L’opportunité de faire de Toronto un centre bancaire mondial est gâchée

Il semblerait que la Banque Canadienne Impériale de Commerce se lance dans une frénésie d’embauche en intelligence artificielle, cherche à pourvoir 200 postes bien rémunérésest un signe encourageant que la tendance à la suppression d’emplois dans les banques canadiennes ralentit. Pendant une grande partie de 2023, elles ont procédé à une « restructuration ». La Banque Toronto-Dominion prévoyait de réduire ses effectifs de 3 %, tout comme la Banque de Nouvelle-Écosse. La CIBC a déclaré qu’elle réduirait ses effectifs à temps plein de 5 %. Les suppressions d’emplois à la Banque Royale du Canada ont représenté environ la moitié de ce montant et à la Banque de Montréal, 3 % de ses effectifs des marchés financiers ont été licenciés l’été dernier.

À première vue, Toronto et, par extension, l’Ontario et le Canada, semblent généralement se porter relativement bien par rapport aux autres centres financiers nord-américains et mondiaux. En 2022, le Conference Board du Canada a déclaré que Toronto était le deuxième plus grand centre financier en Amérique du Nord en termes d’emploi, derrière New York.

Cependant, la forte concentration des services financiers à Toronto, où se trouvent les sièges sociaux des cinq grandes banques canadiennes ainsi que de certaines grandes compagnies d’assurance, masque les risques pour la croissance future de l’emploi dans le secteur bancaire de la région de Toronto si la région n’améliore pas sa position concurrentielle par rapport aux autres juridictions.

Ce risque est accentué par l’importance et la taille croissantes des opérations des banques canadiennes aux États-Unis, où les alternatives à Toronto sont abondantes.

Ces risques sont évidents depuis un certain temps et des efforts ont été lancés à la suite de la crise financière de 2007 et 2008 pour y faire face.

Les banquiers, les politiciens et les organismes de réglementation canadiens ont alors fait preuve d’un certain dynamisme. Le ministre des Finances de l’Ontario de l’époque, Dwight Duncan, et certains PDG du secteur financier ont lancé un groupe de travail pour tirer parti de ce succès et en faire quelque chose de plus grand. Le groupe de travail a consulté divers intervenants et a élaboré une stratégie pour attirer de nouveaux investissements et de nouveaux emplois dans le secteur, notamment des emplois dérivés dans le domaine des technologies et dans nos universités. À l’époque, on appelait cela curieusement « regroupement ».

À quoi ressemblerait le succès ? Transformer la région de Toronto en deuxième centre financier le plus compétitif en Amérique du Nord, derrière New York, tout en rejoignant les 10 premiers pôles bancaires mondiaux.

En devenant une destination beaucoup plus compétitive et attrayante pour l’implantation des sociétés de services financiers, la région de Toronto et le Canada en général seraient mieux en mesure de rivaliser pour les emplois futurs que la technologie rendait plus mobiles — c’est-à-dire des emplois bancaires qui pourraient être occupés à peu près n’importe où.

Il s’agissait d’un plan visant à prendre en main l’avenir du secteur bancaire au profit du Canada, faisant de Toronto un centre d’excellence en matière de services financiers et de carrières.

La Toronto Financial Services Alliance, un partenariat public-privé entre le gouvernement de l’Ontario et le secteur financier de la région de Toronto, a été créée pour aider à mettre en œuvre le plan. Parmi les objectifs concrets figuraient la création de pôles d’excellence, comme un institut de gestion intégrée des risques, la promotion de l’expertise canadienne en matière de financement de l’énergie, des mines et des métaux à l’échelle mondiale, et l’investissement dans la formation en services financiers pour tirer le meilleur parti de la main-d’œuvre instruite, multilingue et multiculturelle qu’offre la région de Toronto.

Le groupe de travail et le gouvernement de l’Ontario ont prévu d’utiliser l’indice des centres financiers mondiaux (GFCI), qui est une référence mondiale, pour mesurer les progrès. En 2009, cet indice, qui évalue la compétitivité à l’aide de facteurs tels que l’environnement commercial, le capital humain, l’infrastructure, la fiscalité, la réputation et le développement du secteur financier, a placé Toronto au 13e rang mondial et il reste encore du travail à faire pour atteindre la deuxième place en termes de compétitivité en Amérique du Nord.

Aujourd’hui, Toronto se classe au 23e rang mondial. En Amérique du Nord, elle occupe la 8e place, devançant de peu Minneapolis et St. Paul’s dans le Minnesota. New York occupe toujours la première place, suivie de San Francisco, Los Angeles, Chicago, Washington DC, San Diego et Boston. En ce qui concerne la fintech, Toronto se classe au 27e rang mondial, ce qui est décourageant.

Il est difficile de savoir à qui ou à quoi imputer la responsabilité de cette perte d’opportunités. La Toronto Financial Services Alliance, rebaptisée plus tard Toronto Financial International (TFI), a disparu. Son site Web a disparu, ses bureaux sont « définitivement fermés » et son téléphone est débranché.

Ce qui est certain, c’est que le secteur bancaire canadien a continué d’évoluer depuis 2009, et bon nombre de nos plus grandes banques génèrent désormais des revenus annuels substantiels grâce à leurs activités et à leur main-d’œuvre américaines en constante croissance. Ce qui n’a pas changé, c’est l’environnement commercial dans lequel évoluent les banques canadiennes au pays, un environnement qui leur donnerait idéalement une raison de réfléchir avant de réduire leurs effectifs dans la région de Toronto, mais qui semble maintenant avoir l’effet contraire.

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