Opinion : La Banque de l’infrastructure de l’Ontario pourrait faire plus de mal qu’elle n’aide

Le véritable problème d’infrastructure de la province est la pénurie de travailleurs de la construction et de gestionnaires de projets. Un nouveau financement ne résoudra pas ce problème

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Par Brian Lewis

Ne serait-il pas formidable si davantage d’infrastructures gouvernementales étaient construites plus rapidement et à moindre coût ? Le gouvernement de l’Ontario le pense certainement et crée la Banque ontarienne de l’infrastructure (OIB) pour y parvenir.

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Malheureusement, le manque de financement n’est pas le problème qui pèse sur les investissements dans les infrastructures. La province n’est jamais près de dépenser l’argent qu’elle alloue aux infrastructures. Rien qu’en 2022-2023, il a sous-utilisé son budget d’infrastructure d’un montant énorme de 3,4 milliards de dollars (15 %). La sous-dépense s’est produite chaque année ces derniers temps.

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De plus, l’augmentation du financement au fil du temps n’a pas augmenté la production réelle des infrastructures. Selon Statistique Canada, les dépenses en capital combinées de tous les niveaux de gouvernement en Ontario ont augmenté de 33 pour cent au cours des 10 dernières années, mais en termes réels, la production est essentiellement inchangée. Les coûts ont augmenté (près d’un point par an plus vite que l’indice des prix à la consommation) ; la production est restée la même. Par habitant, la production est en réalité en baisse de 10 pour cent.

Le problème d’infrastructure de l’Ontario n’est pas un manque de financement, mais plutôt le coût et la disponibilité de la main-d’œuvre et des matériaux de construction. Une demande robuste est limitée par des pénuries du côté de l’offre. Les meilleures opérations de financement et les financements plus importants qu’une bonne banque d’infrastructures pourrait générer pourraient même aggraver la situation en alimentant davantage la demande pour des ressources de construction déjà rares, faisant ainsi grimper les prix et les bénéfices du secteur tout en ralentissant l’achèvement en répartissant encore plus l’activité entre des projets concurrents.

Il y a également le problème que l’implication du secteur privé, comme le ferait une banque d’infrastructures, ne garantit pas une réalisation efficace des projets. Les partenariats privé-public souffrent d’inconvénients bien connus. Selon un récent rapport Selon le groupe de réflexion Ontario360, certains des projets d’infrastructure les moins performants au Canada ont été des PPP, notamment les nouvelles lignes de train léger sur rail d’Ottawa et de Toronto, qui ont été en proie à des défis techniques, des retards de construction et des dépassements de coûts. Même lorsque les projets sont livrés à temps et dans les limites du budget, ils peuvent s’avérer plus coûteux pour le contribuable. En 2014, le vérificateur général de l’Ontario a signalé que de tels projets avaient entraîné des coûts considérablement plus élevés (8 milliards de dollars) pour la province.

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Quel est le résultat probable de la banque d’investissement ? Le ministère des Finances de l’Ontario jouit d’une solide réputation et on peut s’attendre à ce qu’il mette en place l’OIB avec rapidité et compétence. Les nouveaux dirigeants de la banque seront soumis à des pressions politiques pour démontrer des résultats. Quelques annonces d’investissements « à gain rapide » seront présentées comme des preuves de succès. Mais les avantages réels, les coûts et l’efficacité de ces projets ne seront pas connus avant de nombreuses années. S’ils sont construits à temps, ce sera uniquement en puisant dans les ressources d’autres projets. Même s’ils sont construits dans les limites du budget, ils coûteront cher.

Malgré la faiblesse de son argumentaire économique et les nombreuses conséquences imprévues (négatives) possibles, l’OIB va presque certainement de l’avant. Voici donc quelques façons de maximiser sa valeur et de minimiser ses risques.

Premièrement, donnez-lui un mandat très ciblé pour commencer. Les foyers de soins de longue durée et les logements abordables répondent à des besoins clairs en matière de politique publique, ont des rôles facilement identifiables pour le secteur privé et des risques relativement faibles – du moins par rapport aux projets d’infrastructures énergétiques et de transport.

Deuxièmement, veiller à ce que les contribuables soient protégés par un cadre d’investissement solide examiné et approuvé par le vérificateur général. Une responsabilité financière claire et contraignante est dans l’intérêt de tous, surtout compte tenu du scepticisme du public à l’égard des récentes relations du gouvernement de l’Ontario avec le secteur privé (dans la Ceinture de verdure et à la Place de l’Ontario, par exemple).

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Enfin, accordez une certaine attention politique aux problèmes réels qui entravent la réalisation des projets d’infrastructure : les pénuries de main-d’œuvre qualifiée, de capacité de réalisation de projets et d’expertise en gestion de contrats. Sans action du côté de l’offre, l’ajout de l’OIB à la demande n’aidera pas et pourrait même aggraver la situation.

Brian Lewis, ancien économiste en chef de l’Ontario, est chercheur principal à l’Institut CD Howe et à la Munk School of Global Affairs and Public Policy.

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