jeudi, décembre 26, 2024

Opinion : la régulation financière doit être constamment revue

Les règles qui deviennent obsolètes constituent un problème. Mais de nombreuses nouvelles règles sont adoptées sans qu’il soit prouvé que leurs avantages dépassent leurs coûts souvent substantiels.

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La réglementation est un élément important du paysage financier canadien. Mais pour garantir que les règles soutiennent un cadre réglementaire financier efficace et efficient, les organismes de réglementation doivent être des « jardiniers constants ».

Le Canada compte 44 organismes de réglementation financière fédéraux et provinciaux différents et, comme notre récent rapport analyse pour l’analyse de l’Institut CD Howe Les résultats de l’enquête montrent que le nombre de mots contenus dans les diverses règles et obligations augmente considérablement d’année en année. Les règles sont principalement axées sur la réduction des risques et la protection des consommateurs. Elles accordent beaucoup moins d’attention à l’efficience du marché, à l’innovation et à la croissance, bien que ces deux éléments soient au moins aussi importants dans l’ensemble. Nos recherches montrent que l’équilibre est de près de cinq contre un : 85 % des initiatives visent principalement la protection des risques et des consommateurs, tandis que seulement 18 % favorisent explicitement l’efficience et la croissance. Les chiffres suggèrent que l’« équilibre » pourrait en fait être déséquilibré et qu’une plus grande attention doit être accordée à la croissance et à l’efficience.

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Le « jardinier » réglementaire doit constamment relever le défi de fixer des règles qui garantissent la stabilité financière, l’intégrité des marchés et la protection des consommateurs sans étouffer la concurrence et l’innovation. Les régulateurs doivent constamment tailler leur jardin, éliminer les règles « inutiles » pour garantir que les réglementations sont proportionnées aux problèmes qu’elles visent à résoudre.

Malheureusement, les organismes canadiens de réglementation financière n’ont pas toujours démontré que les solutions qu’ils ont choisies produiront des avantages nets pour les marchés financiers et les consommateurs. Ils parviennent généralement à identifier les risques et les défaillances du marché et à les utiliser pour justifier les objectifs de leurs réglementations. Mais ils ne parviennent souvent pas à démontrer que les avantages des nouvelles réglementations proposées dépassent leurs coûts.

Ces coûts sont bien connus. Ils comprennent : les coûts directs et indirects supportés par les pouvoirs publics pour élaborer et faire appliquer les règles ; les coûts supportés par les sociétés financières pour se conformer à ces règles, notamment en augmentant le nombre de leurs employés, en les formant davantage, en collectant davantage de données, en exigeant davantage de rapports et en apportant des changements non superficiels, parfois perturbateurs, aux systèmes internes. Les avantages de la réglementation doivent être comparés à ces coûts, qui peuvent être considérables en termes de pertes d’opportunités de financement de nouvelles entreprises, de produits financiers et de marchés innovants.

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Pour attirer les investissements, les petits marchés financiers ouverts comme celui du Canada doivent offrir un cadre réglementaire rationalisé, qui favorise l’innovation et assure l’intégrité du marché. Les filiales canadiennes de sociétés financières mondiales doivent pouvoir faire valoir leur présence au Canada. Les règles inutiles qui entravent la croissance ne sont d’aucune aide. Le Canada a de nombreux avantages, mais sa croissance de la productivité est la plus faible de l’OCDE. Il faut de plus en plus convaincre les gens d’investir ici.

Les initiatives visant à réduire les formalités administratives visent généralement à éliminer les règles devenues superflues ou obsolètes en raison de l’évolution des activités, des technologies ou des marchés. Les formalités administratives sont souvent faciles à identifier et les régulateurs y parviennent de temps à autre. Mais le plus gros problème est la réglementation inutile – des règles qui répondent à une hypothèse non prouvée concernant un problème de marché. On peut citer comme exemples les propositions visant à réglementer la culture des sociétés financières, les propositions de fonds d’investissement de détail à capital variable pour gérer le risque de stabilité financière et les propositions d’amendements à la Loi sur la concurrence qui imposeront aux entreprises de démontrer leur conformité à des normes internationales encore indéfinies en matière de déclarations environnementales. Toutes ces solutions réglementaires sont à la recherche de problèmes. Elles ont des coûts importants et peu d’avantages identifiables. Elles sont au mieux inutiles et peuvent très bien être néfastes.

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Comment les régulateurs peuvent-ils s’assurer que les avantages d’une réglementation dépassent ses coûts ? Nous proposons deux stratégies qui se complètent mutuellement.

Premièrement, il faut adopter de bonnes pratiques d’élaboration de politiques, notamment une identification minutieuse du problème, une définition claire des objectifs à atteindre pour y faire face et une analyse coûts-avantages qui démontre de manière convaincante qu’une nouvelle règle ou réglementation constitue la réponse appropriée.

Deuxièmement, il faut évaluer en permanence et de manière approfondie si l’élaboration des règles tient compte des coûts pour les entreprises et l’économie ainsi que de la protection des consommateurs et de la stabilité financière. Pour être juste envers les régulateurs, cette question concerne à la fois eux et les gouvernements qui fixent leurs mandats.

On entend souvent dire qu’une analyse minutieuse augmente à la fois le coût et le temps nécessaires à l’élaboration et à la mise en œuvre de nouvelles règles. Pourtant, une analyse coûts-bénéfices rigoureuse pourrait bien réduire les objections de l’industrie et raccourcir les consultations publiques.

La surréglementation menace la compétitivité des marchés financiers canadiens. Nos travaux suggèrent que les organismes de réglementation peuvent et doivent améliorer leur façon d’évaluer si une nouvelle règle est nécessaire et si elle permet d’équilibrer correctement l’intégrité et l’efficacité du marché.

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Une réglementation efficace améliore les résultats des consommateurs en favorisant une concurrence accrue, un plus grand choix de produits et des prix plus bas. En évaluant en permanence l’équilibre réglementaire, le jardinier réglementaire constant peut créer un cadre réglementaire financier plus propice à la croissance.

Poste Financier

Paul C. Bourque est chercheur principal à l’Institut C.D. Howe. Gherardo Gennaro Caracciolo enseigne à la Beedie School of Business de l’Université Simon Fraser.

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