Il ne devrait pas être difficile pour « Hard Truths » d’obtenir un Oscar, mais cela ne veut pas dire que ce ne sera pas le cas.
L’actrice britannique Marianne Jean-Baptiste livre une performance chargée d’émotion dans le puissant drame de Mike Leigh. Elle incarne une femme au bord de l’effondrement mental, qui mène sa vie avec un mélange instable de vulnérabilité et de rage. Qu’elle interagisse avec un vendeur de meubles, sa sœur ou son mari et son enfant, Jean-Baptiste domine l’écran pendant presque toutes les 97 minutes du film, entraînant le public dans une aventure émotionnelle turbulente. Mais cela peut être beaucoup à gérer pour les cinéphiles. Espérons que la nature brûlante de sa performance n’empêchera pas les électeurs de la nommer pour le prix de la meilleure actrice principale aux Oscars de cette année.
Pour que cela se produise, Bleecker Street, le distributeur du film, aura besoin d’un bouche-à-oreille puissant pour que le drame Jean-Baptiste et « Hard Truths » restent dans la conversation pour les récompenses. Cela ne devrait pas être si difficile. Jean-Baptiste livre son meilleur travail depuis le chef-d’œuvre de Leigh de 1996 « Secrets & Lies », qui lui a valu une nomination pour la meilleure actrice dans un second rôle (une nomination que Leigh estime toujours qu’elle aurait dû remporter).
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« Hard Truths » est l’antithèse du film de Leigh de 2008, « Happy-Go-Lucky ». On y suit Pansey (Jean-Baptiste), une femme hypersensible qui a tendance à éclater à la moindre provocation. Elle vit avec son mari, Curtley (David Webber), et leur fils adulte, Moses (Tuwaine Barrett), qui sont tous deux devenus insensibles à son comportement imprévisible et souvent vicieux. Sa sœur, Chantal (Michele Austin), représente l’opposé : joyeuse et résiliente, élevant ses deux filles avec une attitude positive. Elle est la seule personne qui peut véritablement comprendre la douleur de Pansey.
En regardant « Hard Truths », il est impossible de ne pas s’émerveiller devant le talent de Jean-Baptiste. Elle a une capacité remarquable à faire en sorte que le public s’attache à un personnage profondément imparfait. Pourquoi n’est-elle pas en tête des listes des directeurs de casting à Hollywood ? À 57 ans, sa performance dans « Hard Truths » est un tour de force. Si elle obtient une nouvelle nomination aux Oscars, elle deviendrait seulement la cinquième femme noire à recevoir plusieurs nominations pour les Oscars, rejoignant Whoopi Goldberg, Viola Davis, Octavia Spencer et Angela Bassett.
Leigh, sept fois nommé aux Oscars pour son scénario et sa réalisation, reste un favori des cinéphiles et des votants de l’Académie. Pourtant, il n’a pas encore fait le déplacement sur la scène des Oscars. Il a été nommé pour le prix du meilleur réalisateur pour « Secrets & Lies » (1996) et « Vera Drake » (2004), ainsi que pour le scénario original de « Topsy-Turvy » (1999), « Happy-Go-Lucky » (2008) et « Another Year » (2010). « Hard Truths » marque le 15e long métrage de Leigh, ce qui pourrait lui permettre de se faire une nouvelle fois remarquer pour son scénario, en particulier pour la manière pénétrante dont il aborde le deuil et la perte. Le portrait d’une famille noire dans le film est d’une fraîcheur naturelle : la race n’est pas un point central du récit, mais plutôt un aspect inhérent à la vie des personnages.
Bleecker Street devrait également se concentrer sur la campagne BAFTA du film, qui pourrait être cruciale étant donné le chevauchement important entre les votes des BAFTA et ceux de l’Académie. Le vote international a eu une influence démesurée ces dernières années avec des films tels que « The Father » (2020), « Anatomy of a Fall » et « The Zone of Interest » (2023). Si « Hard Truths » parvient à rester dans la conversation, la réalisation de Leigh pourrait à nouveau attirer l’attention de la branche des réalisateurs de l’Académie.
Michele Austin, qui a joué la sœur de Jean-Baptiste dans « Secrets & Lies », endosse à nouveau le rôle de la sœur avec une interprétation sincère et pleine de compassion. Son interprétation vivante et inventive de Chantal complète à merveille la performance intense de Jean-Baptiste. Si Austin risque d’être confrontée à une concurrence encore plus rude dans la catégorie des actrices dans un second rôle, notamment aux États-Unis, les électeurs des BAFTA pourraient bien lui venir en aide, compte tenu de l’accueil qu’ils ont réservé aux tenues de Leigh.
Même s’il devrait être facile pour l’Académie de reconnaître la magnificence de Jean-Baptiste et d’Austin dans la dernière œuvre de Leigh, il faudra encore un plaidoyer persistant de la part des admirateurs pour garantir que « Hard Truths » reçoive l’attention qu’il mérite tant.
« Hard Truths » sortira aux États-Unis par Bleecker Street le 6 décembre.