Opinion : Les dirigeants politiques doivent faire face aux réalités budgétaires maintenant, pas en 2025 ou 2026

Le nouveau gouvernement britannique est en train de rejouer un vieux film : il découvre un énorme trou dans le budget. Ne reprenons pas ce vieux scénario budgétaire ici

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Nous avons tous déjà vu ce film. Trois semaines après l’élection d’un nouveau gouvernement travailliste au Royaume-Uni, la chancelière de l’Échiquier a annoncé qu’elle avait examiné de plus près les comptes. Et voilà qu’un audit a révélé que 21,9 milliards de livres (près de 39 milliards de dollars) de mesures non budgétisées avaient été laissées de côté par l’administration sortante. Pour combler ce manque, la chancelière Rachel Reeves a annoncé 5 milliards de livres de coupes budgétaires, a fait allusion à des mesures fiscales à venir et a déclaré que d’autres « décisions difficiles » étaient à venir.

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Ne faisons pas cela au Canada. À l’approche des élections fédérales qui auront probablement lieu en 2025, nous comprendrions beaucoup mieux les choix qui s’offrent à nous si nous examinions attentivement nos finances publiques dès maintenant et si nous discutions ensuite de voies réalistes et durables.

Le budget fédéral d’avril prévoit une diminution progressive des déficits, de 40 milliards de dollars prévus cette année à 20 milliards de dollars, soit 0,6 % du PIB, en 2028-29. Si cela se produit, notre ratio dette/PIB à la fin de la période serait de 39 %. Ces chiffres sont gérables si tout se déroule comme prévu. Mais bien sûr, ce n’est jamais le cas. De plus, la trajectoire des dépenses publiée dans le budget n’est qu’un début. De multiples pressions non chiffrées se profilent à l’horizon.

La défense est la plus surprenante. Le gouvernement prévoit que nos dépenses en matière de défense passeront de 41 milliards de dollars, soit 1,39 % du PIB au cours de l’exercice en cours, à 57,8 milliards de dollars, soit 1,76 % du PIB, en 2029-2030. Le directeur parlementaire du budget doute que nous puissions augmenter nos dépenses en matière de défense aussi rapidement. Mais, même s’il était mis à exécution, le plan à la fin de la période de cinq ans nous laisserait à court de près de 8 milliards de dollars par an pour atteindre l’objectif de 2 % de l’OTAN. Lors de la réunion de l’OTAN du mois dernier à Washington, le premier ministre a déclaré que nous atteindrions l’objectif de 2 % d’ici 2032. Compte tenu de nos antécédents et de l’absence de plans détaillés, il est peu probable que nos alliés de l’OTAN nous croient simplement sur parole. Ils s’attendront à ce que nous fassions plus, plus vite. Et n’oubliez pas : 2 % est un plancher, pas un plafond.

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Il y a aussi les prestations sociales et de santé. Le budget 2024 prévoit 1,4 milliard de dollars par an pour une nouvelle prestation canadienne pour les personnes handicapées. Les défenseurs de cette mesure affirment que ce financement est loin d’être à la hauteur des mesures législatives qui visent à « réduire la pauvreté et à soutenir la sécurité financière des personnes handicapées ».

De même, l’assurance-médicaments, qui coûte 1,5 milliard de dollars par année, n’en est qu’à sa première phase. Et l’assurance dentaire est elle aussi mise en place par étapes. De plus, tout cela se produit avant que les provinces ne réclament un financement toujours plus important pour le système de santé de base à mesure que notre population vieillit. En résumé, les lignes budgétaires actuelles ne reflètent tout simplement pas les engagements politiques actuels ni les attentes du public.

Les infrastructures méritent aussi une certaine rigueur budgétaire. En 2016, le gouvernement a mis en place le plan Investir dans le Canada et a réservé 180 milliards de dollars sur 12 ans, principalement aux provinces et aux municipalités, pour de nouveaux projets. Quatre-vingt pour cent de ces fonds ont déjà été engagés, et la pression va bientôt s’accentuer sur Ottawa pour qu’il renfloue l’enveloppe au-delà de 2028.

Cela pourrait se faire de manière intelligente et efficace en mettant l’accent sur les besoins stratégiques nationaux et en amenant les provinces à fixer les prix des infrastructures de manière à mobiliser les capitaux privés. Mais, comme l’expérience récente l’a montré, c’est plus facile à dire qu’à faire.

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En matière de politique industrielle, le Canada a suivi l’exemple d’autres pays et a considérablement accru son soutien budgétaire à l’investissement privé, notamment dans la transition énergétique et la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques. Le problème est que les coûts grimpent rapidement une fois que l’attente de subventions est intégrée à la planification des activités. C’est le classique aléa moral. Il est beaucoup plus facile d’entrer dans ce jeu que d’en sortir, surtout si les concurrents mondiaux redoublent d’efforts, comme beaucoup le font actuellement.

Il ne faut pas non plus oublier la réconciliation avec les peuples autochtones. Les jugements des tribunaux ou les accords de règlement représentent des dizaines de milliards de dollars d’indemnisation potentielle. Tout récemment, les tribunaux ont ordonné au gouvernement fédéral et à l’Ontario de négocier un règlement pour remédier au manque de paiements aux Premières Nations du Nord de l’Ontario en vertu des traités depuis 150 ans. Le cadre financier contient certaines dispositions pour ce type de passif éventuel. Mais l’an dernier seulement, le gouvernement fédéral a dû mettre de côté 22,6 milliards de dollars supplémentaires, en partie à cause des réclamations liées à la protection de l’enfance. Il est probable que d’autres sommes seront versées.

Compte tenu de toutes ces pressions sur les coûts auxquelles le gouvernement fédéral devra faire face après les prochaines élections, les opérations gouvernementales constitueront un objectif évident en matière d’économies. La fonction publique ayant connu une croissance de 40 % depuis 2015, il est certainement possible de réaliser des économies.

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Mais les coupes budgétaires ne peuvent pas être indiscriminées. Les ménages et les entreprises attendent des services de qualité, qu’il s’agisse de la délivrance de leur passeport, de la réglementation de la sécurité alimentaire et pharmaceutique, de l’administration de nos frontières ou de notre système fiscal. Cela nécessite des technologies, des compétences et donc des investissements. En d’autres termes, les gouvernements doivent choisir ce qu’ils vont faire et le faire correctement. Ils doivent également décider et expliquer ce qu’ils vont faire. pas faire.

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Une stratégie budgétaire durable commence par accorder la priorité aux politiques qui favorisent une croissance économique plus forte. Une économie plus productive générera les revenus nécessaires pour financer les priorités clés. Mais des choix difficiles doivent être faits. Dans l’état actuel des choses, les promesses de dépenses et les pressions dépassent de loin le montant total des dépenses du dernier budget. Et les pressions continueront de s’intensifier au-delà de l’horizon de cinq ans. Les dirigeants politiques qui ont à cœur les intérêts du pays plutôt que leur destin politique doivent aux Canadiens transparence et vérité – non pas après un deuxième examen post-électoral – mais maintenant, alors qu’ils travaillent avec les Canadiens sur leurs plans pour l’avenir.

Serge Dupont est conseiller principal et responsable du groupe de politique publique au sein du cabinet d’avocats Bennet Jones.

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