Opinion : C’est de retour. Le séparatisme québécois fait à nouveau surface

Des risques peu probables mais aux conséquences importantes méritent une attention particulière. Le Québec se dirige actuellement vers un troisième référendum

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Par Duncan Munn

Comme si la productivité, la croissance, le logement et les soins de santé n’étaient pas des défis suffisants pour le Canada, une vieille menace réapparaît discrètement : le séparatisme québécois. Le Parti québécois (PQ), qui se dirige vers le pouvoir, promet un autre référendum. La tempête qui se prépare exige notre attention.

Lors des élections provinciales de 2018 au Québec, la Coalition Avenir Québec (CAQ) a infligé au PQ une défaite historique, le réduisant à seulement 10 sièges. Le débat qui durait depuis des décennies sur la place du Québec au sein du Canada était largement considéré comme réglé, du moins pour cette génération. Mais six ans plus tard, le PQ est en tête dans les sondages et son jeune chef charismatique promet d’organiser un référendum sur la souveraineté s’il est élu. Si une élection avait lieu aujourd’hui, le PQ formerait probablement un gouvernement majoritaire.

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Le fait que le nombre de Québécois qui s’identifient comme étant majoritairement souverainistes n’ait pas beaucoup changé au fil des ans n’est pas une grande consolation. Tant qu’un PQ élu sera déterminé à tenir un référendum, l’unité du Canada sera en danger.

Plusieurs nouveaux facteurs viennent compliquer la situation. L’une des principales préoccupations est la possibilité d’ingérence étrangère. À l’ère du numérique, des acteurs extérieurs peuvent influencer l’opinion publique par le biais des médias sociaux et de la désinformation. Nous avons déjà vu des cas d’ingérence électorale dans des élections fédérales. Un référendum sur une seule question serait beaucoup plus facile à influencer. Les pays hostiles aux valeurs occidentales – et ils savent qui ils sont – verraient la fracture d’un pays du G7 comme une victoire géopolitique importante. La division du Canada affaiblirait également l’alliance de l’OTAN en période de conflit. Tout espoir de voir le Canada porter ses dépenses militaires à 2 % du PIB serait anéanti.

Les électeurs québécois ont rejeté à deux reprises la souveraineté du Québec, en 1980 par 60 voix contre 40, puis en 1995 par à peine un point de pourcentage. Dans les deux cas, le discours fédéraliste était celui d’un Canada fier et prospère offrant au Québec un avenir brillant au sein d’un pays vaste et prospère. Aujourd’hui, un tel discours ne serait pas convaincant. Un virage radical vers le pessimisme et la négativité dans le ton et le contenu du débat public a affaibli l’unité canadienne en général et pourrait réduire la résistance au séparatisme, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du Québec.

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Certains Canadiens, exaspérés par les débats interminables sur la souveraineté, pourraient être tentés de laisser partir le Québec si ses électeurs le souhaitaient clairement. Mais les enjeux économiques sont importants. Le Québec représente environ un cinquième du PIB du Canada et son économie est profondément intégrée au reste du pays. En 2019, ses exportations interprovinciales ont totalisé 77,8 milliards de dollars, tandis que ses importations en provenance d’autres provinces ont atteint 86,2 milliards de dollars. Seule l’Ontario a enregistré des totaux plus élevés. Une séparation perturberait ces liens, provoquant des turbulences économiques des deux côtés de toute nouvelle frontière. Le dollar canadien pourrait également subir des pressions, comme ce fut le cas pour la livre sterling après le vote sur le Brexit.

Malgré ce que suggèrent certaines vidéos astucieuses produit par le PQEn tant que nation indépendante, le Québec serait confronté à des défis de taille, notamment la perte des transferts fédéraux nets, la prise en charge explicite de sa part de la dette fédérale et l’établissement de sa propre monnaie, de sa propre banque centrale et de ses propres accords commerciaux. La transition entraînerait probablement une instabilité qui toucherait à la fois les entreprises et les citoyens. Les études publiées par l’Institut C.D. Howe sur ces questions au début des années 1990 ont résisté à l’épreuve du temps et pourraient inspirer un examen similaire de ces questions aujourd’hui.

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Une autre différence entre aujourd’hui et 1995 est l’évolution de l’opinion en Alberta. Malgré les plaintes de la province à l’égard de la Confédération, l’appui au séparatisme albertain demeure faible. Cependant, si le Canada commençait à se défaire, davantage d’Albertains pourraient s’imaginer que les pâturages seraient plus verts s’ils suivaient l’exemple du Québec.

Les risques, qui sont peu probables mais qui ont des conséquences importantes, méritent qu’on s’y intéresse sérieusement. La complaisance qui consiste à supposer que le Québec fera toujours partie du Canada est dangereuse. Une nouvelle poussée vers l’indépendance, alimentée par l’insatisfaction interne et l’ingérence extérieure, pourrait avoir des conséquences désastreuses.

Il faut redoubler d’efforts pour lutter contre l’ingérence étrangère dans notre politique. La Finlande enseigne l’éducation aux médias à l’école. Les gouvernements provinciaux, qui sont les principaux responsables de l’éducation, doivent intensifier leurs efforts. Nous devons également investir davantage dans la cybersécurité pour garantir l’intégrité de nos élections. La dissuasion signifie également mettre en place les mesures les plus sévères possibles pour punir ceux qui chercheraient à interférer dans notre politique.

Il est également essentiel de raviver la fierté et l’unité qui ont caractérisé le camp fédéraliste lors des deux premières campagnes référendaires. Les dirigeants fédéraux doivent cesser d’être si négatifs et plutôt promouvoir une version plus équilibrée de l’histoire du Canada, qui reconnaît les torts mais célèbre aussi les réalisations. Et le pays a besoin d’une vision économique renouvelée qui mette l’accent sur la productivité pour améliorer le niveau de vie de tous les Canadiens, y compris les Québécois. La performance économique ne prime pas sur tout, mais l’augmentation de la richesse et du bien-être de tous les Canadiens ne peut pas nuire à l’unité.

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La menace d’une ingérence étrangère et la morosité nationale actuelle soulignent la nécessité d’agir. Nous devons persuader les séparatistes que la troisième fois ne sera pas une réussite.

Duncan Munn est président émérite et conseiller principal de l’Institut CD Howe.

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