mercredi, janvier 8, 2025

Minneapolis valide un accord de réforme policière à la suite du décès de George Floyd.

Le conseil municipal de Minneapolis a approuvé un accord avec le ministère de la Justice des États-Unis pour réformer le département de police, suite à une enquête révélant des pratiques discriminatoires. Ce décret de consentement, qui vise à interdire certaines méthodes policières et à garantir des réformes sous supervision, fait suite à la mort de George Floyd et aux critiques sur le profilage racial. Le maire et des membres du conseil insistent sur l’importance de ces changements.

Le conseil municipal de Minneapolis a pris une décision cruciale lundi en votant en faveur d’un accord avec le ministère de la Justice des États-Unis (DOJ) visant à instaurer une réforme significative au sein du département de police de Minneapolis (MPD).

Ce vote survient presque cinq ans après le tragique meurtre de George Floyd, un homme noir, par un policier blanc de la ville, un événement qui a suscité des manifestations à l’échelle nationale dans le cadre du mouvement Black Lives Matter.

Importance de cet accord

Cette initiative, désignée comme décret de consentement, découle d’une enquête fédérale qui a duré deux ans, lancée après la mort de Floyd en 2020 aux mains de l’ancien agent Derek Chauvin. Les résultats de l’enquête du DOJ ont révélé des pratiques systématiques et inconstitutionnelles, telles que l’« usage de la force mortelle injustifiée », le profilage racial et des violations des droits garantis par le Premier Amendement.

L’urgence de finaliser cet accord est accentuée par l’éventuelle inauguration du président élu Donald Trump le 20 janvier. Durant son précédent mandat, Trump a critiqué les décrets de consentement, les qualifiant de mesures défavorables à la police. En concluant cet accord avant son retour, il sera plus difficile pour la nouvelle administration d’apporter des modifications, nécessitant l’approbation d’un tribunal pour tout changement.

Ce que cela implique pour le maintien de l’ordre

Lors d’une session fermée à 8h30 lundi, le conseil municipal a examiné les termes du décret de consentement et ses implications pour la police de la ville.

Un vote favorable indique l’intention de créer un cadre pour aborder les problèmes systémiques au sein du MPD, tels que l’usage excessif de la force et la discrimination raciale. La ville se trouve dans une situation unique, opérant sous des décrets à la fois étatiques et fédéraux, chaque décret étant le fruit d’enquêtes différentes mais complémentaires.

Changements à prévoir dans les pratiques policières à Minneapolis

Les nouvelles mesures interdiront aux officiers du MPD d’adopter certaines méthodes de contrôle et de fouille, ainsi que de limiter l’utilisation de certaines armes de contrôle des foules. L’accord stipule également que le MPD doit atteindre des repères de réforme spécifiques, sous l’œil attentif d’un surveillant indépendant et d’un juge fédéral.

Les données révélées par l’enquête du DOJ montrent que les conducteurs noirs sont 6,5 fois plus susceptibles d’être arrêtés par les agents du MPD que les conducteurs blancs, tandis que les conducteurs amérindiens subissent une disparité encore plus élevée, de 7,9 fois. De plus, les officiers ont souvent ignoré la sécurité des personnes en détention, comme l’a souligné le procureur général Merrick Garland, qui a mentionné des cas où des détenus demandaient désespérément de l’air, leurs plaintes étant rejetées.

Les décrets de consentement aux États-Unis

Depuis avril 2021, le DOJ a engagé 12 enquêtes sur les forces de l’ordre au niveau étatique et local, souvent en réponse à des meurtres policiers très médiatisés. Des accords ont été finalisés avec des villes comme Seattle, La Nouvelle-Orléans, Baltimore, Chicago et Ferguson, dans le Missouri. Un décret de consentement à Louisville, Kentucky, lié à la mort de Breonna Taylor, attend toujours l’approbation judiciaire. À Memphis, les responsables s’opposent à la supervision fédérale, évoquant des réformes après le passage à tabac mortel de Tyre Nichols.

Le maire de Minneapolis, Jacob Frey, a qualifié ces réformes de « non négociables » à la suite de l’enquête de 2023. Il a déclaré : « Le progrès peut être douloureux, et les obstacles peuvent être grands. Mais nous n’avons pas relâché nos efforts depuis les trois années qui ont suivi le meurtre de George Floyd. »

Un décret de consentement similaire a été conclu entre Minneapolis et le département des droits de l’homme du Minnesota en 2023, à la suite d’une enquête d’État ayant révélé un schéma de discrimination raciale sur une décennie par le MPD. Cet ordre interdisait à tous les officiers d’utiliser des dispositifs de contention au cou, méthode impliquée dans la mort de Floyd.

Réactions et perspectives d’avenir

« Je tiens à exprimer ma gratitude à notre communauté pour sa solidarité, son unité et sa patience alors que nous avons parcouru un chemin long et difficile », a déclaré le président du conseil Elliott Payne après le vote. « Ce n’est que le début, et nous sommes conscients des efforts qui nous attendent. Notre succès sera atteint lorsque nous travaillerons ensemble sur ce qui est sans doute l’une des questions les plus cruciales de notre ville. »

« Avec un budget dépassant 230 millions de dollars et environ 1 000 employés, le MPD a les ressources nécessaires pour respecter toutes les exigences des décrets de consentement étatiques et fédéraux, à condition que le MPD et ses dirigeants prennent au sérieux l’importance de cette tâche », a déclaré la membre du conseil de la ville de Minneapolis Robin Wonsley avant le vote.

Prochaines étapes

Le décret de consentement sera soumis à l’approbation d’un juge fédéral. Une fois ratifié, un surveillant indépendant s’assurera de sa mise en œuvre, garantissant ainsi le respect des réformes établies. Ce processus pourrait s’étendre sur plusieurs années et engendrer des coûts significatifs pour la ville.

Mise à jour 1/6/25, 18h01 : Cet article a été mis à jour avec les résultats du vote et d’autres informations.

Cet article inclut des reportages de l’Associated Press.

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