dimanche, décembre 22, 2024

Opinion : La première pierre de l’assurance-médicaments a été posée, mais où sont les plans et le budget ?

Le système actuel d’assurance médicaments du Canada présente des lacunes qui doivent être comblées, mais nous ne savons presque rien de la manière dont ce régime y parviendra.

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Par Rosalie Wyonch

Les libéraux et le NPD ont conclu un accord sur l’assurance-médicaments : un régime national à payeur unique qui ne couvrira pour l’instant que deux catégories de médicaments : le diabète et les contraceptifs. Le Canada est le seul pays développé doté d’une assurance universelle pour les services hospitaliers et médicaux, mais pas pour les médicaments sur ordonnance. Il est donc logique de couvrir ce troisième pilier du système. Mais il n’est pas encore clair si l’accord permettra d’atteindre cet objectif de manière raisonnable.

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Selon les médias, les négociations reposaient sur deux points principaux : ce qui était inclus et qui payait. Le NPD souhaitait inclure davantage de catégories de médicaments, tandis que les libéraux étaient préoccupés par les coûts. Et même si le NPD a insisté sur un programme national à payeur unique, les libéraux ne se sont jamais engagés en faveur d’un tel programme et aucune information n’a encore été rendue disponible sur les plans de financement de ce programme.

En fin de compte, il semble qu’aucune des deux parties n’ait obtenu ce qu’elle voulait : le plan ne couvrira que les contraceptifs et les médicaments contre le diabète et coûterait un supplément aux contribuables. 800 millions de dollars.

Les gouvernements doivent expliquer aux Canadiens comment ces deux catégories de traitement ont été sélectionnées et comment de nouvelles catégories seront choisies à l’avenir. Il est important d’améliorer l’accès aux médicaments. Mais il en va de même pour les finances fédérales viables. Il faut équilibrer les deux. Et la question de savoir si un traitement est couvert doit être prise en compte, de la manière la plus transparente possible, dans la mesure où il fonctionne, combien de personnes il couvrira, comment leur éligibilité est déterminée et, enfin et surtout, son coût.

Aucun plan ne peut tout couvrir. La gestion du diabète et le contrôle des naissances sont évidemment tous deux importants, mais sont-ils plus importants que les maladies cardiaques, le cancer ou la santé mentale, pour n’en nommer que quelques-uns ? Couvrez un médicament ou un traitement et un autre ne sera pas couvert. Dans les régimes publics en 2021, cinq des médicaments les plus prescrits en termes de dépenses concernaient le diabète. Environ 1,37 milliard de dollars ont aidé 1,52 million de bénéficiaires. En revanche, les 10 principaux médicaments non destinés au diabète, selon le nombre de bénéficiaires, coûtent 1,54 milliard de dollars aux régimes publics d’assurance-médicaments, mais touchent jusqu’à 19,02 millions de bénéficiaires. Les 50 principaux médicaments prescrits aux personnes appartenant au quintile de revenu le plus faible, où les problèmes d’accessibilité financière sont probablement les plus grands, ont généré 1,02 milliard de dollars de dépenses et ont attiré jusqu’à 7,42 millions de bénéficiaires.

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Cela ne veut pas dire que les médicaments contre le diabète et les contraceptifs ne sont pas une bonne chose à couvrir, mais simplement que les mêmes dollars pourraient fournir des traitements différents à différentes populations. Les Canadiens doivent savoir comment les décisions en matière de couverture ont été prises.

Comme le suggèrent les chiffres, les provinces dépensent déjà beaucoup d’argent en assurance médicaments. Dans certains cas, l’argent est déjà destiné à des traitements ciblés pour une couverture nationale. La couverture gouvernementale provinciale et territoriale pour les traitements du diabète varie de zéro à 100 pour cent, selon le revenu familial, l’âge et le type d’équipement et de médicaments utilisés. Les dépenses personnelles varient de 76 $ pour un jeune diabétique de type 2 issu d’un ménage à faible revenu en Alberta à 18 306 $ pour un jeune diabétique de type 1 issu d’un ménage à revenu élevé (> 150 000 $) au Nouveau-Brunswick. Les différences dans la couverture existante signifient qu’un nouveau programme fédéral aura des impacts différents sur l’accès et les finances des ménages à travers le pays. L’égalisation et l’élargissement de l’accès sont une chose positive. Il faut toutefois comprendre les différents impacts selon les populations provinciales et les finances gouvernementales.

