« Nous sommes plus divisés que jamais »: un député libéral rompt les rangs et critique les politiques de santé publique

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Le député libéral Joël Lightbound a vivement critiqué mardi son propre gouvernement pour avoir utilisé la pandémie « pour coincer, diviser et stigmatiser ».

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Lightbound a soigneusement pris ses distances avec les manifestations à Ottawa, mais a déclaré que le Canada était désormais un pays profondément divisé.

« J’ai entendu beaucoup de gens se demander pourquoi il y a à peine un an, nous étions tous unis, ensemble. Et maintenant que nous avons l’une des populations les plus vaccinées au monde, nous n’avons jamais été aussi divisés.

Lightbound, qui représente la circonscription de Louis-Hébert à Québec, a dit avoir remarqué que « tant le ton que les politiques » de son gouvernement ont changé « radicalement à la veille et lors de la dernière campagne électorale ».

« D’une démarche positive et fédératrice, il a été décidé de caler, de diviser et de stigmatiser. Je crains que cette politisation de la pandémie ne risque de miner la confiance du public dans nos institutions publiques de santé. Ce n’est pas un risque que nous devrions prendre à la légère », a-t-il déclaré.

Lightbound a fait part de ses inquiétudes sur la gestion de la crise de santé publique lors d’une conférence de presse mardi matin. Alors qu’il était seul, il a dit qu’il n’était pas le seul député libéral à se sentir mal à l’aise face à la direction prise par le gouvernement.

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Cela a incité le whip du caucus libéral, Steven MacKinnon, à rencontrer Lightbound plus tard dans la journée.

« Il a exprimé des désaccords avec la politique du gouvernement », a déclaré un communiqué publié par le bureau de MacKinnon. « Par la suite, M. Lightbound a démissionné de la présidence du caucus libéral du Québec. Il a clairement exprimé sa confiance envers le gouvernement et demeure membre du caucus libéral.

Lightbound a été félicité par les députés conservateurs qui se sont relayés pendant la période des questions pour citer ses commentaires. Des députés d’arrière-ban conservateurs ont été entendus à la Chambre des communes scandant « Nous voulons Joel ! »

Pendant ce temps, la plupart des libéraux sont restés fidèles à leur message, affirmant qu’ils comprenaient la frustration des Canadiens face aux restrictions et aux mandats au cours des deux dernières années, mais que le gouvernement avait écouté la science et les meilleurs conseils de santé publique.

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« Franchement, ça a marché », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau aux journalistes. « On a vu des courbes plus basses au Canada qu’ailleurs. Nous avons vu des taux de mortalité plus bas. Nous avons connu une reprise économique plus rapide parce que les Canadiens se sont mobilisés, parce que les Canadiens se sont fait vacciner.

Il a ajouté: « Je peux comprendre les frustrations liées aux mandats, mais les mandats sont le moyen d’éviter de nouvelles restrictions ou de devoir être restreints. »

Lightbound a souligné que le Canada avait atteint l’un des niveaux de vaccination les plus élevés au monde et que le pays pouvait en être fier. « Pourtant, ici, nous sommes plus divisés que jamais », a-t-il noté.

L’intervention du député est intervenue alors que des centaines de manifestants et des dizaines de camions sont toujours bloqués au centre-ville d’Ottawa pour protester contre les mesures de santé publique, y compris l’obligation de vaccination pour les camionneurs traversant la frontière canado-américaine. D’autres manifestations ont eu lieu au cours des derniers jours, notamment dans la circonscription de Lightbound à Québec.

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Lightbound était ferme dans sa condamnation des «actes et symboles hideux» dont certains ont été témoins. Il a également demandé aux manifestants de quitter Ottawa et de laisser les résidents « retrouver leur qualité de vie ».

Mais Lightbound a déclaré avoir entendu des centaines d’électeurs au cours des dernières semaines – dont la plupart sont vaccinés – qui ont partagé leurs «préoccupations légitimes quant à la direction que nous prenons».

