Opinion : Le nouveau plan « d’efficacité énergétique » d’Ottawa augmentera les coûts des nouvelles maisons de 8 %

C’est une mauvaise décision au mauvais moment et devrait être annulée.

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Si vous pensiez que le logement au Canada était déjà cher, enfouie dans le Plan de réduction des émissions (PRE) du gouvernement Trudeau se trouve une disposition peu remarquée qui augmenterait encore plus le coût de construction de nouvelles maisons. À la page 201 de l’ERP, au bas d’un tableau répertoriant les révisions proposées du code du bâtiment, se trouve une exigence étonnante : « Augmenter l’efficacité énergétique de telle sorte que les nouveaux bâtiments (résidentiels) consomment 61 % d’énergie en moins d’ici 2025 et 65 % d’énergie en moins d’ici 2030 par rapport à 2019. » Une proposition complémentaire exige que les bâtiments commerciaux atteignent un objectif de 47 pour cent d’ici 2025 et de 59 pour cent d’ici 2030, par rapport à 2019.

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Une réduction de 65 pour cent de la consommation d’énergie par rapport à 2019 constitue un obstacle extraordinaire à la construction de nouvelles maisons. Il serait déjà assez difficile de rendre les nouvelles maisons canadiennes 65 pour cent plus efficaces que celles construites en 1919 ! Mais en 2019, les nouvelles maisons étaient déjà très économes en énergie, donc essayer d’obtenir 65 % supplémentaires de gains d’efficacité coûtera très cher.

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Combien exactement ? Dans un nouveau étude publié par l’Institut Fraser, j’utilise les estimations de l’Association canadienne des constructeurs d’habitations sur les augmentations de coûts liées à la construction de nouvelles maisons pour de nombreux types de gains d’efficacité énergétique. En compilant ces chiffres, j’ai estimé qu’atteindre l’objectif de 65 pour cent augmenterait les coûts de construction à travers le pays de 8,3 pour cent (en moyenne). Les coûts de construction de nouvelles maisons varient à travers le pays. J’estime que l’augmentation sera de 22 000 $ à 35 000 $ dans le Canada atlantique et dans les Prairies, de 38 000 $ au Québec et de plus de 70 000 $ en Ontario et en Colombie-Britannique, ce qui donnera une moyenne nationale d’environ 55 000 $ par maison.

En utilisant un modèle macro de l’économie canadienne, j’estime en outre que ces augmentations des coûts de construction résidentielle (et commerciale) entraîneront une baisse appréciable du PIB national (1,8 pour cent à partir de 2030) et une baisse de 6,8 pour cent de l’activité de construction. à partir de 2030 par rapport au scénario de référence sans politique. À une époque où nous avons besoin que « tout le monde soit sur le pont » dans le secteur de la construction résidentielle, nous pourrions plutôt assister à plus de 80 000 pertes d’emplois liées à la construction et à un exode des capitaux du secteur.

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Mais au moins nous réduirons les gaz à effet de serre, n’est-ce pas ? Pas vraiment. Il existe de nombreuses preuves dans la littérature économique que les mandats d’efficacité énergétique ont peu d’impact sur les émissions et ont un coût relativement élevé. Oui, ils permettent de réduire le coût, par exemple, du chauffage ou de l’éclairage de votre maison. Mais les gens réagissent en partie à ce changement en utilisant davantage de chaleur et de lumière. Il s’agit de ce que l’on appelle l’effet rebond qui, à long terme, selon les données disponibles, annule pratiquement tous les gains initiaux résultant de règles plus strictes en matière d’efficacité énergétique. Mais même si je suppose un faible effet rebond dans le modèle macroéconomique, les réductions d’émissions ne seront que d’environ 1 pour cent d’ici 2030. Étant donné que le PIB se contracte de près de deux pour cent, l’intensité des émissions de l’économie canadienne augmente. Et les réductions d’émissions que nous obtenons coûtent environ 50 fois plus par tonne que le taux de taxe carbone proposé. Ajouter des réglementations comme celle-ci en plus d’une taxe carbone détruit l’efficacité économique de l’instrument de tarification des émissions.

Mais les ménages ne bénéficieront-ils pas des améliorations obligatoires en matière d’efficacité énergétique ? Non, c’est une idée fausse courante. Les personnes qui possèdent ou achètent une maison ont déjà la possibilité d’investir dans des améliorations éconergétiques – et elles le font, jusqu’à un certain point. Mais au-delà de cela, les fonctionnalités supplémentaires valent moins pour eux que les autres choses qu’ils peuvent acheter. Certains analystes de l’énergie supposent que les ménages sont en fait trop stupides pour savoir comment dépenser leur propre argent, de sorte que les réglementations qui les obligent à surinvestir dans l’amélioration de l’efficacité leur permettront d’améliorer leur situation. Comme je l’explique dans mon étude, ce point de vue est rejeté dans la littérature économique à la fois en principe et sur la base de l’analyse des bénéfices des programmes gouvernementaux d’efficacité énergétique.

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Le Canada est confronté à une crise du logement d’une ampleur historique. Les jeunes et les nouveaux arrivants, même ceux qui ont un emploi décent et des économies substantielles, ont été exclus du marché du logement et se retrouvent confrontés à un avenir sans espoir réaliste d’accéder à la propriété. Nous devons nous concentrer sur la manière de résoudre cette crise, en partie en réduisant le coût de la construction de nouvelles maisons. Les exigences radicales en matière d’efficacité énergétique du plan fédéral de réduction des émissions auront l’effet inverse tout en n’apportant pratiquement aucun avantage environnemental. C’est une mauvaise décision au mauvais moment et elle devrait être annulée.

Ross McKitrick, professeur d’économie à l’Université de Guelph, est chercheur principal à l’Institut Fraser.

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