« Madaniya », un documentaire de Mohamed Subahi, explore le soulèvement soudanais ayant conduit à la chute d’Omar Al-Bashir. À travers les témoignages d’individus ordinaires, comme Esra et Mou’men, le film met en lumière la quête de liberté et de diversité au Soudan. Il révèle également des moments de solidarité interreligieuse et illustre les défis rencontrés lors de la réalisation du film, tout en véhiculant un message d’espoir pour l’avenir du pays.
Une Chronique Émotive du Soulèvement Soudanais
Le documentaire réalisé par Mohamed Subahi, intitulé « Madaniya », plonge au cœur d’une période tumultueuse qui a conduit à la chute du régime d’Omar Al-Bashir après 30 ans de pouvoir au Soudan. À travers les récits poignants des participants au sit-in devant le Commandement central de l’armée à Khartoum, ce film capture l’essence de ces mois de protestations.
Des Histoires de Résilience et d’Espoir
« Je choisis mes personnages parmi des gens ordinaires », confie Subahi. « Ils sont comme vous et moi, des individus que l’on croise dans la rue. Ils ne sont pas des politiciens. Bien qu’ils viennent de milieux divers, ils partagent tous la même aspiration : la liberté. »
Parmi ces voix, nous découvrons Esra, une artiste engagée dans la réalisation d’une fresque, et Mou’men, un artisan du cuir qui intègre des portraits de martyrs dans son travail. Django, chauffeur de bus et père, fait également partie de ce tableau. Ces individus, bien que différents, se sont unis pour revendiquer un gouvernement civil. Subahi souligne : « Le Soudan est riche de diversité. Je veux en témoigner, car il est souvent sous-représenté dans les médias internationaux. »
Le documentaire ne se limite pas aux luttes politiques ; il montre également des moments de sérénité, comme les pauses prière des manifestants. « Même si le précédent gouvernement était islamique, cela ne définit pas l’identité des musulmans au Soudan, » explique l’éditeur Micheal Youssef. « Les Soudanais sont chaleureux, passionnés d’art et de justice sociale. » Subahi rappelle également des gestes de solidarité, où des chrétiens protégeaient les musulmans du soleil pendant leurs prières.
La réalisation du film n’a pas été sans défis. Subahi et son co-cinéaste Algaddal Hassan ont souvent dû utiliser des téléphones portables pour filmer, évitant ainsi de se faire repérer par l’armée. La tension a atteint son paroxysme lors du massacre de juin, où des manifestants ont été tués, un moment tragique capturé de manière saisissante. Subahi a dû quitter le Soudan alors que la situation devenait critique.
Malgré la guerre actuelle entre deux généraux rivaux, Subahi reste optimiste et souhaite poursuivre son œuvre. « En tant que Soudanais, nous gardons l’espoir. Quand je parle avec d’autres Soudanais ici au Caire, nous discutons de la façon dont nous allons reconstruire notre pays quand la guerre prendra fin. »
Youssef exprime son mécontentement face à la façon dont les médias se concentrent sur certains conflits au détriment d’autres. « J’ai connu cela en 2020 avec la guerre en Arménie. Quand le conflit en Ukraine a éclaté, tous les regards se sont détournés. »
« Mon souhait est de mettre fin à toutes les guerres, » conclut Subahi. « Je veux utiliser mon film comme un appel à la paix, pas comme une arme. »