Opinion : Les énergies renouvelables russes perdent leur halo ESG

Même les entreprises d’énergies renouvelables ne peuvent pas éviter les volets « social » et « gouvernance » de l’ESG

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Les opérateurs pétroliers et gaziers occidentaux quittent la Russie, mais qu’en est-il des investisseurs dans les énergies renouvelables ? Parmi les plus grands acteurs des énergies renouvelables en Alberta – EDF Renewables, une filiale en propriété exclusive du groupe français EDF, et l’Italien ENEL Green Power – ont tous deux des divisions commerciales en Russie. EDF adopte une approche attentiste face à la crise, précisant qu' »aucune des sanctions prises contre ou par la Russie n’empêche le Groupe de fonctionner normalement ». Le PDG d’ENEL, Francesco Starace, a annoncé lundi qu’il quittait les opérations russes dans « quelques mois », notant que continuer dans les circonstances actuelles est « désagréable et impossible ».

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Les entreprises renouvelables ont une sorte de « halo » ESG en raison de l’association positive entre leur type d’énergie – éolienne et solaire – et l’action climatique. Mais ce qui se passe en Russie nous rappelle que les seuls critères « environnementaux » ne suffisent pas : même les entreprises d’énergies renouvelables ne peuvent éviter les volets « social » et « gouvernance » de l’ESG.

EDF et ENEL sont des multinationales. EDF est en fait le plus grand service public au monde. Les deux investisseurs verts ont d’énormes projets d’énergie renouvelable en Alberta. EDF a remporté un contrat financé par l’Alberta Electricity System Operator (AESO) dans le comté de Cypress et exploite également Blackspring Ridge dans le comté de Vulcan, le plus grand parc éolien de l’Ouest canadien. Pour sa part, ENEL a investi dans trois parcs éoliens le long des contreforts est des Rocheuses.

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Ni l’un ni l’autre n’est un nom familier en Alberta, cependant. Ils emploient un petit nombre de personnes dans la province et n’ont pas de bureaux régionaux. Même leurs avantages environnementaux s’accumulent ailleurs : ils sont vendus pour soutenir les objectifs d’émissions en Californie. Les sociétés pétrolières et gazières multinationales n’oseraient pas investir en Alberta sans de gros engagements envers le développement communautaire. Pourtant, d’une manière ou d’une autre, ces joueurs obtiennent une passe en raison de la déférence envers tout ce qui est marqué « vert ».

Les deux sociétés ont des sites Web qui référencent leur travail en Russie. Le groupe italien Enel détient une participation majoritaire dans Enel Russie, une société de production d’électricité dont le siège est à Moscou. En plus de plusieurs parcs éoliens, dont le plus grand projet renouvelable du cercle polaire arctique, Enel Russie exploite des centrales thermiques fonctionnant au gaz naturel. En 2020, il a collaboré avec le ministère russe de l’industrie et du commerce pour étendre le développement des énergies renouvelables dans la République du Tatarstan.

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En avril 2021, EDF, qui appartient au gouvernement français, s’est associé au groupe russe Rosatom pour développer des projets d’hydrogène à faible émission de carbone en Russie et en Europe. La stratégie du partenariat est de produire de l’hydrogène à partir à la fois de l’énergie nucléaire et de la conversion du méthane liée aux technologies de capture et de stockage du carbone.

Quelques jours après le lancement par la Russie de sa guerre non provoquée contre l’Ukraine, les grandes compagnies pétrolières occidentales ont tourné le dos au régime de Poutine. BP a ouvert la voie, abandonnant une participation de près de 20% dans Rosneft, qui produit 5% du pétrole mondial et est proche du Kremlin. Le PDG de BP, Bernard Looney, n’a pas hésité à annoncer une cession qui entraînerait une dépréciation de 25 milliards de dollars : « Je suis convaincu que les décisions que nous avons prises en tant que conseil d’administration sont non seulement la bonne chose à faire, mais aussi les intérêts à long terme de BP. Ensuite, Shell s’est retirée du projet de gazoduc Nord Stream 2 et de son projet de GNL sibérien avec Gazprom. Quelques jours plus tard, l’américain ExxonMobil revenait au capital en tant qu’opérateur du projet Sakhalin-1 après un quart de siècle d’investissements en Russie.

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Cependant, tout le monde n’a pas abandonné les investissements russes dans le pétrole et le gaz. Le français TotalEnergies, partenaire de la Russie dans les projets de GNL arctique, adopte une approche attentiste et place ses investissements «sous surveillance», ce qui a amené certains de ses propres investisseurs (dont le Conseil des pensions de l’Église d’Angleterre) à reconsidérer leur participation dans TotalEnergies.

Ces choix des investisseurs énergétiques occidentaux – se départir de leurs intérêts en Russie ou maintenir le cap – ne sont pas des gestes de vertu et de relations publiques. Des dépréciations de cette ampleur ont des impacts financiers directs et immédiats. Certains investisseurs justifient une approche « attendre et voir » sur la base qu’un exode massif d’investisseurs occidentaux de Russie causera plus de dommages en perturbant les chaînes d’approvisionnement énergétique européennes ou en produisant des aubaines pour d’autres investisseurs dans ces projets. Cette façon de penser a la saveur distincte de la gestion des risques : nous n’enfreignons aucune loi, y compris les sanctions, nous pesons simplement les risques.

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Au cours des deux dernières décennies, de nombreux investisseurs ont appelé les acteurs de l’énergie à se concentrer sur la durabilité environnementale. L’attaque contre l’Ukraine attire l’attention des investisseurs sur les implications sociales et de gouvernance d’opérer en Russie. Où est la ligne dans le sable pour les entreprises individuelles ? Nous découvrons. Un investisseur occidental peut-il « faire partie de la solution » et rester investi en Russie ? Pour BP, Shell et ExxonMobil, la réponse était évidente : non.

Nos attentes — et notre niveau de contrôle — devraient-ils être différents pour l’énergie nucléaire ou d’autres formes d’énergie renouvelable ? Bien sûr que non : un halo environnemental n’est pas une cape d’invisibilité ou un tablier de plomb. Les entreprises d’énergies renouvelables n’obtiennent pas de laissez-passer pour les responsabilités « sociales » et de « gouvernance » dans l’ESG.

Donna Kennedy-Glans a été ministre associée de l’Électricité et des Énergies renouvelables de l’Alberta en 2013-2014. Son nouveau livre est Apprendre au dinosaure à danser : aller au-delà du statu quo.

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