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Cela soulève le deuxième principal point de friction des négociations : l’assurance-médicaments doit-elle être un régime fédéral à payeur unique ? Il existe actuellement trois principaux payeurs. Les programmes publics provinciaux de médicaments ont couvert 14,43 millions de bénéficiaires en 2021 et ont dépensé 16,18 milliards de dollars pour cela. Les assurances privées ont payé 13,56 milliards de dollars supplémentaires en médicaments prescrits, tandis que les Canadiens ont payé environ 7,4 milliards de dollars de leur poche. Les médicaments contre le diabète représentent un part importante et croissante des dépenses d’assurance publiques et privées3,3 milliards de dollars en 2021, avec 500 millions de dollars supplémentaires à débourser.

Il n’est pas encore clair si le gouvernement fédéral a l’intention d’assurer directement les Canadiens, créant ainsi un nouveau régime d’assurance et transférant tous les coûts des traitements couverts par les régimes d’assurance publics et privés et par les patients. De nombreuses provinces et compagnies d’assurance privées aimeraient que des milliards de dollars de dépenses annuelles soient retirés de leur budget et de leur passif, mais le gouvernement fédéral dispose d’une marge très limitée pour une telle générosité.

Il est probable que le salaire intégral sera jugé trop cher, compte tenu des seules dépenses actuelles consacrées à la couverture (non universelle) des traitements du diabète et du budget fédéral estimé. Ottawa pourrait offrir une assurance universelle, mais exiger que les provinces couvrent une partie des coûts (surtout si elles offrent déjà une couverture d’assurance pour ces traitements). Des dépenses partagées permettraient d’économiser de l’argent fédéral, mais réduiraient également l’incitation des provinces à participer. Certaines provinces résisteront même si le gouvernement fédéral propose d’en assumer les coûts. Alberta a déjà signalé son intention de se retirer. On ne sait pas non plus comment le système d’assurance universelle public et privé existant au Québec pourrait interagir avec le programme fédéral. La clarté, à la fois sur la manière dont le gouvernement s’attend à ce que les coûts soient partagés (le cas échéant) et sur ce que l’on peut attendre des provinces en retour, réduirait l’incertitude et mènerait à des discussions plus productives axées sur les domaines où les besoins non satisfaits sont les plus grands à travers le pays.

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Les enquêtes révèlent qu’environ un Canadien sur cinq n’ont pas une couverture suffisante, tandis que 27 pour cent ont du mal à couvrir le coût de leurs médicaments. Autre recherche fournit des estimations inférieures des besoins (5,5 pour cent au total) et plus de détails sur les personnes concernées. Les médicaments destinés au traitement de la santé mentale étaient les plus susceptibles d’être ignorés en raison de leur coût, tandis que les femmes, les jeunes adultes, les Autochtones et les personnes à faible revenu étaient les plus susceptibles d’être confrontés à des problèmes d’abordabilité. Canadiens diabétiques sont beaucoup moins susceptibles de demander une couverture d’assurance individuelle et sont plus susceptibles de se voir refuser que ceux qui ne sont pas diabétiques. Il y a donc clairement des lacunes dans le système actuel.

Même si les libéraux et le NPD ont conclu un accord, les problèmes demeurent quant à savoir ce qui est couvert et qui paie. Pour garantir que le régime national d’assurance-médicaments puisse répondre aux besoins non satisfaits des Canadiens, aujourd’hui et à l’avenir, tout nouveau système doit reposer sur une base solide de durabilité financière et de transparence dans la rédaction du formulaire. Même si la première pierre est sur le point d’être posée, nous n’avons pas encore de schéma directeur de ce qui va suivre.

Rosalie Wyonch est analyste politique principale à l’Institut CD Howe.

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