Met en péril la maintenance et la mise à niveau des réseaux de fibre optique
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Par Gabriel Giguère
Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a récemment imposé des conditions strictes imposées aux grands fournisseurs d’infrastructures dans le but de réduire les factures Internet des consommateurs du Québec et de l’Ontario. Cela oblige les propriétaires de grands réseaux de fibre optique – le type de câble nécessaire à l’Internet filaire à haute vitesse – à vendre l’accès à leurs réseaux à très bas prix aux revendeurs d’Internet et de câble de nos deux provinces les plus peuplées. À long terme, cette approche risque de mettre en péril la qualité de notre infrastructure, ce qui entraînera des perturbations plus fréquentes et des vitesses Internet plus lentes.
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Installer et entretenir un vaste réseau de fibre optique est une entreprise coûteuse. Rien qu’en 2021, les principaux opérateurs de ces réseaux — Telus, Bell et Rogers — ont dépensé 9,4 milliards de dollars entretenir et moderniser leurs réseaux. Ils ne peuvent pas réaliser de tels investissements à moins de pouvoir récupérer leurs coûts auprès d’un nombre suffisamment important de consommateurs à des tarifs équitables sur le marché.
Ces consommateurs vont d’individus comme vous et moi à d’autres sociétés de télécommunications qui profitent du réseau à un tarif convenu. Lorsque le CRTC intervient et oblige les propriétaires d’infrastructures à réduire les tarifs auxquels ils vendent cet accès à d’autres entreprises de télécommunications — qui sont leurs concurrents —, il leur est plus difficile, toutes choses égales par ailleurs, de récupérer les coûts de construction, d’entretien et de mise à niveau. leurs infrastructures.
Comme les consommateurs d’infrastructures de transport public le savent bien, un entretien et une modernisation inadéquats peuvent entraîner des nids-de-poule sur les routes et les autoroutes et l’effondrement, potentiellement mortel, des viaducs et des tunnels. Dans le secteur des télécommunications, des inspections et des mises à niveau moins fréquentes des équipements ne sont peut-être pas si dangereuses, mais elles se traduisent par des vitesses Internet plus lentes et des interruptions de service plus fréquentes.
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Bien sûr, un groupe d’entreprises a célébré l’intervention du CRTC : les revendeurs de services Internet. L’ensemble du modèle économique de ces entreprises repose non pas sur la construction et l’entretien des infrastructures, mais sur leur achat en gros et leur division en paquets plus petits, adaptés aux consommateurs. Bien qu’ils aient inventé 7,3 pour cent du marché en 2021, leur investissement collectif dans les infrastructures cette année-là n’était que 70 millions de dollars — 0,8 pour cent du total de l’industrie.
Il n’est pas étonnant que les revendeurs s’expriment avec tant de véhémence pour essayer d’amener le CRTC à baisser le prix qu’ils paient pour l’accès aux infrastructures : cela réduit leurs coûts sans affecter leurs revenus, les rendant plus attrayants pour les consommateurs, plus rentables – ou les deux.
Quant à ceux qui s’occupent de la part du lion de notre infrastructure Internet, leur réaction à la décision du CRTC de les obliger à vendre des accès à bas prix au Québec et en Ontario a été de réduire leurs projets d’investissement dans ces deux provinces. Il n’a pas fallu longtemps à Bell pour annoncer qu’elle réduirait ses investissements de plus de 1 milliard de dollars au cours des deux prochaines années, ralentissant l’expansion de son réseau de fibre optique. Et même si Telus n’a pas encore réagi, il ne fait aucun doute que son service financier réévalue un certain nombre de plans de mise à niveau et d’expansion prévus à la lumière de cette nouvelle réglementation. Quant à Rogers, son infrastructure utilise principalement une technologie légèrement différente et n’est donc pas visée par cette décision. Mais comme leur technologie avait déjà été ciblée par de telles restrictions, il n’est pas surprenant qu’ils n’aient pas été mécontents de voir les mains de leurs concurrents tout aussi liées que les leurs.
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La réaction des majors n’aura pas surpris le CRTC. En 2019, il a imposé une politique similaire de artificiellement baisser les prix de gros facturés aux revendeurs Internet afin de les aider à devenir des acteurs plus importants. À l’époque, le Bureau de la concurrence noté cela réduirait les investissements dans notre infrastructure de télécommunications. En 2021, le CRTC était revenu sur sa décision.
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Les régulateurs doivent garder à l’esprit que le prix n’est qu’un des nombreux aspects de la concurrence. La concurrence en matière d’infrastructures, qui concerne la rapidité et la fiabilité des services, est souvent tout aussi importante, sinon plus.
Comme chacun le sait, moins cher n’est pas toujours mieux.
Gabriel Giguère est analyste des politiques publiques à l’Institut économique de Montréal.
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