Marion Cotillard sur les mystères familiaux de la haine chez le frère et la soeur d’Arnaud Desplechin [Interview]

Marion Cotillard sur les mystères familiaux de la haine chez le frère et la soeur d'Arnaud Desplechin [Interview]

Qu’est-ce qui vous donne envie de revenir travailler avec Arnaud [Desplechin] fois après fois? Vous avez une belle liste de collaborations au fil des ans.

Eh bien, je me sens très chanceux qu’il veuille retravailler avec moi, et je me sens également très chanceux d’être accueilli dans la famille Vuillard, qu’il a déjà explorée. Et j’adore « Un conte de Noël ». Oui, j’ai beaucoup aimé ce film et je me suis senti chanceux d’entrer dans cette famille et de faire un projet aussi intime d’Arnaud. J’ai ressenti en lisant ce scénario que j’avais envie d’explorer avec lui et de l’accompagner dans cette exploration de sa propre intimité.

Quelle a été la partie la plus difficile de ce rôle pour vous ? Votre jeu était superbe et vous faites beaucoup de gros travaux dans ce film. Alors, qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous en tant qu’acteur ?

Vous savez, je ne pense pas que dur soit un mot que j’utiliserais. Intense, je dirais, mais dur ? C’est difficile de travailler avec un réalisateur qui n’est pas un bon réalisateur. C’est dur. Mais quoi [was] difficile, je dirais, était de retrouver l’humanité de cette femme pleine de colère et de haine, et sans expliquer pourquoi. Certaines choses qu’elle fait, certaines choses qu’elle traverse sont discutables. Et je pense que le fait que je ne l’aie pas jugée m’a aidé à trouver son humanité. Et Arnaud ne m’a dit qu’une chose. Il a dit: « S’il vous plaît, sauvez-la. » Et j’ai vraiment compris ce qu’il voulait dire parce que oui, elle fait des choses comme, comment peut-elle ne pas rencontrer les enfants ? L’enfant de son frère. Mais j’ai compris la déconnexion dont elle avait besoin dans cette relation car cette relation est tout simplement trop forte. Il y a trop d’amour. Et le seul moyen qu’elle a trouvé pour garder cette connexion – tout en étant déconnectée, car cet amour est trop fort – est de trouver le même type d’énergie. Et le même genre d’énergie est la haine.

Alice déteste Louis et c’est le mystère central du film. Nous ne savons pas pourquoi. Quelle raison, ou même absence de raison, vous êtes-vous donnée lors de la préparation du film ?

Trop d’amour.

C’est beau. C’est vraiment beau. Je ne m’attendais pas à cette réponse. Si vous connaissiez Alice dans la vraie vie, ou quelqu’un comme elle, quel genre de conseil lui donneriez-vous concernant sa relation avec Louis, et plus largement sa famille ?

Ouah. Je ne sais pas. Si je devais vraiment le faire, je dirais peut-être : « Peut-être que tu as besoin de trouver l’amour pour toi-même et de voir que tu es une belle personne, et tu peux célébrer ça quand tu trouves l’amour pour toi-même. » Et peut-être que ça va être plus facile de gérer l’amour que tu ressens, et l’amour et la haine que tu ressens avec ton frère. Et je lui dirais peut-être aussi : « Parle à tes parents. Fais-leur voir où ils ont échoué.

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