Opinion : Dix solutions pour sortir du piège de la productivité

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Les prochaines élections fédérales auront lieu dans un peu plus d’un an. S’il y a un enjeu qui devrait figurer en tête de l’ordre du jour de tous les partis politiques, c’est bien celui de la baisse de productivité au Canada.

La Banque du Canada, le FMI, nos principales institutions financières, le Centre d’étude des niveaux de vie et d’autres tirent tous la sonnette d’alarme en matière de productivité. Si nous ne nous attaquons pas à ce problème, nous resterons coincés dans un piège de faible croissance et de bas salaires pendant des décennies encore, et nous en subirons les conséquences de plus en plus graves.

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Un récent rapport Le rapport de RBC met en lumière des statistiques frappantes, mais peu surprenantes, sur le retard que nous avons pris par rapport à la plupart des grandes économies depuis 2000. À l’époque, la production économique par habitant au Canada était à peu près la même qu’en Australie. Aujourd’hui, les Australiens sont presque 10 % plus productifs et leur économie a connu une croissance 50 % plus rapide que la nôtre. Plus près de chez nous, le Canada est 30 % moins productif que les États-Unis, ce qui ressemble davantage à l’Alabama qu’à des États frontaliers prospères comme New York et le Dakota du Nord. Selon ce même rapport de RBC, au sein de l’OCDE, nous avons chuté : nous sommes passés de la sixième économie la plus productive en 1970 à la 18e en 2022.

Pour aller au-delà des chiffres macroéconomiques décevants sur la productivité et la croissance, nous avons besoin d’une analyse plus approfondie et d’un débat national solide – quelque chose dont, contrairement au gouvernement Trudeau, le nouveau gouvernement travailliste de Keir Starmer a fait une priorité clé pour le Royaume-Uni. Voici 10 domaines fondamentaux qui doivent être abordés si nous voulons inverser notre dangereuse glissade vers le statut d’enfant problématique de la productivité de l’OCDE.

