Opinion : La taxe sur les services numériques ne vaut pas une guerre commerciale avec les États-Unis

L’heure d’été compliquerait les relations économiques entre le Canada et les États-Unis, dans le meilleur des cas ; maintenant c’est potentiellement ruineux

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Par Perrin Beatty et Steve Suarez

En menaçant d’imposer une taxe sur les services numériques (DST), Ottawa semble déterminé à déclencher une guerre commerciale avec les États-Unis. Le Canada a la chance de bénéficier à la fois de sa proximité et du libre-échange avec la plus grande économie mondiale, surtout à une époque où les États-Unis se rapprochent de leurs partenaires commerciaux les plus fiables. Pourtant, nous semblons prêts à dilapider cet avantage pour imposer une taxe que les États-Unis trouvent particulièrement irritante.

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Les taxes sur les services numériques sont une réponse au fait que les systèmes fiscaux ne suivent pas l’ampleur et l’importance devenues de ces services dans les économies modernes. Annoncée pour la première fois en 2021, la DST du Canada entrera en vigueur en 2024, mais elle sera rétroactive à 2022 à moins qu’un accord élaboré par l’OCDE entre plus de 140 pays visant à réattribuer les droits d’imposition aux juridictions où les entreprises réalisent leurs bénéfices ne soit ratifié d’ici la fin. de cette année, ce qui n’arrivera pas.

La TVD du Canada s’applique uniquement aux entités dont les revenus annuels mondiaux sont de 750 millions d’euros ou plus, dont au moins 20 millions de dollars constituent des revenus « visés » provenant du Canada. « Dans le champ d’application » désigne les revenus provenant de : la fourniture de services de marché et de publicité en ligne, la gestion d’une plate-forme de médias sociaux ou la vente ou l’octroi de licences de données utilisateur liées. La taxe est de 3 pour cent sur les revenus supérieurs à 20 millions de dollars. En pratique, la DST du Canada s’appliquerait principalement aux géants américains de la technologie, tels que Meta, Walmart et Amazon.

Les États-Unis s’opposent – ​​fermement – ​​aux DST, les considérant comme ciblant injustement leurs multinationales. La question de savoir si c’est le cas de notre part peut être débattue, mais ce qui est incontestable, c’est que Washington le perçoit comme un droit de facto imposé aux géants américains de la technologie. De plus, les entreprises américaines concernées souhaitent, à juste titre, que leur gouvernement réduise leur impôt sur le revenu du montant de la TVD canadienne, ce qui signifie que le Trésor américain supporterait une partie du coût, ce que Washington ne souhaite pas qu’il fasse. Qui plus est, les taxes appliquées rétroactivement sont rares et largement détestées.

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Même si le Canada n’est pas le seul à envisager une DST, notre situation est unique. Notre dépendance à l’égard du commerce américain nous rend particulièrement vulnérables aux représailles. Notre participation au libre-échange nord-américain entre également en ligne de compte. Washington aurait de solides raisons de prendre des mesures de rétorsion commerciale, au motif que les entreprises basées aux États-Unis seraient victimes de discrimination. En effet, les règles de l’OMC interdisent aux membres de mettre en œuvre des mesures qui entraînent une discrimination de facto, même lorsque ces mesures prévoient un traitement « formellement identique ».

Il y a aussi le problème que nous avons rejeté un moratoire de juillet sur les DST que pas moins de 138 autres pays ont accepté, ce qui fait de nous une exception flagrante sur cette question.

Que devrait faire le Canada? Au minimum, nous devrions adhérer au moratoire pour donner plus de temps aux négociations pour réussir et préserver le consensus fiscal international. L’ambassadeur des États-Unis au Canada a récemment déclaré que tout ce que les États-Unis souhaitaient, c’était « un an ou deux supplémentaires pour essayer de mettre en place le cadre de l’OCDE ». Nous devrions également envisager d’éliminer la rétroactivité de l’heure d’été et/ou de la repenser de manière à ne pas violer nos obligations en Amérique du Nord et dans le cadre de l’OMC.

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En bout de ligne ? Nous devons reconnaître que les représailles commerciales américaines contre le Canada ont recueilli un large soutien bipartisan à Washington, ce qui est très rare dans le climat politique actuel. Étant donné que les mesures commerciales compensatoires ne nécessitent aucun processus décisionnel d’un tribunal, les États-Unis sont essentiellement prêts à riposter à tout moment. L’action contre nous sera donc unilatérale, rapide et ciblée, à hauteur d’un montant bien supérieur aux 7 milliards de dollars de revenus que la DST est susceptible de générer au cours de ses cinq premières années.

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Les Américains ont en jeu bien plus de 7 milliards de dollars dans leur lutte contre les DST centrées sur les États-Unis dans le monde entier. Ottawa serait bien avisé de se joindre au reste du monde, de retarder la mise en œuvre de l’impôt sur le revenu et de laisser aux négociations fiscales de l’OCDE le temps dont elles ont besoin pour se terminer. L’heure d’été compliquerait les relations économiques entre le Canada et les États-Unis, dans le meilleur des cas. maintenant, c’est potentiellement ruineux. Ce n’est pas une colline sur laquelle le Canada devrait choisir de mourir.

Perrin Beatty est président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Canada. Steve Suarez, associé chez Borden Ladner Gervais LLP, est coprésident du comité d’économie et de fiscalité de la Chambre.

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