C’est le contraire d’une « urgence » ou d’une « crise »
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De Ross McKitrick
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Le directeur parlementaire du budget (DPB) a récemment publié un rapport sur les effets des émissions de gaz à effet de serre sur la croissance du PIB canadien au cours des 80 prochaines années. J’ai déjà écrit sur la littérature économique récente étudiant le lien (ou son absence) entre le réchauffement climatique et la croissance économique. C’est un sujet passionnant et j’y travaille activement avec un de nos doctorants depuis plusieurs années. Bien que je puisse ergoter sur certains aspects du rapport du directeur parlementaire du budget, les conclusions générales ne sont pas en contradiction avec la pensée dominante sur le sujet. C’est pourquoi les résultats sont si étonnants et radicaux par rapport à ce que le gouvernement a dit.
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Le directeur parlementaire du budget a estimé ce qui arriverait à l’économie canadienne d’ici 2100 si les températures et les précipitations changeaient comme prévu en raison des gaz à effet de serre. Les auteurs du rapport envisagent deux scénarios – premièrement, si les politiques de réduction des émissions stagnent aux niveaux actuels et que personne ne respecte leurs engagements de Paris et, deuxièmement, si les pays respectent tous leurs engagements de Paris dans leur intégralité et à temps. Selon le premier scénario, le PIB du Canada en 2100 sera inférieur de 6,6 % à ce qu’il serait autrement.
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Arrêtons-nous un instant : 6,6 % après 80 ans, c’est un très petit nombre. Le Canada a établi des plans de croissance économique ambitieux fondés sur des niveaux élevés d’immigration et des efforts continus pour accroître la productivité et les revenus. Supposons que cela se traduise par une croissance du PIB réel de 2 % de 2021 à 2100. Cela signifierait que l’économie du Canada connaîtra une croissance de 388 % au cours de ces 80 années. Selon le directeur parlementaire du budget, si nous ne faisons rien contre le réchauffement climatique, il augmentera plutôt d’environ 381 %.
En d’autres termes, le DPB prévoit que l’impact des changements climatiques sera faible par rapport à d’autres facteurs, notamment les changements démographiques, la technologie et de nombreux autres aspects du développement socioéconomique. Où ai-je déjà entendu ça ?
Dans le 5e rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies, publié en 2013, c’est là. Dans le volume du groupe de travail II, chapitre 10, le rapport conclut : « Pour la plupart des secteurs économiques, l’impact du changement climatique sera faible par rapport aux impacts des autres facteurs. Les changements dans la population, l’âge, le revenu, la technologie, les prix relatifs, le mode de vie, la réglementation, la gouvernance et de nombreux autres aspects du développement socio-économique auront un impact sur l’offre et la demande de biens et services économiques qui est important par rapport à l’impact du changement climatique .”
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Oui, tu l’as bien lu. Le GIEC a conclu, il n’y a pas si longtemps, que même si les gaz à effet de serre ont réchauffé le climat et continueront de le faire, les effets seront faibles par rapport à pratiquement tous les autres facteurs de changement au cours du siècle à venir. C’est le contraire d’une « urgence » ou d’une « crise ».
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Ensuite, le DPB a demandé ce qui changerait si tout le monde atteignait ses objectifs parisiens. Au lieu d’être 6,6 % plus petite en 2100, elle estime que l’économie sera 5,8 % plus petite. En d’autres termes, l’avantage attribuable à l’agenda de Paris est que l’économie sera plus grande de 0,8 % dans 80 ans. C’est une minuscule différence.
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Et nous devons nous demander : et si les politiques coûtaient plus de 0,8 % du PIB ? Nous pouvons être absolument certains qu’ils le feront. Dans un étude Elmira Aliakbari et moi-même avons co-écrit l’année dernière pour le Fraser Institute, nous avons montré que la seule taxe carbone, qui ne suffira pas à nous amener à l’objectif de Paris, entraînera une contraction du PIB d’au moins le double d’ici 2030. Notre PIB les estimations des pertes étaient conformes à de nombreuses autres études réalisées à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement pour des réductions d’émissions de taille comparable dans le cadre du protocole de Kyoto il y a 20 ans.
Le directeur parlementaire du budget, sur la base des conseils d’Environnement et Changement climatique Canada, le ministère fédéral responsable, a travaillé sur l’hypothèse que le Canada se réchauffera (en moyenne) de 2,5 degrés Celsius par rapport à aujourd’hui. Je pense que c’est une surestimation mais, comme avant, supposons que c’est vrai. Son analyse indique que le résultat sera que l’économie du Canada croît (en moyenne) non pas de 2,0 % par année, mais de 1,983 % par année, une différence inférieure à une erreur d’arrondi dans les comptes économiques nationaux. Et si nous encourons les coûts énormes pour nous conformer à Paris, l’avantage économique sera que nous aurons une croissance moyenne de 1,986 % au lieu de cela, trois mille pour cent de plus. Au prix de politiques qui réduiront davantage notre taux de croissance.
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L’un des jargons ennuyeux qui circulent dans les cercles de la politique climatique est l’expression « le coût de l’inaction ». Comme dans « nous devons faire quelque chose, ne rien faire n’est pas une option, le coût de l’inaction est trop important ». Le coût de l’inaction est le bénéfice perdu de l’action, et selon le directeur parlementaire du budget, il n’est pas élevé du tout. En fait, c’est minuscule. Parce que par rapport à tout ce à quoi nous allons faire face au cours de ce siècle, les impacts du changement climatique seront faibles. C’est la conclusion radicale mais correcte des experts du GIEC et du DPB. Il est temps que les chefs de gouvernement commencent à y prêter attention.
Ross McKitrick est professeur d’économie à l’Université de Guelph et chercheur principal au Fraser Institute.