Se concentrer uniquement sur la croissance des prix d’une année sur l’autre peut être aussi trompeur que de ne regarder que les chiffres d’un mois
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Les chiffres de l’inflation de la semaine dernière pour juillet ont donné matière à réflexion à ceux d’entre nous qui analysent les perspectives des prix. Le chiffre de l’inflation globale, qui mesure l’augmentation des prix au cours des 12 derniers mois, a atteint un taux indiscipliné de 7,6 %, tandis que le chiffre de l’inflation d’un mois à l’autre s’est établi à un bien meilleur comportement de 0,13 %, ce qui équivaut à à un taux annualisé de 1,6 %, ce qui est inférieur à la cible de 2 % de la Banque du Canada.
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La variation de juin à juillet a été principalement due à une baisse des prix de l’énergie, qui peut ou non se répéter et pourrait facilement être inversée si la guerre russo-ukrainienne ou d’autres conditions internationales s’aggravent. Les gens comprennent que les prix de l’énergie montent et descendent. Mais le résultat de juillet souligne l’importance de regarder au-delà du chiffre de l’inflation globale d’une année sur l’autre, avec son inertie intégrée.
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La flambée d’inflation actuelle a véritablement commencé en avril 2021, lorsque l’inflation globale a dépassé le sommet de la fourchette cible de la Banque du Canada (1 à 3 %) pour la première fois de ce cycle économique. Il y est resté depuis. En mars, presque un an plus tard, la banque a entamé son cycle de resserrement pour faire reculer l’inflation, augmentant son taux directeur (le «taux au jour le jour») de 225 points de base en seulement cinq mois. Ce taux se situe maintenant à 2,5 %, en plein milieu de la « fourchette neutre » estimée par la banque — c’est-à-dire ce qui est approprié pour une économie fonctionnant à son plein potentiel de production et avec une inflation solidement sur la cible.
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L’économie répond à la politique monétaire avec, selon la terminologie habituelle de ses praticiens, un « décalage long et variable ». Que le décalage soit variable soulève de nombreuses possibilités, mais il serait très surprenant pour nous que le résultat mensuel de juillet persiste. Cela signifierait en effet que l’atterrissage en douceur tant espéré a déjà été réalisé — seulement six mois après les premières tentatives de resserrement de la Banque du Canada.
Mais même si l’inflation d’un mois à l’autre restait dans les limites de l’objectif de la banque de 0,17 % par mois (ou 2 % par an), il y a le problème que les chiffres d’une année sur l’autre sur lesquels les gros titres se concentrent ne seront pas entièrement refléter cela pendant encore 12 mois.
Supposons qu’en ce mois d’août il n’y ait absolument aucun changement de prix par rapport à juillet. (Nous le saurons le 20 septembre, lors de la prochaine publication des chiffres par StatCan.) Si tel est le cas, le taux d’inflation d’un mois à l’autre sera de zéro, ce qui serait une très bonne nouvelle : l’inflation aura été totalement maîtrisée. Mais l’augmentation globale des prix d’une année sur l’autre de dernière Août jusqu’à ce mois d’août serait encore grand. Pourquoi? Il inclurait l’augmentation de 7,4 % des prix entre août dernier et juillet.
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Même si – ce que nous ne prévoyons pas – le taux d’inflation d’un mois à l’autre restait à zéro à partir de maintenant, le taux d’une année sur l’autre ne reviendrait pas à 2 % avant mai de l’année prochaine. Cela signifierait neuf mois de mauvaises manchettes sur l’inflation supérieure à la cible de la Banque du Canada, même si l’inflation aurait été stoppée net à partir de ce mois-ci.
L’inflation d’une année sur l’autre n’est pas ancien l’histoire. Mais la plupart est l’histoire. C’est une vieille nouvelle du 11/12 : les changements de prix qui ont eu lieu jusqu’à il y a un an et que nous connaissons depuis (en moyenne) six mois. Ce qui est nouveau dans les chiffres, c’est le changement d’un mois à l’autre.
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Bien sûr, l’inflation d’un mois à l’autre peut être très volatile, de sorte que les projections de l’inflation future basées sur le seul chiffre d’un mois seront sujettes à beaucoup d’incertitude. En particulier, le chiffre de juillet est largement dû à une baisse des prix de l’énergie. Si l’on exclut l’énergie, le taux d’inflation d’un mois à l’autre était de 0,68 %, ce qui correspond à un objectif toujours bien supérieur à 8,5 % annualisé.
Alors, que nous reste-t-il ? Premièrement, un bon chiffre d’un mois à l’autre ne signifie pas encore que la politique monétaire a commencé à peser sur l’économie canadienne. Les ralentissements ou retournements de prix devront être plus larges que dans le seul secteur de l’énergie. D’un autre côté, compte tenu de toute l’inertie de l’inflation globale et du fait que le taux au jour le jour se situe désormais dans une fourchette neutre, se concentrer uniquement sur la croissance des prix d’une année sur l’autre peut être aussi trompeur que de ne regarder que les chiffres d’un mois.
D’autres hausses de taux d’intérêt sont probablement à venir. Leur nombre et leur hauteur dépendront du moment où nous commencerons à voir des baisses d’un mois à l’autre dans une gamme de prix plus large.
Steve Ambler, professeur d’économie à l’Université du Québec à Montréal, est titulaire de la Chaire David Dodge en politique monétaire à l’Institut CD Howe, où Jeremy Kronick est directeur de la recherche sur les services monétaires et financiers.