Le roi du Maroc, Mohammed VI, a chaleureusement accueilli le président français Emmanuel Macron lors de sa première visite au Maroc depuis six ans. Bien que les deux nations partagent une histoire complexe, des tensions récentes ont marqué leurs relations. Macron a modifié sa stratégie en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, ce qui a irrité l’Algérie. La visite a également permis de renforcer les liens économiques, avec des accords cumulant 10 milliards d’euros.
La rencontre entre le roi du Maroc, Mohammed VI, et le président français, Emmanuel Macron, a été marquée par une atmosphère chaleureuse, presque comme celle de retrouvailles entre vieux amis. C’était une occasion grandiose pour les deux leaders, qui se tutoient apparemment, durant la première visite d’État de Macron au Maroc depuis six ans. Ce déplacement indique les efforts renouvelés de la France pour renforcer ses liens avec le royaume chérifien, des rapports qui ont récemment été mis à l’épreuve.
Un passé partagé mais apaisé
Les relations historiques entre la France et le Maroc sont denses. Le Maroc a été un protectorat français pendant près de 44 ans au début du XXe siècle, mais les souvenirs de cette époque sont moins tumultueux que ceux liés à l’Algérie, où la lutte pour l’indépendance a été sanglante. En France, la communauté marocaine constitue le deuxième groupe d’immigrés, tandis que les Français restent les investisseurs étrangers les plus actifs au Maroc.
Cependant, des tensions ont marqué ces dernières années, notamment en raison de la politique nord-africaine de Macron, qui a été critiquée pour son penchant à favoriser l’Algérie. À Rabat, cette approche a été perçue comme une menace, surtout quand le président français a essayé de réparer les relations en abordant les questions héritées de la colonisation.
Les récentes accusations selon lesquelles le Maroc aurait espionné des responsables et des journalistes français via un logiciel espion ont également créé des frictions. En réponse à ces tensions, la France a temporairement restreint l’émission de visas pour les Marocains, ce qui a conduit à un refroidissement des relations, y compris à une réaction négative de Rabat face au soutien français après le tremblement de terre dévastateur de septembre 2023.
Un changement tactique envers le Maroc
Emmanuel Macron a cherché à apaiser les tensions l’été dernier en adressant une lettre au roi Mohammed VI, où il reconnaissait la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, un geste longtemps espéré par Rabat. Ce territoire, contesté depuis des décennies entre le Maroc et le Front Polisario soutenu par l’Algérie, est un sujet sensible. La France, par le passé, avait gardé le silence pour ne pas froisser les sensibilités algériennes, mais cela n’avait pas été bien reçu à Rabat.
Le rapprochement avec le Maroc a irrité les autorités algériennes, entraînant l’annulation d’une visite de leur président à Paris. La France s’est toujours trouvée dans une position délicate, essayant de naviguer entre des relations avec ces deux nations du Maghreb.
Les ajustements stratégiques à Paris semblent être fondés sur une évaluation pragmatique. Face à une Algérie qui continue d’alimenter le ressentiment anti-français, et compte tenu des relations économiques plus robustes avec le Maroc, la France choisit de renforcer ses liens avec ce dernier, même après les récentes tensions.
Un avenir collaboratif vers le Sahel
Macron voit aussi un potentiel dans le renforcement des relations avec le Maroc, notamment en matière migratoire. Lors de son discours devant le Parlement marocain, il a plaidé pour une coopération renforcée dans les expulsions, alors que le sujet devient de plus en plus pressant en France.
Par ailleurs, la dynamique régionale montre que le Maroc pourrait jouer un rôle clé en Sahel, une région où la France a dû réduire sa présence. Ce partenariat pourrait ouvrir la voie à ce que Macron appelle de « nouveaux partenariats stratégiques » avec les nations du Sahel, donnant ainsi un nouvel élan aux relations franco-marocaines.