Il s’agissait notamment de parents qui craignaient que leurs enfants ne sombrent dans la dépression, de propriétaires d’entreprise qui craignaient de tout perdre, ainsi que d’artistes au bord de l’effondrement après près de deux ans sans travail.

Pendant ce temps, Lightbound a déclaré que les Canadiens ont vu des pays du monde entier abandonner presque toutes les restrictions de santé publique ou avancer rapidement dans cette direction.

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« Les gens entendent et voient tout cela et ils se demandent à juste titre où diable allons-nous ici au Canada? Je pense que c’est là que réside la frustration », a-t-il déclaré.

«Ils estiment que notre gouvernement n’a aucune envie de s’adapter afin de refléter l’évolution des données et la réalité changeante de la pandémie et du monde.»

Alors que la plupart des restrictions sanitaires au Canada sont provinciales, le gouvernement fédéral a été strict en imposant des mesures dans sa propre juridiction, qu’il s’agisse de la vaccination obligatoire pour la fonction publique fédérale ou pour les passagers des trains et des avions.

Le mois dernier, le gouvernement a levé les exemptions de vaccination obligatoire pour les camionneurs traversant la frontière canado-américaine, suscitant des critiques.

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Lightbound a déclaré qu’il croyait que « si de plus en plus de Canadiens ont du mal à respecter les restrictions, ce n’est pas parce qu’ils manquent de solidarité », il est plus probable qu’ils ne les comprennent pas car « les gouvernements ne se soucient plus de les expliquer ».

L’exigence de vaccination pour les camionneurs en est un bon exemple, a-t-il dit, après avoir échoué à recueillir des données sur le raisonnement du gouvernement fédéral derrière la mesure.

« Si nous oublions les manifestations, et nous oublions le convoi juste une seconde et regardons cette politique pour ce qu’elle est. C’est une politique qui va désormais à l’encontre de la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé, et pour laquelle aucune étude épidémiologique et projection n’ont été fournies », a-t-il déclaré.

Les commentaires de Lightbound mardi contrastaient fortement avec ceux du Premier ministre qui, lors d’un débat d’urgence aux Communes lundi soir, a parlé en termes durs des manifestants toujours dans la capitale nationale.

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« Des individus tentent de bloquer notre économie, notre démocratie et le quotidien de nos concitoyens. Il faut que ça s’arrête. Les gens d’Ottawa ne méritent pas d’être harcelés dans leurs propres quartiers », a déclaré Trudeau.

« C’est l’histoire d’un pays qui a traversé cette pandémie en étant uni, et quelques personnes criant et agitant des croix gammées ne définissent pas qui sont les Canadiens », a-t-il déclaré.

Lightbound a déclaré qu’il espérait que le gouvernement fournirait rapidement une feuille de route avec des « objectifs clairs et mesurables » pour lever les restrictions relevant de sa compétence, soulignant qu’elles « devraient être de nature exceptionnelle et limitées dans le temps ».

Il a également exhorté le gouvernement fédéral à s’asseoir avec les provinces et les territoires pour négocier les transferts canadiens en matière de santé et les aider à se préparer aux prochaines vagues de COVID-19. Il a déclaré que la décision de son gouvernement de reporter ces discussions jusqu’à la fin de la pandémie avait été « très franchement difficile à comprendre ».

Le premier ministre du Québec François Legault s’est entendu sur ce dernier point avec Lightbound lors d’une conférence de presse plus tard où il a annoncé la levée de certaines mesures sanitaires dans la province. « Il est temps que nous réglions cette question d’augmentation des transferts en soins de santé », a-t-il dit.

Legault, qui a annoncé certaines des mesures de santé publique les plus strictes au pays, a également admis qu’elles auraient pu diviser les Québécois, mais a ajouté qu’il «n’avait d’autre choix que de protéger nos hôpitaux».