Mark Milke : Finissons-en avec la pensée magique sur l’énergie

Les combustibles fossiles continueront d’être cruciaux pour nos besoins énergétiques et maintenant aussi pour nos intérêts de sécurité nationale et ceux de nos alliés

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Il y a six ans, j’ai demandé aux sociétés énergétiques et autres de financer des recherches sur les raisons pour lesquelles, en plus d’être des produits économiques précieux, le pétrole et le gaz naturel pourraient faire partie intégrante des intérêts de sécurité du Canada et de nos alliés. La théorie était que les Canadiens qui ne pensent normalement que superficiellement aux combustibles fossiles pourraient être plus favorables à leur développement s’ils comprenaient à quel point il était dangereux pour nos alliés de dépendre autant qu’ils le font des importations de gaz naturel et de pétrole des autocraties et des tyrannies.

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Il y avait peu d’intérêt. Les PDG de l’énergie semblaient convaincus que l’opposition au pétrole et au gaz canadiens pouvait être surmontée uniquement par des arguments chiffrés, c’est-à-dire en soulignant la rentabilité du secteur pour le Canada en termes d’emplois, de revenus et de recettes fiscales.

C’était une erreur. Trop de Canadiens à l’époque, comme aujourd’hui, croyaient au choix entre l’un et l’autre en matière de pétrole et de gaz : soit continuer à pomper de l’énergie « sale », soit y renoncer et aller de l’avant vers un avenir vert radieux. C’était toujours simpliste, mais cela rendait la considération des avantages économiques des combustibles fossiles semblant grossière par rapport aux visions romantiques d’un monde pur et préindustriel offert par les verts profonds.

Aujourd’hui, tragiquement, la sécurité énergétique est un gros titre en 100 points, compte tenu de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de la folie de la dépendance de l’Europe vis-à-vis de la Russie pour une trop grande part de sa consommation d’énergie – une dépendance qui n’a cessé d’augmenter au cours des deux dernières décennies alors que les Européens fermaient le nucléaire et le charbon. centrales de production d’électricité et ont découragé de nouvelles explorations pétrolières et gazières sur leur continent.

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Le résultat de telles folies politiques est que le président russe — président à vie — Vladimir Poutine a dangereusement accru son influence sur l’Europe, qui dépend fortement du gaz naturel et du pétrole étrangers, dont une grande partie provient de tyrannies et d’autocraties.

Par exemple, entre 2005 et 2019, l’UE a importé plus de 838 milliards d’euros de gaz naturel de sources étrangères, soit une moyenne de près de 56 milliards d’euros par an. Environ un tiers de cette somme provenait de tyrannies et d’autocraties (principalement la Russie, l’Algérie et la Libye) – des pays « non libres » dans la terminologie du groupe de réflexion basé à Washington, Freedom House – le reste provenant de pays « libres » (démocraties libérales). ) et les pays « partiellement libres ». En 2019, cependant, la proportion de gaz naturel importé par l’Europe en provenance de pays non libres était passée à 41% – bien que ce soit probablement une sous-estimation, car l’Allemagne ne publie pas toutes ses données sur les importations de combustibles fossiles en provenance de Russie.

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Quant au pétrole, l’UE est encore plus dépendante des autocraties et des tyrannies pour les importations. Entre 2005 et 2019, il a importé 4,6 billions d’euros de pétrole étranger, dont 68 % ou 3,1 billions d’euros provenant de pays non considérés comme démocratiques ou libres. En 2019, la part n’a baissé que légèrement, à 67 %. (Ces données proviennent du Centre canadien de l’énergie, où j’ai co-écrit plusieurs rapports sur les exportations de pétrole et de gaz naturel des régimes régressifs dans le monde.) La Russie représente 58 % du gaz naturel et 42 % du pétrole que l’UE achetés aux tyrannies et aux autocraties entre 2005 et 2019.

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Il est temps pour les Canadiens de mettre un terme à leur pensée magique sur l’énergie. Cela comprend l’abandon du fantasme selon lequel nous pouvons de manière réaliste réduire les émissions de carbone à zéro net d’ici 2050. En tant que professeur émérite de l’Université du Manitoba, Vaclav Smil a longtemps argumenté (il étant le plus grand expert mondial des transitions énergétiques), les capacités physiques du pétrole, du gaz naturel et du charbon ne peuvent être remplacées par la faible densité énergétique des énergies renouvelables. Les analystes, politiciens, assureurs et investisseurs responsables doivent reconnaître que les combustibles fossiles continueront d’être cruciaux pour nos besoins énergétiques et maintenant aussi pour nos intérêts de sécurité nationale et ceux de nos alliés, qu’ils soient en Europe, aux États-Unis ou en Asie.

Il n’y a aucune raison pour que l’Allemagne ou le Japon, par exemple, continuent de dépendre autant du gaz naturel des pays non libres alors que le gaz naturel liquéfié pourrait être extrait de l’Alberta et du nord de la Colombie-Britannique, mais aussi du Canada atlantique et du Québec, comme tous l’ont fait. le potentiel d’extraction et d’exportations importantes.

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Oui, cela exigerait un changement radical d’attitude chez les politiciens canadiens, mais ce serait une reconnaissance mûre du monde réel dans lequel nous vivons, y compris les intérêts stratégiques.

Au siècle dernier, des familles canadiennes ont envoyé leurs fils combattre et mourir dans de multiples guerres pour défendre l’Europe et l’Asie contre les tyrannies. Le moins que les Canadiens responsables d’aujourd’hui puissent faire est de resserrer nos liens avec nos alliés. Cela inclut de considérer l’énergie comme faisant partie d’un pacte de sécurité mondial avec d’autres démocraties et de faciliter autant que possible l’acheminement de l’énergie canadienne vers celles-ci.

Marc Milke est président de la Fondation Aristote pour les politiques publiques, un nouveau groupe de réflexion dont le lancement est prévu plus tard cette année.

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