Opinion : Le Canada a besoin d’une renaissance de l’histoire populaire

L’histoire populaire déforme les preuves réelles pour produire un groupe de méchants âgés destinés à être censurés et supprimés.

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Les fantômes du passé du Canada sont tout autour de nous. Ils vivent le long des canyons du fleuve Fraser, où des ouvriers ont construit un chemin de fer à travers les montagnes. Ils hantent les couloirs des édifices du Parlement à Ottawa, les remparts du Fort York et les plaines au-dessus du précipice à bisons Head-Smashed-In. C’est mon travail en tant qu’historien populaire de redonner vie à ces fantômes.

En actualisant continuellement notre passé, l’histoire populaire joue un rôle important dans l’éducation d’un pays sur lui-même. Toutefois, dernièrement, il semble que les Canadiens préfèrent fuir leur passé plutôt que d’en apprendre davantage. À mon avis, la raison en est que mon genre préféré d’histoire populaire est en retrait.

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L’histoire populaire a trois fonctions principales dans notre société. La première consiste à rendre l’histoire accessible au lecteur commun en racontant des histoires vivantes et engageantes sur les personnes qui nous ont précédés. Quand je lis un article de journal décrivant un coucher de soleil qui a fait qu’un voyageur se sentait seul ou perdu dans un vaste paysage étranger, je l’inscris. Quand je tombe sur la description du goût de la mouffette rôtie, cela entre aussi. (Selon James Carnegie, comte de Southesk, visiteur du milieu du XIXe siècle, il a le goût de « cochon de lait : très blanc, mou et gras. ») L’histoire populaire s’efforce de redonner vie aux vieilles histoires pour attirer de nouveaux lecteurs.

Deuxièmement, l’histoire populaire place ces histoires et ces personnages intéressants dans leur contexte historique afin que nous puissions mieux les comprendre. Le monde du passé était un endroit radicalement différent et les gens qui l’habitaient avaient des valeurs, des influences et des technologies différentes de celles qui guident nos décisions aujourd’hui. À l’époque de la Confédération, par exemple, il n’y avait pratiquement pas de routes au Canada, ni d’électricité ni de téléphone. L’Ontario était essentiellement rural, avec des agriculteurs peu instruits vivant dans des fermes isolées ; les prairies étaient le domaine de nations autochtones en grande partie nomades. Pourtant, ceux qui ont ouvert notre pays étaient souvent animés par la même ambition de repousser les limites (et de devenir riche !) que les développeurs de logiciels et les scientifiques d’aujourd’hui.

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Rendre les faits du passé facilement accessibles et les placer dans leur contexte approprié rend possible le troisième rôle du genre, et sans doute le plus important : la création d’un ensemble commun de connaissances qui éclaire notre identité collective. Les générations précédentes d’historiens populaires, dont Pierre Berton et Peter C. Newman, ont célébré les réalisations et la résilience des premiers Canadiens, favorisant ainsi un sentiment de fierté et d’unité nationales. Partager largement ces histoires a permis aux lecteurs contemporains de se voir dans les actions de leurs ancêtres, même si ces anciennes versions de notre histoire ignoraient certains aspects cruciaux de l’expérience canadienne, comme la perspective autochtone.

Mais nous perdons désormais notre lien avec le passé. Notre récit national actuel soutient que les colons canadiens étaient – ​​universellement – ​​des voleurs méprisables et racistes qui cherchaient à l’extinction des peuples autochtones et faisaient preuve de discrimination à l’égard des populations vulnérables chaque fois qu’ils le pouvaient. Le résultat extérieur de ce nouveau récit de dégoût de soi peut être vu dans la vague de changements de nom, retraits de statues, purges de musées, initiatives de « décolonisation » et divers autres efforts pour répudier notre passé.

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Ces nouveaux récits échouent en tant qu’histoire réelle parce qu’ils manquent de fondement factuel. L’histoire populaire est devenue largement « factuelle ». Un exemple troublant est la confusion persistante des eaux provoquée par la Société Radio-Canada sur la question de savoir si la Compagnie de la Baie d’Hudson délibérément distribué des couvertures infestées de variole aux peuples autochtones. Présenter les deux côtés de ce « débat » donne la fausse impression qu’il existe des preuves pour étayer une telle affirmation. Il n’y a pas. En fait, la CBH compté sur les peuples autochtones, et aucune entreprise n’assassine délibérément ses clients, ses employés ou leurs familles. Une approche plus sérieuse de la part de CBC expliquerait comment l’entreprise accorde souvent aide et crédit pour soutenir les sociétés autochtones pendant les épidémies.

Diffamer des personnages historiques sans tenir compte de l’ensemble de leurs actions et du contexte de leur époque est également un très mauvais service. Par exemple, rejeter la responsabilité de l’ensemble des pensionnats indiens du Canada sur Sir John A. Macdonald, c’est ignorer le fait qu’il était mort avant qu’ils ne soient massivement agrandis et placés sous l’autorité de l’Église. Il en va de même pour les nombreux autres rebuts de l’histoire canadienne : Mgr Vital Grandin, Hector-Louis Langevin, homme politique de la Confédération québécoise, Edward Cornwallis, fondateur d’Halifax, Egerton Ryerson, éducateur ontarien et ainsi de suite. Tous avaient leurs défauts, tout comme les dirigeants d’aujourd’hui. Mais un examen honnête des faits de leur vie révèle qu’aucun d’entre eux n’était si imparfait qu’il mérite d’être purgé de la vue du public.

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Cela ne veut pas dire que l’histoire doit rester statique ou que les histoires de notre passé ne peuvent jamais être révisées ou revisitées. Tant que l’exactitude et les faits restent la base de ces révisions, elles améliorent et élargissent notre compréhension du passé. Mais revisiter l’histoire nécessite une évaluation équilibrée, juxtaposant les actions douteuses au bien accompli dans le passé. Cela signifie considérer les personnages historiques comme des individus complexes façonnés par leur époque, tout comme nous le sommes par la nôtre. Fabriquer une version unidimensionnelle de l’histoire pour s’aligner sur les idéologies contemporaines constitue non seulement une faute historique, mais aussi un mauvais service rendu aux millions de Canadiens qui ont vécu tranquillement leur vie dans le contexte de ces histoires plus vastes. Et cela nous laisse sans aucune compréhension collective de notre passé, faisant de nous une société sans gouvernail qui ne connaît aucun terrain d’entente et ne partage aucune croyance commune.

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Le Canada a de nombreuses raisons de célébrer. Et nous devrions le faire plus souvent. Nous devons également examiner nos erreurs de manière honnête afin de mieux comprendre comment et pourquoi elles se sont produites et garantir qu’elles ne se reproduisent plus. L’histoire populaire qui déforme les preuves réelles pour produire un groupe de méchants âgés destinés à être censurés et supprimés ne fera pas du Canada un meilleur endroit où vivre aujourd’hui. Juste plus vide. Et une terre sans fantômes ne peut jamais vraiment être vivante.

Stephen R. Bown est l’auteur de L’entreprise : l’essor et la chute de l’empire de la Baie d’Hudson (lauréat du National Business Book Award 2021) et le récemment publié Dominion : le chemin de fer et l’essor du Canada. Une version plus longue de cet article est parue pour la première fois dans Revue C2C.

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