Mort à tempérament de Louis-Ferdinand Céline


Publié en succession rapide au milieu des années 1930, Voyage au bout de la nuit et Décès à tempérament choqué la littérature européenne et la conscience mondiale. Nominativement de la fiction mais plus justement appelés « confessions créatives », ils racontaient l’enfance de l’auteur à écorcher les bidonvilles de Paris, son service dans les boues de la Première Guerre mondiale et les jungles africaines. Mêlant le désespoir absolu à la comédie gargantuesque, ils ont également créé un nouveau style, dans lequel l’invective et l’obscénité se sont mêlées à des phrases d’une poésie inoubliable. L’influence de Céline a révolutionné l’approche contemporaine de la fiction. Sous un nuage pendant un temps, son œuvre est aujourd’hui reconnue comme le précurseur de la « comédie noire » d’aujourd’hui.

Décès à tempérament est l’histoire des 18 premières années du jeune Ferdinand. Sa vie est celle de la haine, de la lutte acharnée des petits commerçants pour survivre, des sensations et des fantasmes de l’enfance – vigoureux, scatologiques, violents, mais aussi poétiques. Il y a une bataille en cours avec son employé d’assurance inefficace d’un père, avec sa mère, qui vit et pleurniche autour de la brocante qu’elle dirige au profit des garçons; il y a aussi le superbement drôle Meanwell College en Angleterre, où le garçon est allé brièvement, une institution cauchemardesque à la Dickens. Il y a toujours l’humiliation, l’échec et l’ennui, du moins jusqu’à ce qu’il fasse équipe avec le « scientifique » des Pereires. Cet inventeur, escroc, optimiste incorrigible – dont le dernier projet est de faire pousser d’énormes pommes de terre par l’électricité – le sauve, ne serait-ce que temporairement ; pour le lecteur, il est l’un des charlatans les plus aimables de la littérature française.



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