lundi, novembre 25, 2024

Opinion : Formation médiatique pour Jordan Peterson ? Vraiment?

L’ordonnance du Collège contre Peterson visait-elle une véritable éducation ou une discipline sans garanties procédurales ?

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En novembre dernier, l’Ordre des psychologues de l’Ontario a imposé une ordonnance inhabituelle au Dr Jordan Peterson : une formation médiatique « de rattrapage » pour « améliorer son professionnalisme ». C’était en réponse aux plaintes concernant les remarques sarcastiques et sans doute grossières que Peterson avait faites sur Twitter et dans d’autres médias. Peterson a porté la décision devant la Cour divisionnaire de l’Ontario pour contrôle judiciaire. La Cour a confirmé la décision du Collège.

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Les affirmations de Peterson selon lesquelles l’ordonnance portait atteinte à sa liberté d’expression constitutionnelle et qu’il n’était « pas en service » au moment de faire ces remarques étaient toutes deux faibles. Trop de décisions judiciaires ont rejeté ces arguments. Un professionnel ne dispose pas d’une liberté d’expression illimitée et n’est jamais en congé lorsqu’il fait des déclarations publiques jugées non professionnelles. Quoi qu’on puisse penser des remarques de Peterson, la réponse du Collège est opaque, suggérant un programme dont l’issue négative est pratiquement inévitable pour lui.

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L’ordonnance de l’Ordre à l’encontre de Peterson soulève un problème de transparence important : s’agissait-il réellement d’une ordonnance visant des cours de rattrapage, comme l’a soutenu l’Ordre, ou s’agissait-il en fait du début d’un processus disciplinaire, mais sans les garanties procédurales et juridiques normales pour Peterson ? Un tribunal pourrait juger raisonnables les actions d’un organisme de réglementation s’il a mal compris ce que faisait réellement l’organisme de réglementation. En fait, cela semble avoir été le cas ici. La Cour a accepté l’argument de l’Ordre concernant la formation de rattrapage, même si l’ordonnance aurait de graves conséquences disciplinaires pour Peterson si le formateur décidait qu’il n’avait pas suffisamment changé son attitude.

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Les trois juges qui ont pris la décision sont tous de haut niveau et très respectés. Le problème ne vient pas des juges mais de la loi qu’ils se sont sentis obligés d’appliquer et des faits tels que les présente le Collège. L’arrêt phare en matière de droit applicable est l’arrêt Vavilov de la Cour suprême du Canada en 2019. décisionqui a demandé aux juges de faire preuve d’une grande déférence à l’égard des décisions des régulateurs experts.

L’Ordre a ordonné à Peterson de suivre ce qu’il appelle son « programme spécifique de formation continue ou de rattrapage » pour corriger son prétendu manque de professionnalisme. Mais il existe une différence fondamentale entre un programme de « formation continue » et un programme de « rattrapage ». Le premier implique une formation sur les développements actuels intéressant la profession ; cette dernière nécessite une réparation à la conduite du membre. La première est une instruction inoffensive ; cette dernière crée un risque de discipline dissimulée.

Pourquoi est-ce important ? Parce que toute personne faisant l’objet de mesures disciplinaires est protégée par certaines garanties juridiques, alors que la simple éducation – qu’elle soit qualifiée de continue ou de rattrapage – n’implique pas de telles garanties. La Cour a tiré sa description de l’ordonnance de l’Ordre directement de la propre description de l’Ordre. Mais cette description était opaque, inexacte et donc sans doute déraisonnable au regard de la décision Vavilov.

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Avec son utilisation très réussie de la presse écrite, de la télévision et des médias sociaux et son énorme public mondial, la dernière chose dont Jordan Peterson a besoin est une formation aux médias. Mais bien sûr, ce n’est pas réellement le but de cette formation. Les plaintes contre Peterson concernaient son attitude et non ses aptitudes.

La Cour a écrit que l’ordonnance de l’Ordre « exige simplement qu’il bénéficie d’un encadrement « pour revoir, réfléchir et améliorer son professionnalisme dans les déclarations publiques » afin d’éviter de faire des déclarations humiliantes et dégradantes sur les personnes qui pourraient nuire à elles et à la profession. » Le mot clé est « améliorer ». Dans ce contexte, il s’agit de changer son attitude à la satisfaction de l’entraîneur mandataire. En effet, l’entraîneur devient un juge qui peut mettre un terme à la carrière de Peterson en signalant que son « amélioration » n’a pas été suffisamment bonne.

Oui, il est dans l’intérêt public de maintenir une conduite acceptable des professionnels. Mais la liberté d’expression l’est aussi, sinon elle ne serait pas un droit constitutionnel. L’obligation pour un tribunal de faire preuve de déférence envers un organisme de réglementation n’explique en aucun cas comment équilibrer ces intérêts publics lorsqu’ils sont en concurrence les uns avec les autres.

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La décision Vavilov indique que les tribunaux doivent s’en remettre aux experts tant que leurs décisions s’inscrivent dans la fourchette des résultats raisonnables. Mais voici la contradiction : si les juges sont tenus de s’en remettre aux décisions des organismes de réglementation parce qu’ils n’en savent pas assez pour annuler leurs décisions spécialisées, comment se font-ils qu’ils en sachent suffisamment pour savoir si la décision correspond à l’éventail des résultats raisonnables ? Et s’ils en savent suffisamment pour savoir que la décision se situe dans cette fourchette, pourquoi exiger des juges qu’ils s’en remettent à la décision du régulateur ? Vavilov doit repenser.

L’Ordre avait le pouvoir légal d’imposer des mesures disciplinaires à Peterson. Mais il ne devrait pas avoir le pouvoir d’émettre une ordonnance disciplinaire et de l’appeler autrement, comme formation, pour éviter un contrôle judiciaire. Devant la Cour d’appel, l’Ordre devrait avoir à démontrer que son ordonnance d’ajustement d’attitude obligatoire était en fait équitable sur le plan procédural, transparent, logique et raisonnable, compte tenu des faits dont il était saisi. Cela peut être difficile.

Andrew Roman, un avocat à la retraite, a exercé, enseigné et écrit sur le contrôle judiciaire.

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