Opinion : Départ 2021 : la frénésie de dettes a-t-elle été un coup ou un changement radical ?

Compte tenu des déficits des deux dernières années, 2022 est une année charnière pour les finances fédérales

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Du milieu des années 1990 jusqu’à la pandémie, l’aversion pour la dette était un principe organisateur de la politique fiscale fédérale canadienne. Des premiers ministres de différentes allégeances politiques ont soit équilibré le budget, soit enregistré des déficits historiquement faibles. Puis vint la pandémie. Les dépenses d’urgence ont produit d’importants déficits qui ont fait grimper rapidement le ratio de la dette fédérale au PIB.

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L’aube de 2022 est un moment crucial pour la politique budgétaire. Les développements de cette année nous aideront à savoir si les déficits importants ont constitué une situation d’urgence ou représentent une réorientation fondamentale de la politique budgétaire.

Jusqu’en 2021, des signes sont apparus suggérant qu’un changement durable pourrait bien être en cours. À la même époque l’année dernière, le gouvernement parlait de 100 milliards de dollars supplémentaires en nouveaux relance — malgré le fait que nous n’étions pas en récession. UNE rapport de mars du Fonds monétaire international a conclu que 100 milliards de dollars de dépenses de relance créeraient un « risque important que le ratio de la dette brute au PIB augmente » – bien que le gouvernement ait affirmé qu’il reviendrait bientôt à son objectif d’avant la pandémie d’abaisser la rapport.

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Personne ne sait ce que l’avenir nous réserve, bien sûr. Mais une question clé est de savoir comment le gouvernement Trudeau réagira si les conditions économiques ou d’autres facteurs rendent plus difficile qu’il ne le prévoit actuellement de réduire le niveau de la dette par rapport au PIB dans les années à venir. Si les choses tournent moins bien que prévu, le gouvernement va-t-il réduire ses plans de dépenses pour s’assurer qu’il reste attaché à son ancrage budgétaire ? Ou, ayant pris goût à tout ce qu’il peut acheter avec de gros déficits, va-t-il persévérer dans ses objectifs de dépenses plutôt que de maintenir un cadre budgétaire crédible ?

Dans les années 1990, le ministre libéral des Finances, Paul Martin, a promis d’éliminer le déficit « contre vents et marées ». Pour le gouvernement de Justin Trudeau, une affirmation claire au début de 2022 selon laquelle, si un choix doit être fait, la préservation de son ancrage fiscal aura la primauté contribuerait à donner de la crédibilité à son cadre fiscal.

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Bien sûr, beaucoup de choses sont différentes aujourd’hui de ce qu’elles étaient dans les années 1990. La situation financière du Canada est plus solide et les nouvelles dettes sont moins chères. Cela dit, la crédibilité des engagements budgétaires ne se démode jamais. Prendre des mesures pour établir des objectifs budgétaires fermes enverrait un signal aux agences de notation de crédit qui aident à déterminer les taux d’intérêt sur la nouvelle dette que la récente explosion de la dette est vraiment anormale. Mieux, le gouvernement pourrait renforcer les finances fédérales en 2022 en se réengageant sur l’objectif qui a prévalu du milieu des années 1990 au milieu des années 2010, à savoir l’équilibre budgétaire fédéral.

Viser l’équilibre budgétaire présente au moins trois avantages évidents. Premièrement, tant qu’il y a une croissance significative du PIB nominal, ne pas contracter de nouvelle dette garantit que le ratio dette/PIB diminue rapidement au fil du temps, plutôt que de rester stable, comme cela a été le cas pendant les années Trudeau avant la pandémie. Sans l’objectif d’équilibre budgétaire — sans parler des budgets équilibrés réels de 1997 à 2008 — le ratio de la dette fédérale au PIB du Canada n’aurait pas diminué de plus de la moitié, passant de 66,6 % en 1995 à 31,2 % en 2019.

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Deuxièmement, équilibrer le budget permet d’économiser sur les paiements d’intérêts. Si, depuis le milieu des années 1990, les gouvernements fédéraux avaient simplement maintenu le ratio dette/PIB constant au lieu de viser l’équilibre budgétaire, Ottawa aurait payé des centaines de milliards de dollars en paiements d’intérêts supplémentaires.

Troisièmement, si les gouvernements fédéraux successifs n’avaient pas considérablement réduit le ratio de la dette au PIB depuis le milieu des années 1990, le Canada serait entré dans la pandémie en tant que pays déjà lourdement endetté, ce qui aurait limité la capacité du gouvernement fédéral à introduire des mesures d’urgence coûteuses.

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Une gestion budgétaire prudente signifie ne pas parier que la prochaine crise est loin, mais plutôt travailler rapidement pour revenir aux niveaux d’endettement d’avant la récession. Cibler un budget équilibré peut aider à atteindre cet objectif.

Bien sûr, un dernier avantage de viser à équilibrer le budget est qu’il est simple et facile à comprendre pour les électeurs. Cela contribue à renforcer la crédibilité car cela permet aux électeurs de tenir les gouvernements responsables de leurs engagements budgétaires.

Compte tenu des déficits des deux dernières années, 2022 est une année charnière pour les finances fédérales. Le gouvernement Trudeau devrait s’engager à atteindre ses objectifs budgétaires, même si cela signifie réduire ses plans de dépenses. Mieux encore, il devrait s’engager à équilibrer le budget fédéral. Cela rassurerait à la fois les agences de notation et les Canadiens inquiets que la frénésie de la dette de 2020-2021 était en effet un incident d’urgence plutôt que le début d’une réorientation fondamentale de la politique budgétaire fédérale.

Poste Financier

Ben Eisen est chercheur principal à l’Institut Fraser.

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