Une organisation représentant les travailleurs indépendants des festivals appelle à la grève lors du prochain Festival de Cannes.
Baptisée Sous les écrans la dèche, l’organisation proteste contre une réforme du travail imminente qui verra leurs indemnités de chômage réduites de plus de moitié. L’organisation rassemble des centaines de travailleurs des festivals, des projectionnistes aux chauffeurs et traiteurs, qui menacent de faire grève pendant Cannes, ce qui pourrait potentiellement provoquer des perturbations majeures.
La France dispose d’un système unique qui permet aux travailleurs indépendants des industries du cinéma et de la télévision de bénéficier d’avantages – ou d’indemnités – pendant leurs périodes de chômage. Ces prestations ne sont accessibles qu’à ceux qui ont travaillé un certain nombre d’heures dans l’année.
Jean-Charles Canu, publiciste de longue date de la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes et membre éminent de Sous les écrans de la dèche, a déclaré Variété que le gouvernement français a déjà réduit de moitié le montant des indemnités versées aux travailleurs et s’apprête à introduire un nouveau décret le 1er juillet qui augmentera le nombre d’heures requis que les travailleurs indépendants devront accomplir pour bénéficier des prestations obligatoires. « S’il est adopté, ce projet de loi amènera environ 80 % des travailleurs des festivals à changer d’emploi parce qu’ils n’auront pas de quoi joindre les deux bouts », a déclaré Canu.
Dans une lettre ouverte envoyée à Variété, Sous les écrans la dèche a déclaré avoir décidé d’appeler à la grève après avoir alerté « sur la précarité croissante des personnes travaillant dans les festivals de cinéma ».
« Nous passons de missions de courte durée à des périodes de chômage, et malgré le caractère intermittent de notre métier et notre volonté de circulation de l’œuvre cinématographique, notre activité ne relève pas du régime français du statut d’intermittent des travailleurs du spectacle !
« Les dernières réformes de l’indemnisation du chômage en France et celle prévue le 1er juillet prochain, qui sera votée par décret, durcissent encore les règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Ces réformes plongent les festivaliers dans une telle précarité que la majorité d’entre nous devront abandonner leur emploi, mettant ainsi en péril les événements auxquels nous participons.»
Le Festival de Cannes aura lieu du 14 au 25 mai.
Voici le reste de la lettre :
C’est pourquoi nous exigeons que les organisations qui nous emploient soient affiliées à une
convention collective nous permettant d’être embauché sous le statut de show business
l’intermittence des travailleurs et que nos positions soient intégrées au chômage
système de prestations, rétroactif aux 18 derniers mois.
Jusqu’à présent, nos avertissements et nos demandes ont été reçus avec une considération polie, mais
aucune mesure concrète n’a été proposée par le CNC ou le ministère de la Culture.
C’est pourquoi l’ouverture prochaine du festival de Cannes nous laisse avec un sentiment amer
goût.
Dans un contexte d’extrême vulnérabilité et d’urgence absolue pour protéger notre travail, et
après consultation et vote des membres du collectif, nous appelons à la grève de tous
collaborateurs du Festival de Cannes et de ses coulisses.