MARRAKECH — Le réalisateur d' »Astrakan » David Depesseville fait suite à son premier long métrage, qui joue en compétition masculine au Festival du film de Marrakech, avec un deuxième film qui se penche sur un autre drame enfantin français réel.
Bien qu’il garde secrets les détails les plus spécifiques, il a écrit le scénario de son film de suivi, qu’il réalisera également. Carole Chassaing produit.
« Les Nuits d’Octobre » c’est, raconte-t-il Variétébasé sur l’histoire vraie d’un enfant assassiné en France en 2005, suivie d’un procès en 2015. Depesseville s’intéresse à la façon dont l’histoire a été racontée en France.
« J’ai pris beaucoup de notes. J’ai été très impliqué dans ce procès. C’est mon récit de ce qui s’est passé.
Sur une note un peu plus légère, le tournage est prévu à l’automne prochain d’un court métrage sur trois frères réunis par la mort de leur mère intitulé « Le Tremblement ».
« Chaque film a la bonne longueur et le bon support », dit-il à propos de sa décision de faire un court métrage.
L’histoire sombre derrière « Astrakhan » n’est pas le type d’histoire que vous vous attendriez à entendre assis près d’une piscine bleue scintillante par temps clair et ensoleillé à Marrakech.
Mais Depesseville, le gars sans prétention qui attend une interview en regardant l’eau depuis une table ornée de verres vides, a déterré une histoire plutôt troublante dans « Astrakan ».
Son premier long métrage raconte l’histoire d’un orphelin envoyé vivre dans le Morvan en France avec une famille payée pour prendre soin de lui.
L’histoire s’inspire d’un cas réel dans cette région de France où Depesseville a grandi.
« Le Morvan était le département français qui accueillait les orphelins du reste de la France », explique-t-il. « Des familles pauvres étaient payées pour accueillir des orphelins. Le point de départ de ce film est la transaction entre l’argent et les sentiments. Les familles avaient besoin d’argent. Les orphelins voulaient appartenir à une famille.
Depesseville a grandi avec des amis issus de familles orphelines. « Dans un village, il y a une cinquantaine d’orphelins. C’est une ambiance particulière. Ça s’est arrêté dans les années 1960 et 1970, mais il y a des traces », a-t-il dit.
Cela fait aussi partie de sa propre histoire familiale. Son grand-père était un orphelin qui a ensuite eu une famille nombreuse. « Je porte une partie de son histoire avec moi », a-t-il ajouté.
Il va sans dire qu’il a pleuré plusieurs fois en faisant le film. « C’est un peu un sujet tabou mais les gens avaient besoin de partager leurs histoires », a-t-il commenté à propos de la collecte de témoignages au cours des sept années qu’il lui a fallu pour terminer le film, au budget de 690 000 € (710 700 $).
« En 2015, j’ai découvert un dispositif d’aide aux écrivains au CNC. Malheureusement, mon premier producteur a ensuite bloqué les droits pendant quelques années, mais avec mon producteur actuel, j’ai trouvé l’argent », a-t-il déclaré.
Leur distributeur, New Story, et le département de Bourgogne-Franche-Comté ont également contribué au financement. Les productrices du film sont Carole Chassaing et Anaïs Feuillette.
Depesseville a dû décider comment raconter l’histoire. Le film comprend une scène qui montre le cimetière d’orphelins réel où il n’y a pas de noms sur de nombreuses tombes.
« Certains sont morts seuls dans les hôpitaux ou ont été abandonnés par leurs familles », a-t-il déclaré.
Mais l’obscurité des morts à l’hôpital qu’il a tenue à l’écart du film. « Je voulais un peu de lumière dans le film. Je voulais aussi que ce soit une histoire universelle sur l’enfance », a-t-il déclaré. « Cette partie était trop difficile. »
Le film a été présenté en première mondiale à Locarno cet été et sera ensuite projeté au Festival de Mannheim-Heidelberg. Il sortira en France début février.
Du 11 au 19 novembre, le Festival du film de Marrakech se termine ce samedi par une cérémonie de remise des prix.