La loi est un âne, proclamait un personnage de Dickens. Les nouvelles règles d’Ottawa sur les fiducies le confirment. Ils devraient être retirés et oubliés
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Par Allan Lanthier
Les nouvelles règles du gouvernement fédéral en matière de déclaration des fiducies sont si farfelues que des centaines de milliers de Canadiens ne s’y conformeront jamais. L’Agence du revenu du Canada est également susceptible d’ignorer les règles dans de nombreuses situations. Il a déjà fait deux annonces en ce sens. Pensez-y. L’ARC ignorera tout simplement une loi adoptée par le Parlement du Canada parce que les règles sont très imparfaites.
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Les règles exigent un rapport annuel chaque fois qu’une personne détient un titre légal ou enregistré sur un actif au profit du « véritable propriétaire » – un arrangement connu sous le nom de « simple fiducie ». L’idée est de cibler le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme, l’évasion fiscale et d’autres crimes financiers : les règles frappent plutôt des Canadiens innocents. Jamais dans l’histoire de la fiscalité canadienne un objectif n’a été autant manqué.
Voici un exemple : Votre fille de 16 ans souhaite acheter un téléphone portable : elle est étudiante et travaille à temps partiel. Vous signez le contrat en son nom. Devinez quoi? Vous êtes désormais le fiduciaire d’une simple fiducie propriétaire du téléphone portable. Vous devez donc produire une déclaration de fiducie 2023 au plus tard le 2 avril et divulguer l’arrangement. Si vous ne le faites pas, vous avez contrevenu à la loi et vous vous exposez à des sanctions.
Mais il y a sûrement des exceptions, il faut y penser. Et oui, il existe une exception si un arrangement porte sur des actifs d’une valeur maximale de 50 000 $. Mais l’exonération ne s’applique que si les actifs de la fiducie sont de l’argent, des titres cotés ou des dettes gouvernementales : s’il existe ne serait-ce qu’un centime d’autres actifs, tels que des téléphones portables ou d’autres objets familiaux, un dépôt est requis.
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La portée législative s’étend bien au-delà des téléphones portables. Les personnes concernées par les nouvelles règles comprennent : les parents qui ajoutent leur nom au titre légal de la maison de leur enfant pour aider à obtenir un prêt hypothécaire ; un enfant titulaire d’un titre légal au domicile d’un parent âgé pour résoudre des problèmes d’homologation ou de planification successorale ; et un grand-parent qui ouvre un compte bancaire ou de courtage « en fiducie » pour financer les études futures d’un petit-enfant.
Que faire face à une législation aussi atroce ? C’est là que l’ARC entre en jeu. Elle devrait ignorer la loi — et c’est précisément ce qu’elle a l’intention de faire.
Il y a une pénalité de 25 $ par jour pour une déclaration de fiducie produite en retard, jusqu’à un maximum de 2 500 $. L’ARC a annoncé qu’elle ignorerait cette pénalité pour les simples fiducies pendant la première année, sauf en cas de négligence grave.
De plus, si une simple fiducie omet de produire une déclaration sciemment ou en raison d’une négligence grave, une deuxième pénalité égale à 2 500 $ ou à cinq pour cent de la valeur la plus élevée des biens en fiducie détenus au cours de l’année, selon la valeur la plus élevée, s’applique. Dans ce cas-ci, l’ARC n’ignore pas complètement la loi : elle a annoncé qu’elle n’appliquerait la pénalité que « dans les cas les plus flagrants » et sous réserve de la surveillance du siège social de l’ARC.
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De nombreuses autres concessions de l’ARC sont inévitables à venir, et la plupart s’appliqueront, non pas avec une annonce, mais avec un clin d’œil ou un signe de tête compris uniquement par les fiscalistes. Aucun parent ne déclarera jamais une simple fiducie détenant un titre légal sur des actifs tels que des téléphones portables ou d’autres biens familiaux et l’ARC fermera presque certainement les yeux sur de tels arrangements également. Il reste également à voir si et dans quelle mesure les règles seront respectées – ou appliquées – lorsqu’une personne détient un titre légal sur le domicile d’un membre de sa famille.
Bref, les nouvelles règles créent une nouvelle catégorie de fraudeurs fiscaux — des centaines de milliers de Canadiens innocents — et obligent l’ARC à appliquer la loi de manière sélective. Et qu’en est-il de la véritable cible de la nouvelle loi, les véritables criminels financiers ? L’idée qu’ils déclarent eux-mêmes les arrangements qui soutiennent leurs activités criminelles est risible.
L’expression « la loi est un âne » est souvent attribuée à M. Bumble dans le classique de Dickens, Oliver Twist. Informé que la loi le présume responsable des indiscrétions de son épouse dominatrice, Bumble répond : « Si la loi suppose cela, la loi est un âne. » Cette expression n’a jamais été aussi appropriée qu’ici.
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Allan Lanthier, associé retraité d’un cabinet comptable international, a été conseiller auprès du ministère des Finances et de l’Agence du revenu du Canada.
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