises, celles qui comptent plus de 500 employés, représentent plus de 40 % des emplois du secteur privé au Canada, paient généralement des salaires plus élevés que les petites entreprises et contribuent davantage à l’innovation et à la productivité. Il ne faut pas paralyser nos créateurs d’emplois au moment précis où notre géant concurrent du sud a décidé de renoncer à la taxe.
Certains pays appliqueront la taxe de l’OCDE. Le Royaume-Uni, par exemple, a maintenant publié un ensemble partiel de projets de règles (116 pages) avec une date d’entrée en vigueur proposée au 31 décembre 2023. D’autres pays procéderont également. Laisse les. Quant au Canada, il est temps que le gouvernement fédéral place la création d’emplois et la croissance économique au pays avant les gestes politiques. Le Canada devrait se retirer de l’initiative de l’OCDE.
Allan Lanthier est un associé à la retraite d’un cabinet comptable international et un ancien conseiller du ministère des Finances et de l’Agence du revenu du Canada.