dimanche, décembre 22, 2024

Matthew Lau : Pour mettre fin à la « rétrécissement de l’inflation », il faut réduire l’inflation… et la bureaucratie d’Ottawa

L’orgueil des libéraux ne connaît pas de limites. Ils pensent savoir quels aliments nous aimons et comment nous voulons les emballer. Ne devrions-nous pas avoir notre mot à dire ?

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La sagesse apparente des planificateurs économiques libéraux est extraordinaire. La semaine dernière, François-Philippe Champagne, le ministre qui tente de réduire le prix des aliments en intimidant les entreprises qui les fournissent, a annoncé qu’il triplerait le financement, à 5 millions de dollars par an, pour un projet fédéral sur l’inflation des prix alimentaires et le bien-être des consommateurs. Un gouvernement communiqué de presse a déclaré que « le gouvernement lance des appels ciblés pour soutenir de nouveaux projets de recherche sur les pratiques préjudiciables aux consommateurs, telles que la démarque inconnue et la déqualiflation ». La Shrinkflation fait référence à la réduction de la taille ou de la quantité d’un produit vendu ; la déqualification signifie réduire la qualité des ingrédients. Champagne a déclaré que le financement aiderait les consommateurs canadiens en identifiant les « pratiques néfastes » dans le secteur de la vente au détail.

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Ce qui est étonnant, c’est qu’un ministre libéral — qui ne nous connaît pas, ne sait pas où nous faisons nos courses, ne connaît pas nos préférences, ne sait pas ce que nous voulons acheter, ne sait pas quelle nourriture nous voulons manger ou en quelle quantité, et dont la connaissance des opérations commerciales des épiceries et des autres détaillants chez lesquels nous faisons nos achats est nulle – a conclu qu’il sait mieux que nous ce que nous devrions acheter, et il va donc prendre des décisions pour tout le monde concernant la taille des emballages des aliments que nous achetons et les types d’ingrédients qui doivent y être contenus. C’est un non-sens arrogant. Champagne a déclaré dans le communiqué de presse que « les consommateurs canadiens ont besoin de groupes de défense solides pour représenter leurs intérêts ». Peut-être que l’un d’eux pourrait représenter les intérêts des Canadiens en demandant au gouvernement de redonner à la population ses 5 millions de dollars.

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Même s’il ne s’agit pas d’un petit montant, 5 millions de dollars ne représentent qu’une goutte d’eau dans le budget total des dépenses fédérales. L’annonce de Champagne a été précédée par l’intervention de la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand, au sujet de la publication du rapport du gouvernement fédéral. Comptes publics pour l’exercice 2022-23 – près de sept mois complets après la fin de l’exercice le 31 mars. Malgré la budgétisation d’un montant colossal de 461,2 milliards de dollars, frais de service de la dette compris, dans son budget, Budget 2022, les libéraux ont dépassé ce chiffre en révélant que les Comptes publics ont effectivement dépensé 483,1 milliards de dollars. Pour illustrer les sommets auxquels Ottawa a étendu son contrôle économique : son premier plan financier projeté jusqu’en 2022-2023 était en Budget 2018, qui n’est en soi pas un modèle de prudence, qui prévoyait que les dépenses fédérales passeraient de 329,0 milliards de dollars en 2017-2018 à 383,2 milliards de dollars (en excluant un « ajustement au risque » de 3,0 milliards de dollars) d’ici 2022-23. Ce qu’il a réellement dépensé s’élève à 99,9 milliards de dollars de plus que cela.

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La publication des comptes publics et l’annonce de Champagne sur la « défense du consommateur » ont été accompagnées d’un bref discours de Chrystia Freeland sur la responsabilité financière. Ce qui n’a pas été mentionné dans son discours, c’est que les libéraux ont dépensé l’année dernière leur budget de 22 milliards de dollars et leur plan financier d’il y a cinq ans de presque exactement 100 milliards de dollars. Au lieu de cela, elle a souligné les données montrant que le Canada a le ratio dette nette/PIB le plus bas parmi les pays du G7 – un artefact statistique qui sous-estime considérablement la dette publique du Canada en déduisant les actifs nets des régimes de retraite publics (qui ne peuvent pas être utilisés pour les dépenses générales) et ignorant le fait que, contrairement aux autres pays du G7, le Canada est un pays fédéral dans lequel les provinces ont de grandes responsabilités financières et accumulent leurs propres dettes importantes.

L’idéologie qui motive les 5 millions de dollars consacrés aux projets de « défense des consommateurs » est la même qui a porté les dépenses fédérales annuelles totales à 483,1 milliards de dollars, et ce chiffre continue de croître. Si les politiciens d’Ottawa savent quelle taille d’emballages de nourriture nous devrions acheter et quels types d’ingrédients doivent entrer dans la composition des aliments que nous décidons de manger, alors ils pourraient tout aussi bien dépenser notre argent à notre place.

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Le lendemain de son discours sur la responsabilité financière, la ministre Freeland était à Calgary pour annoncer que le Fonds de croissance du Canada – l’instrument d’investissement de 15 milliards de dollars du gouvernement fédéral pour investir des capitaux dans des projets visant à réduire le réchauffement climatique et à atteindre d’autres objectifs politiques – ferait son premier investissement : 90 millions de dollars dans Eavor Technologies Inc., une société d’énergie géothermique. Les 90 millions de dollars ne constituent pas une subvention mais un investissement dans des actions privilégiées de série B de la société. Il s’agit néanmoins d’une forme d’aide sociale aux entreprises, et donc, par définition, non financièrement responsable.

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Si les 90 millions de dollars constituaient réellement un investissement intéressant, l’intervention du gouvernement ne serait pas nécessaire. Des investisseurs privés auraient fourni le capital. Et de la même manière, s’il existait réellement une meilleure façon pour les épiceries de servir leurs clients en modifiant la taille des emballages alimentaires ou les ingrédients alimentaires, les magasins seraient obligés de la fournir, sinon ils risqueraient de perdre leur activité au profit de concurrents. Quelle que soit la taille des emballages alimentaires que les gens souhaitent acheter, il existe une forme de déflation qui aiderait certainement les consommateurs : réduire le gouvernement et dégonfler son budget.

Matthew Lau est un écrivain torontois.

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