Olivier Assayas craint que son film pandémique « Temps suspendu » ne « paraisse bizarre » et refuse le « système hollywoodien » (EXCLUSIF) Les plus populaires à lire absolument Abonnez-vous aux newsletters variées Plus de nos marques

Suspended Time

Olivier Assayas, le célèbre réalisateur français des « Nuages ​​de Sils Maria » et « Irma Vep », fait cette année ses débuts en compétition à la Berlinale avec « Temps suspendus », son film le plus personnel à ce jour.

Parler à Variété Avant la première du film à la Berlinale, Assayas affirme que le film raconte son expérience pendant le confinement et est basé sur son journal personnel.

« Quand j’écrivais ce journal, j’avais le sentiment que malgré mes angoisses, mes doutes ou mes peurs, c’était une période idyllique, d’être confiné à la campagne », raconte-t-il. « C’était une époque où l’on croyait à une forme d’utopie et dès que la société se remettait en action, elle se dissolvait. »

Racontée par Assayas et tissée de matériaux d’archives, la comédie met en scène Vincent Macaigne dans le rôle de l’alter ego du réalisateur, Paul, cinéaste connu confiné avec son frère journaliste musical Etienne (Micha Lescot) et leurs copines Morgane (Nine d’Urso). ) et Carole (Nora Hamzawi), dans leur maison d’enfance, dans la campagne normande, au-dessus d’un printemps ensoleillé.

« Suspended Time » marque le premier film d’Assayas depuis « Wasp Network » de 2018, un thriller d’espionnage avec Penélope Cruz et Edgar Ramirez, et sa suite à « Irma Vep », une série limitée A24-HBO avec Alicia Vikander.

Dans « Temps suspendu », Assayas revisite l’ère du confinement avec nostalgie et humour.

« J’avais l’impression de vivre quelque chose d’historique et je voulais en garder une trace comme David Hockney l’a fait dans son tableau ‘L’arrivée du printemps, Normandie, 2020′ », raconte Assayas, qui cite Hockney à plusieurs reprises dans le film. Hockney était en effet confiné près de la maison familiale d’Assayas et représentait dans sa peinture l’épanouissement de la nature malgré le confinement. D’une certaine manière, « Suspended Time » est une pièce complémentaire à la peinture de Hockney, dit Assayas.

Assayas a également expérimenté une narration hybride dans « Temps suspendu » pour rester au plus près de la réalité.

«Je n’avais jamais autant partagé dans un film», dit Assayas. « Je n’aurais jamais imaginé prendre un risque aussi extravagant en réalisant un film dans la maison de mon enfance, et je craignais que cela paraisse bizarre. Mais j’ai aussi senti que tourner dans cette maison me permettait de faire le saut vers l’autobiographie et la comédie.

Le réalisateur, qui est très privé et n’est pas du genre à apparaître dans un tabloïd malgré sa renommée, affirme avoir toujours gardé « une séparation absolue entre le monde du cinéma et sa vie privée ». Dans « Temps suspendu », il a finalement « transgressé cette règle interdite ».

Bien que le film soit très personnel, il résonne en raison du caractère universel des expériences décrites par Assayas. «Je suis convaincu que plus nous plongeons dans l’intime, plus nous nous dirigeons vers quelque chose de partagé et d’universel», dit-il.

Comme son film « Personal Shopper » de 2016, « Temps suspendu » parle aussi de fantômes, plus particulièrement du fantôme de son père, le cinéaste français Raymond Assayas alias Jacques Rémy, propriétaire de la maison dans laquelle se déroule le film.

Il y a aussi une ambiance Nouvelle Vague française dans « Temps suspendu », qu’Assayas attribue à l’influence du cinéma d’Éric Rohmer. « Rohmer était attentif aux saisons, à la nature, et il tournait aussi de manière très légère et rapide, comme nous avons fait ce film, au ‘format Rohmer' », dit-il.

Assayas est l’un des rares réalisateurs français à avoir travaillé avec des stars hollywoodiennes, dont Kristen Stewart, qui a réalisé deux films avec lui. Kristen a remporté un César pour son second rôle dans « Clouds of Sils Maria », aux côtés de Juliette Binoche, et a ensuite joué dans « Personal Shopper », également en compétition à Cannes.

« Quand j’ai rencontré Kristen, j’ai tout de suite eu l’impression qu’elle avait un potentiel unique en tant qu’actrice mais qu’il était sous-utilisé, comme si elle résistait trop, ou était trop retenue », explique Assayas. « Alors, quand nous avons travaillé avec Juliette [Binoche], nous l’avons laissée être libre et puiser dans ses sentiments intérieurs, et cela l’a simplement libérée. Je n’ai rien fait de plus que d’ouvrir cette porte en elle.

Mais Assayas a également connu quelques revers. Ce qui était censé être son premier film hollywoodien, « Idol’s Eye » de 2015 avec Robert De Niro et Rachel Weisz, s’est effondré peu avant le début prévu de la production après la disparition du financement du film.

À l’avenir, Assayas affirme que son objectif est de réaliser des films internationaux basés en Europe.

« Je ne rêve pas de faire des films dans le système hollywoodien tel qu’il fonctionne aujourd’hui », dit-il. « Je préfère avoir le meilleur des deux mondes, la liberté artistique et le choix de grands acteurs auxquels je peux accéder tant que je filme en anglais. »

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