Opinion: La Banque du Canada a raison de ne pas suivre la Fed à la hausse

Les conditions monétaires au Canada sont encore assez restrictives, ce qui signifie que la banque n’a pas besoin d’imiter d’autres hausses de la Fed

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Par Steve Ambler et Jeremy Kronick

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Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, et le conseil de direction de la banque ont maintenu le cap mercredi, laissant leur taux cible du financement à un jour inchangé à 4,5 %. La veille, le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell, s’était montré beaucoup plus belliciste, suffisamment pour convaincre les marchés que l’augmentation de 25 points de base du taux des fonds fédéraux qu’ils attendaient du prochain réglage de la Fed est probablement trop faible.

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Une Fed plus belliciste signifie-t-elle que la Banque du Canada devra également augmenter davantage? Nous ne le pensons pas.

En grande partie, l’argument en faveur de suivre la Fed a à voir avec le taux de change Canada-États-Unis, qui s’est principalement déprécié depuis le début du cycle de resserrement il y a un an, et qui compte pour une banque centrale qui cible l’inflation comme la Banque de Canada.

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Certaines dépréciations ne sont pas un problème. Supposons que le dollar canadien chute par rapport au dollar américain parce que la demande de biens canadiens chute. Si cela se produit, les étrangers ont besoin de moins de dollars canadiens et notre dollar se déprécie — tout comme il s’apprécierait si la demande de biens canadiens augmentait. Dans de tels cas, le taux de change agit comme un amortisseur : une dépréciation rend les biens canadiens moins chers, provoquant un rebond de la demande étrangère. Une appréciation fait le contraire. Quoi qu’il en soit, la politique monétaire n’a pas à réagir et ne devrait probablement pas réagir.

Mais supposons que le dollar canadien baisse par rapport au dollar américain parce que les préférences des investisseurs changent — comme, par exemple, lorsque la nervosité provoque une fuite vers le dollar américain. Ce genre de dépréciation rendra les exportations canadiennes moins chères pour les acheteurs étrangers et les importations plus chères pour les Canadiens. Cela augmente l’inflation ici chez nous et, par conséquent, la banque devra peut-être réagir avec une politique monétaire plus stricte.

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À notre avis, même si la baisse récente du taux de change entre le Canada et les États-Unis est principalement attribuable au rééquilibrage mondial vers le dollar américain — ce qu’on appelle « l’effet de valeur refuge » — et fait un peu grimper l’inflation, les conditions monétaires au Canada demeurent assez restrictif, ce qui signifie que la banque n’a pas besoin d’imiter d’autres hausses de la Fed.

Les taux directeurs réels — calculés en soustrayant l’inflation des taux nominaux — augmentent au Canada, et à un rythme plus rapide qu’aux États-Unis. matière pour l’efficacité de la politique monétaire.

La banque vise 4,5 %, tandis que la fourchette visée par la Fed est de 4,5 à 4,75 %. Mais l’inflation est plus faible au Canada et diminue plus rapidement. L’inflation globale en janvier était de 6,4 % aux États-Unis, comparativement à 5,9 % au Canada. Les taux réels sont toujours négatifs dans les deux pays mais moins négatifs ici. Cependant, ces chiffres d’inflation sont d’une année sur l’autre, ce qui est pour la plupart des informations anciennes. Si l’on considère les taux d’inflation annualisés sur un mois ou sur trois mois, les taux d’intérêt réels passent maintenant en territoire positif. Et, comme l’inflation continue de baisser, le taux directeur réel de la banque continuera d’augmenter même sans nouvelles hausses de taux. En effet, la politique monétaire continuera de se resserrer au Canada.

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Notre autre principale raison de croire que la Banque ne devrait pas suivre la Fed d’un pas cadencé est que l’économie canadienne montre plus de signes de faiblesse que l’économie américaine. La croissance réelle au Canada a stagné au quatrième trimestre, comparativement à un taux de croissance annualisé de 2,7 % aux États-Unis. Cela s’explique en partie par le fait que la banque a commencé à resserrer ses politiques avant la Fed. Comme les billets de banque, ce resserrement a déjà régné sur la croissance des dépenses. Mais comme la politique monétaire opère avec des décalages longs et variables, il est prudent pour la banque de faire une pause et de laisser ses hausses de taux produire leur plein effet avant d’envisager de nouvelles augmentations. Suivre le taux directeur de la Fed à la hausse pourrait facilement faire basculer l’économie canadienne dans la récession et rendre tout ralentissement plus profond et plus durable.

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Le compromis que le gouverneur Macklem et son groupe doivent faire entre resserrer davantage la politique monétaire en réponse à la Fed et permettre une dépréciation à court terme du dollar canadien est un acte de jonglage délicat. Mais à notre avis, avec les taux directeurs réels qui continuent de se resserrer chez nous et de nouveaux signes de faiblesse économique qui apparaissent, nous devrions suivre une autre voie que le président Powell.

Steve Ambler est professeur d’économie à l’Université du Québec à Montréal et titulaire de la chaire David Dodge en politique monétaire à l’Institut CD Howe, où Jeremy Kronick est directeur de la recherche sur les services monétaires et financiers.

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