Ludovic Magnin, entraîneur de Lausanne-Sport, évoque son évolution personnelle et professionnelle après des débuts tumultueux. Reconnu pour son impulsivité, il se présente désormais comme un homme calme et réfléchi. Malgré des critiques persistantes, il se concentre sur le développement de son équipe, qui affiche de bons résultats. Avec des joueurs prometteurs comme Alvyn Sanches, Magnin vise le top 6 tout en abordant les défis à venir avec détermination et une vision claire pour l’avenir.
Pour provoquer Ludovic Magnin, il suffit d’évoquer les tiroirs et les étiquettes. Ce thème lui tient à cœur depuis toujours. Cependant, lors de la rencontre au Stade de la Tuilière à Lausanne, l’objectif n’est pas de le déranger. Malgré tout, dès les premières secondes, le sujet des tiroirs refait surface, lorsque le journaliste de Berne déclare qu’il va aborder rapidement ce thème pour laisser assez de temps pour d’autres discussions. « Ah, ces tiroirs », répond Magnin, entraîneur de Lausanne-Sport depuis 2022. « Nous sommes tous confrontés à des étiquettes. Parfois, elles sont justes, parfois non. »
Effectivement, la perception que beaucoup en Suisse alémanique ont de Magnin le décrit comme impulsif, passionné et parfois sauvage, un fervent défenseur de la justice qui se sent souvent incompris, et un adversaire redouté des arbitres.
Un Magnin transformé : calme et réfléchi
En décembre 2024, lors d’un match au Stade de la Tuilière, Ludovic Magnin se présente comme un homme calme et mature, tout en affichant une certaine malice et assurance. Il déclare : « J’ai gagné en expérience et en réflexion. En tant que jeune entraîneur, j’ai commis des erreurs. » Bien qu’il ait été rapidement catégorisé comme un entraîneur hurlant, beaucoup d’aspects de son caractère ont été exagérés. En 2019, un article le qualifiait de « citoyen en colère du football suisse ». Magnin a souvent exprimé son mécontentement face aux descriptions qu’il a reçues et a eu des conflits avec des journalistes.
Une cicatrice indélébile
Avec plus de 25 ans de présence dans le monde du football, tant comme joueur que comme entraîneur, Magnin admet : « On m’aime ou on me déteste. Il y a rarement une zone grise dans mon évaluation. » En tant que défenseur gauche, il était dynamique et imprévisible, et il estime avoir été parfois réduit à une image inexacte. « Si j’avais été uniquement bon en attaque et aussi vulnérable en défense qu’on le prétendait, je n’aurais pas disputé près de 150 matchs en Bundesliga et plus de 60 sélections avec la Suisse. »
Bien qu’il défende toujours fermement ses opinions, Magnin a gagné en sérénité. Ses amis décrivent souvent sa personnalité comme drôle et sociable. Il confie avoir voulu trop de choses à la fois lorsqu’il était l’entraîneur du FC Zurich, cherchant à rendre les fans heureux, à honorer la confiance de ses mentors, à améliorer ses joueurs et à gagner des titres. Cela l’a parfois amené à perdre de vue ses priorités et à se mettre une pression excessive.
Actuellement, Magnin semble plus en phase avec lui-même. Il évoque fréquemment Leen Heemskerk, le président de Lausanne-Sport et représentant des propriétaires du club, comme une figure de confiance. Il porte également une cicatrice indélébile liée à son rêve d’enfance de jouer pour Lausanne en première division, un souhait qu’il n’a pu réaliser qu’une saison en tant que jeune joueur, avant de devoir s’exiler ailleurs.
Une victoire marquante contre le FCZ
Depuis deux ans et demi, après un passage en Autriche, Magnin continue de briller sur le banc de Lausanne. Sa première saison a été couronnée de succès avec une promotion, suivie d’une saison de maintien, et actuellement, l’équipe se classe en quatrième position après plusieurs semaines solides. « Avoir des joueurs que l’entraîneur a lui-même choisis est un atout », souligne-t-il, ce qui pourrait être perçu comme une critique envers ses anciens clubs, mais cela serait injuste.
La semaine dernière, Lausanne a remporté une victoire éclatante de 3-0 contre le FC Zurich. Ce succès a été interprété comme une déclaration forte, Lausanne ayant joué avec la domination et l’agressivité que le FCZ aspire à avoir. Ironiquement, le FCZ, et en particulier l’entraîneur Ricardo Moniz, se retrouvent dans le même tiroir que Magnin, celui de l’énergie négative et de l’agitation.
Avant le début de la saison, Magnin a ambitieux visé une place dans le top 6. « Peu de changements de personnel ont eu lieu cette fois-ci », précise-t-il, « et l’équipe compte plusieurs très bons joueurs. » En tête de liste se trouve Alvyn Sanches, un milieu de terrain de 21 ans, présenté comme le plus grand talent suisse et le joueur le plus prometteur de la ligue. Magnin souligne que Sanches aurait pu quitter Lausanne s’il n’avait pas été blessé pendant une longue période l’année dernière. « Il a toutes les compétences pour une carrière brillante. » Un départ potentiel de ce talent vers une grande ligue lors de la trêve hivernale ne surprendrait pas.
Sanches représente une figure clé d’une équipe qui, après un début de saison difficile avec 14 buts encaissés et quatre défaites en cinq matchs, commence à montrer une stabilité. L’efficacité offensive s’est améliorée, mais la solidité défensive est ce qui préoccupe le plus Magnin, avec seulement deux buts encaissés lors des huit derniers matchs.
Le défi personnel de Magnin
Lausanne se prépare donc à affronter un défi de taille ce dimanche, et Magnin est déterminé à relever ce challenge avec une approche renouvelée et une vision claire pour l’avenir de son équipe.