Michelle Rempel Garner: Un devoir de rejeter les théories du complot sur le remplacement des blancs

C’est de la pure ignorance de croire que ce dogme n’existe pas au Canada

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Alors que je faisais campagne dans la région du Grand Toronto à l’approche des élections de 2015, j’ai frappé à une porte et une femme blanche plus âgée m’a ouvert. Après mon discours d’ouverture, elle a cherché une confirmation, « alors tu es avec les conservateurs? »

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Après que j’ai répondu par l’affirmative, elle m’a laissé l’avoir. «Harper a laissé tant de gens bruns ici qu’aucun d’entre vous ne mérite de gagner. Vous nous avez remplacés par eux. Le Canada est ruiné.

Ce n’était ni la première ni la dernière fois que j’ai dû contrer cette diatribe raciste particulière. C’est un principe fondamental de la soi-disant « théorie du grand remplacement » ; une théorie du complot nationaliste blanc antisémite impliquant un supposé complot visant à remplacer les Blancs par des non-Blancs.

Le récit qui en découle est généralement que la politique d’immigration des pays occidentaux est conçue pour remplacer les Blancs, ou pour les « surélever », afin d’empêcher les Blancs d’obtenir des emplois, de dominer la culture ou d’élire un gouvernement « pro-blanc ». C’est un racisme fondé sur un dogme nationaliste colonial et blanc de longue date qui n’a jamais vraiment été effacé, même après des décennies passées à élaborer une politique pluraliste.

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Et ce sentiment dangereux est généralisé.

Ayant proliféré dans les forums en ligne, un sondage publié ce mois-ci par l’Associated Press-NORC Center for Public Affairs Research a montré que 32% des Américains pensent qu ‘ »un groupe de personnes essaie de remplacer les Américains de souche par des immigrants pour des gains électoraux ». Près d’un répondant sur trois a également convenu qu' »une augmentation de l’immigration conduit les Américains de souche à perdre leur influence économique, politique et culturelle ».

Ces chiffres ont une signification pour les politiciens. Dans le sillage de la rhétorique de remplacement blanc trouvée dans ce qui semble être le manifeste de l’auteur présumé des meurtres de Buffalo de samedi – dont la majorité des victimes étaient noires – lundi, l’éminente républicaine Elise Stefanik s’est penchée sur la théorie du remplacement. Au lieu d’être introspective sur les raisons réelles pour lesquelles les nouveaux immigrants pourraient ne pas vouloir voter pour son parti, elle a plutôt souligné la théorie du remplacement et a écrit, « Les démocrates veulent désespérément une frontière ouverte et une amnistie massive pour les clandestins leur permettant de voter. »

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C’est de la pure ignorance de croire que le dogme du remplacement blanc n’existe pas au Canada.

En guise de clin d’œil à ce sentiment, certains candidats politiques de droite ces dernières années, tant au niveau fédéral que provincial, ont promis de « réduire les niveaux d’immigration » sans expliquer les avantages que cela apporterait au Canada.

Bien avant le blocus à Ottawa, l’organisateur Pat King, qui s’est fait connaître pendant l’occupation, a publié une vidéo déclarant que « et c’est le but, c’est de dépeupler la race anglo-saxonne parce que ce sont eux qui ont le plus les lignées les plus fortes… C’est une dépopulation raciale, d’accord, c’est ce qu’ils veulent faire.

Et le dogme du remplacement blanc a alimenté le meurtre au Canada, ayant été cité comme motivation pour des actes de terrorisme qui ont massacré des gens dans une mosquée de Québec et fauché une famille musulmane à London, en Ontario.

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Rien ne justifie ces ordures meurtrières. L’hypothèse selon laquelle les Canadiens blancs sont plus durement touchés que les immigrants est enracinée dans la notion raciste selon laquelle le droit aux dignités fondamentales et à l’égalité des chances est fondé sur la couleur de la peau de quelqu’un par opposition à l’humanité partagée, et non sur les faits.

La preuve en est une réalité vécue par de nombreux Canadiens racialisés. Pendant la pandémie, les nouveaux Canadiens étaient beaucoup plus susceptibles d’être touchés par les pertes d’emploi liées à la pandémie que les travailleurs nés au Canada. La première année de la pandémie a également vu la police signaler des crimes haineux au Canada augmenter par un taux alarmant de 37 %. Les nouveaux immigrants sont loin plus probable à occuper des emplois à faible revenu que les travailleurs nés au Canada. Les Canadiens non blancs sont encore beaucoup plus susceptibles d’être victimes de discrimination, de crimes haineux et d’être moins représentés aux niveaux supérieurs du pouvoir que les Blancs. Une partie importante de la main-d’œuvre agricole du Canada est fournie par des non-Canadiens qui n’ont que très peu de possibilités de résider en permanence dans notre pays.

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Au-delà de la peur, du meurtre et du pouvoir destructeur que le dogme du remplacement blanc apporte au pluralisme canadien, il empêche également l’action de se produire sur des questions qui doivent être résolues. Comment pouvons-nous vraiment lutter contre les inégalités si nous pensons que certaines sont plus dignes d’égalité que d’autres ? Comment pouvons-nous aborder la réconciliation des Premières Nations et des Autochtones s’il y a ceux qui tiennent encore aux croyances du droit des Blancs? Comment pouvons-nous remédier au manque d’accent sur les soutiens à l’intégration qui dément la majeure partie de la politique d’immigration actuelle du Canada? Comment les femmes peuvent-elles devenir plus égales si l’acte de procréer est réduit à une notion de « reproduction » uniquement pour maintenir les effectifs d’un groupe racial ou d’un autre ?

La politique canadienne devenant de plus en plus clivante et polarisée chaque jour, ce dogme ne peut être ignoré. Elle doit être dénoncée avec véhémence et de manière proactive et stoppée. Cela est particulièrement vrai pour les dirigeants de mouvements politiques de droite où ce sentiment peut être plus répandu et la tentation de l’intégrer à des fins politiques est plus grande. La promouvoir ou se taire lorsqu’elle survient dans les rangs revient au même.

La liberté de notre nation n’existe que tant que nous sommes prêts à nous battre pour la dignité et les droits de chaque être humain, quelle qu’en soit la couleur de peau.

Michelle Rempel Garner est députée de Calgary Nose Hill et coprésidente de la campagne du maire de Brampton, Patrick Brown, à la tête du Parti conservateur du Canada.

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