Même la Suisse peut tirer des leçons de la végétalisation des toits

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Même la Suisse peut tirer des leçons de la végétalisation des toits
Même la Suisse peut tirer des leçons de la végétalisation des toits

Les toits végétalisés, recouverts de mousse, d’herbe et de fleurs, offrent des avantages écologiques en fixant le CO₂, en fournissant un habitat aux animaux et en améliorant l’isolation. En Suisse, leur installation devient obligatoire dans de nombreuses communes, bien que des défis de coûts et d’entretien demeurent. Ces toitures peuvent également prolonger la durée de vie des infrastructures et contribuer à la biodiversité. Cependant, leur potentiel reste encore sous-exploité dans certaines régions, nécessitant des investissements et un entretien adéquats.

Un toit recouvert de mousse, d’herbe et de fleurs contribue à rafraîchir l’environnement urbain, fournit un habitat pour diverses espèces animales et joue un rôle dans la lutte contre le changement climatique en capturant le CO2. Les toits verts représentent-ils donc la solution idéale pour allier vie urbaine et nature tout en préservant notre climat ? En réalité, la situation est plus nuancée, impliquant des considérations telles que la structure, l’installation et l’entretien.

La demande pour des surfaces végétalisées est en plein essor en Suisse, avec 3 à 5 millions de mètres carrés de toits plats construits ou rénovés chaque année. Dans plusieurs villes, il est désormais obligatoire de végétaliser les toits plats des nouvelles constructions. À Zurich, cette réglementation est en vigueur depuis 1991, avec l’ajout d’une obligation de combiner végétalisation et panneaux solaires depuis 2015. En revanche, en Allemagne, les initiatives sont souvent basées sur le volontariat et soutenues par des subventions.

Le gravier traditionnel des toits plats remplacé

Traditionnellement, les toits plats sont couverts d’une couche de gravier de 4 à 5 centimètres d’épaisseur pour assurer l’étanchéité en cas de tempête. Ce gravier pèse environ 80 kilogrammes par mètre carré. En optant pour une végétalisation avec des granulés minéraux et de la flore, les avantages sont à la fois clairs et convaincants. Les toits végétalisés contribuent à la capture du CO2, le transformant en biomasse. Ils offrent également une isolation, maintenant la chaleur en hiver et la fraîcheur en été, ce qui se traduit par des économies d’énergie et une réduction des émissions de CO2.

Les bénéfices des toits végétalisés vont au-delà : ils créent des habitats pour diverses espèces, y compris des plantes et des animaux menacés, comme le révèlent les recherches de Stephan Brenneisen et de son équipe. Brenneisen, expert en géographie, dirige un groupe de recherche sur l’écologie urbaine et conseille des projets en Suisse et à l’étranger depuis 30 ans.

Les toits verts offrent également des avantages supplémentaires : ils retiennent les eaux pluviales, ce qui aide à réduire la pression sur les systèmes de drainage et à prévenir les inondations. Contrairement à un toit en gravier qui doit être renouvelé tous les 20 ans, un toit végétalisé peut durer le double de temps. Ils absorbent la poussière et les polluants, diminuent le bruit tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et compensent en évaporant l’eau, ce qui aide à réduire la chaleur en milieu urbain pendant l’été. De plus, ils apportent une esthétique appréciée qui valorise l’image de leurs propriétaires.

Un potentiel important à exploiter

Il reste encore de nombreux toits plats sans végétation. À Zurich, environ 5 millions de mètres carrés de toits sont partiellement végétalisés, représentant 40 % de la surface totale des toits plats, selon un rapport du service de protection de la nature de la ville. Cependant, le rapport souligne d’importantes opportunités de développement en termes de qualité et de quantité.

Un exemple inspirant est l’usine de traitement des eaux du lac de Moos, près de Zurich, où plus de 20 000 mètres carrés de toit sont végétalisés depuis plus de 100 ans. Les bâtisseurs de l’époque avaient utilisé 20 centimètres de terre excavée pour recouvrir le toit, créant aujourd’hui un biotope précieux avec 175 espèces de plantes, dont certaines menacées. « Une prairie d’orchidées, d’importance tant cantonale que nationale, s’est développée ici », témoigne Brenneisen.

Les défis financiers de la végétalisation

Lors des réunions de conception, Brenneisen constate que les projets sont souvent pensé à court terme : « Si la construction d’un bâtiment coûte 10 millions, il arrive qu’on privilégie un coût de 9 millions au lieu d’investir 12 millions pour une qualité supérieure, pensant à un retour sur investissement à long terme. » Cette hésitation pousse de nombreux maîtres d’ouvrage vers le choix moins coûteux du toit en gravier.

L’un des freins à la végétal