  1. Investissement des entreprises. Nos investissements commerciaux sont anémiques par rapport à ceux de nos concurrents. Les investissements de nos entreprises ne représentent que la moitié de ceux des entreprises américaines. Et la situation est pire que cela. Comme l’a indiqué la Banque du Canada noté« Au lieu de lancer de nouveaux projets pour accroître la productivité ou augmenter la production, de nombreuses entreprises concentrent leurs plans d’investissement sur la simple réparation ou le remplacement de machines et d’équipements pour maintenir leur capacité actuelle. » L’exode massif et croissant des investissements directs étrangers canadiens vers d’autres économies est une preuve supplémentaire du manque de confiance du Canada. Il met en évidence un mélange toxique sous-jacent de psychologie d’entreprise négative, de faible confiance, d’obstacles politiques, d’obstacles réglementaires et de possibilités relativement meilleures ailleurs.
  2. Immigration. L’augmentation du nombre de résidents non permanents, en particulier au cours des dernières années, n’a pas eu d’effet positif sur la croissance et encore moins sur la productivité, car ils occupent en grande partie des emplois peu productifs et mal rémunérés dans le secteur des services. Nous avons besoin d’un système d’immigration prévisible qui permette d’accueillir davantage d’immigrants de la catégorie économique, capables de stimuler la croissance et la productivité.
  3. Productivité du gouvernement. Le secteur public représente une part importante et croissante de l’économie canadienne, mais sa productivité est inférieure à celle du secteur privé. La forte augmentation de l’emploi public au cours de la dernière décennie et les problèmes généralisés de prestation de services au sein du gouvernement ont entraîné une nouvelle chute de la productivité. Il est grand temps de prendre au sérieux la mesure et la gestion de la productivité du secteur public au Canada.
  4. Imposition. La politique fiscale a tendance à favoriser les petites entreprises. Le secteur des PME est donc plus important au Canada qu’ailleurs. Mais les petites entreprises de taille statique ont tendance à avoir une productivité inférieure à celle des entreprises en croissance. Le Canada se situe au bas de l’échelle de l’OCDE en ce qui concerne le nombre (par million d’habitants) d’entreprises manufacturières comptant plus de 250 employés. Le système fiscal devrait être neutre quant à la taille des entreprises.
  5. Automutilation politique. Le Canada a perdu certains de ses anciens avantages concurrentiels. L’avantage fiscal dont nous bénéficiions par rapport aux États-Unis depuis 2001 a été effacé par les réductions d’impôts de Trump en 2017. Après d’énormes augmentations des dépenses et des passifs du gouvernement et un doublement littéral de notre dette, nous ne dominons plus le podium de la politique budgétaire. Bien que l’industrie pétrolière et gazière et l’exploitation minière soient deux des secteurs les plus productifs du Canada, notre avantage en matière de ressources naturelles a été érodé par des politiques gouvernementales délibérées et une incertitude réglementaire accrue.
  6. Complexité. La réglementation, la bureaucratie, la lenteur et la complexité des processus sont devenues une taxe dissimulée sur la productivité. Selon la Banque mondiale, le Canada se classe au 188e rang sur 208 pays pour le nombre de jours que les entreprises passent à obtenir des permis de construire, et ce, dans un pays qui connaît une crise du logement ! Tous les ordres de gouvernement sont coupables de bureaucratie, mais le gouvernement fédéral est l’un des principaux moteurs de la nouvelle réglementation des entreprises, qui risque de provoquer une désindustrialisation dans les secteurs du pétrole et du gaz, des mines et de certaines parties du secteur manufacturier.
  7. Obstacles au commerce interprovincial. Selon le FMI, ces taxes représentent de facto 4 % du PIB. Cela équivaut au coût estimé du Brexit pour l’économie britannique et devrait servir de signal d’alarme aux premiers ministres provinciaux et territoriaux pour qu’ils se montrent plus sévères envers les intérêts locaux protégés.
  8. Analyse comparative. Pour favoriser le changement, nous avons besoin de la carotte et du bâton. Le meilleur moyen consiste à comparer régulièrement la productivité canadienne à celle de nos principaux concurrents, tant pour l’ensemble de l’économie que secteur par secteur, à l’aide des données de l’OCDE et de Statistique Canada. Cela permet de mettre à profit la pression des capitaux et de l’analyse financière sur les entreprises canadiennes, en leur montrant comment leur productivité se compare à celle de leurs concurrents mondiaux.
  9. Responsabilité. Nous sommes confrontés à un problème de responsabilité : personne n’est « maître » de l’urgence de la productivité. Quels ministres sont chargés de s’y attaquer ? Que feraient les partis d’opposition à ce sujet ? Où en sont les chefs d’entreprise sur ces questions ? Quels sont les jalons publiables permettant de juger des progrès ou des échecs ?
  10. Attitude. Les Canadiens doivent adopter une mentalité plus axée sur la croissance, notamment parce qu’une croissance faible mettra encore plus à rude épreuve notre capacité à financer les services publics essentiels. Comme le souligne RBC, les gains massifs de productivité agricole au cours du siècle dernier montrent que le Canada est capable de réaliser de grandes choses. Mais le statu quo ne suffira pas. Notre capacité à passer du statut de « membre honoraire du tiers monde » selon le Wall Street Journal dans les années 1990 à celui de chouchou budgétaire mondial dans les années 2000 montre que nous pouvons relever des défis difficiles lorsque nous en avons la volonté.

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Nous devons nous attaquer à ces problèmes, sinon nous resterons coincés dans un piège de faible croissance et de bas salaires pendant des décennies. Ce n’est pas la voie vers la prospérité et le bien-être futurs.

Kevin Lynch a été greffier du Conseil privé et vice-président du conseil d’administration de BMO Groupe financier. Paul Deegan est PDG de Deegan Public Strategies et a été responsable des affaires publiques au CN et à BMO.

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