jeudi, décembre 5, 2024

Mohammed al-Julani : Le leader rebelle qui défie le régime Assad avec sa milice

Mohammed al-Julani, leader de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), annonce une conquête rapide d’Alep, suscitant un mélange d’enthousiasme et d’inquiétude parmi les opposants à Assad. Bien que Julani promette clémence, son passé avec al-Qaïda et la réputation de la HTS soulèvent des doutes. La milice, classée terroriste par les États-Unis, tente de se présenter comme modérée, mais des experts avertissent que cette façade pourrait servir des intérêts stratégiques. La situation à Idlib reste délicate et complexe.

Une Avancée Stratégique à Alep

«Si Dieu le veut, nous entrerons en tant que libérateurs à Alep», déclare un homme barbu vêtu d’un uniforme olive au téléphone. Ce vendredi 29 novembre, Mohammed al-Julani affiche un sourire satisfait. Les forces de sa milice islamiste, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), sont sur le point de s’emparer de la métropole commerciale d’Alep, au nord de la Syrie, après une offensive éclair de seulement deux jours. Dans une vidéo partagée, ce seigneur de la guerre se présente comme un messie, annonçant à ses troupes que «l’oppression de notre peuple» est désormais révolue.

Pour la première fois depuis des années, les rebelles de la HTS ont réussi à conquérir de vastes territoires au détriment du dictateur Bashar al-Assad dans le nord-ouest de la Syrie. Avec Alep désormais sous son contrôle, le groupe se dirige vers Hama, où il fait face à une résistance significative des forces d’Assad.

Les Sentiments Mitigés des Opposants à Assad

Parmi les opposants à Assad, qui sont nombreux, l’avance rapide de la HTS suscite des sentiments partagés. Cela s’explique non seulement par le fait que les combats rappellent les pires heures de la guerre civile syrienne, mais aussi par la réputation de la HTS et de son leader, Mohammed al-Julani. La crainte de vivre sous un régime islamiste strict risque de ternir la joie de cette «libération», surtout pour les minorités religieuses et ethniques.

Conscient de son image, Julani s’efforce de dissiper les inquiétudes. Dans un communiqué, il a exhorté ses combattants à faire preuve de clémence envers la population d’Alep : «Ne coupez pas d’arbres, ne faites pas peur aux enfants et n’infligez pas de peur à notre peuple, quelle que soit sa religion». Ce message a même été traduit en anglais pour toucher un public international. Pourtant, des doutes subsistent quant à la sincérité de cette ouverture.

Ancien membre d’al-Qaïda, Julani a combattu les troupes américaines en Irak avant de réapparaître en Syrie en 2011, où il a fondé le Front al-Nusra. En 2016, il a pris ses distances avec al-Qaïda et l’État islamique pour se concentrer sur les luttes de pouvoir en Syrie. L’année suivante, la HTS est née de la fusion de plusieurs milices islamistes et a pris le contrôle d’Idlib sous sa direction.

Bien qu’elle lutte contre le régime d’Assad, la HTS a gouverné Idlib d’une main de fer, arrêtant et torturant les opposants politiques. En 2018, les États-Unis ont classé la milice comme organisation terroriste, limitant son accès à l’aide internationale, ce qui a posé un défi majeur, car 75 % des habitants d’Idlib dépendent de l’aide humanitaire.

Pour contrer cette image négative, Julani a essayé de donner à sa milice une apparence plus modérée, se présentant comme un leader bienveillant, interagissant avec des orphelins pendant le Ramadan et limitant le pouvoir de la police morale. Cette stratégie vise à améliorer la situation humanitaire tout en consolidant son influence sur le terrain.

Pourtant, certains experts mettent en garde que cette modération est une manœuvre stratégique, et que Julani ne se montrera ouvert et tolérant que tant que cela servira ses intérêts. La situation à Idlib reste complexe et les véritables intentions de la HTS demeurent à l’étude.

- Advertisement -

Latest