L’open banking nécessite de meilleurs contrôles des risques pour garantir la sécurité de votre argent grâce aux fintechs

John Turley-Ewart : Le défi ne consiste pas seulement à protéger les données des clients, mais également à préserver l’épargne des gens

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La rumeur de la semaine dernière sur le décès politique de la ministre des Finances Chrystia Freeland s’étant avérée grandement exagérée, les défenseurs du système bancaire ouvert au Canada peuvent pousser un soupir de soulagement en sachant que ce projet ne sera pas déraillé par des changements au sein du cabinet.

Rappelons que le budget d’avril de Freeland annonçait un cadre législatif pour l’introduction du système bancaire ouvert cet automne, une initiative très attendue qui pourrait éventuellement changer la façon dont les Canadiens effectuent leurs opérations bancaires. Le système bancaire ouvert recueille un large soutien dans les cercles politiques, notamment le chef de l’opposition Pierre Poilievre, qui a déclaré qu’il « redonnerait aux Canadiens le contrôle de leurs opérations bancaires… et créerait des économies… 365 jours par an ».

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Pour ceux qui ne connaissent pas le système bancaire ouvert, le ministère des Finances le présente comme un moyen pour « les consommateurs et les petites entreprises de transférer en toute sécurité leurs données financières par le biais d’une interface d’application vers des fournisseurs de services approuvés de leur choix ». En bref, il offre aux Canadiens et aux petites entreprises le droit de partager en toute sécurité des données financières — généralement limitées à l’usage interne de leur banque — à l’aide d’applications fintech accessibles sur les téléphones intelligents et les ordinateurs.

À quoi cela ressemblera-t-il dans la pratique ?

Grâce aux applications fintech, les consommateurs et les petites entreprises peuvent comparer les offres de prêts, d’hypothèques, de comptes bancaires et d’investissements. En fin de compte, l’objectif de l’open banking est d’aller au-delà du partage de données pour « acheter » divers services et produits financiers. Nous le constatons déjà dans d’autres pays du G7, comme les États-Unis, où la fintech a pris son essor.

Les partisans de l’open banking ont déploré la lenteur du changement au Canada, mais cela offre le temps d’évaluer les risques associés et la manière de les gérer.

Prenons le cas de Synapse Financial Technologies Inc., aujourd’hui en faillite aux États-Unis. Elle a été la pionnière du « banking as a service » en gérant la mobilité de l’argent, également connue sous le nom de paiements. Synapse a servi de cœur opérationnel à certaines start-ups fintech qui exploitaient les nouvelles technologies pour connecter les consommateurs aux services financiers, tels que les prêts moins chers et les dépôts à taux d’intérêt élevés proposés par les banques traditionnelles et réglementées.

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Les start-ups fintech ne gèrent pas l’argent des clients, elles sont essentiellement des courtiers. Le travail de Synapse consistait à superviser les flux de fonds vers et depuis les clients fintech et les banques américaines réglementées partenaires des fintechs, dont certaines se vantaient que les dépôts des clients étaient couverts par la Federal Deposit Insurance Corp., une institution similaire à la Société d’assurance-dépôts du Canada.

C’était techniquement vrai lorsque les fonds parvenaient à la banque réglementée. Mais la gestion de ces fonds en transit incombait à Synapse.

Synapse a fait faillite au printemps dernier, entraînant la faillite de la chaîne fintech dans laquelle elle était intégrée, révélant la situation précaire des clients fintech concernés. Environ 300 millions de dollars de dépôts n’ont pas pu être consultés par les clients et 95 millions de dollars supplémentaires de dépôts de clients ont disparu.

Les bases du système bancaire, comme le suivi des fonds des clients, sont en panne et personne n’en assume la responsabilité. Le fondateur de l’une des startups touchées, Yotta Technology, a déclaré au New York Times que « ce n’est pas de notre faute » si Synapse et les banques « sont incapables de rendre compte et de réconcilier des dizaines de millions de dollars ». Quant aux régulateurs bancaires américains, ils ne peuvent pas faire grand-chose pour aider. Ils n’interviennent qu’une fois les fonds arrivés dans les banques réglementées.

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Le juge chargé de la faillite de Synapse estime que « des dizaines de millions de fonds de déposants » ne seront jamais récupérés.

Et la leçon canadienne ?

Le cadre bancaire ouvert de Freeland protège les consommateurs qui partagent des informations financières, couvrant ainsi des scénarios tels que le vol d’identité et les violations d’informations sur les cartes de crédit ou les comptes bancaires. Ce cadre implique une responsabilité légale, rendant les administrateurs et les dirigeants personnellement responsables, qui attribue la responsabilité à la partie qui a permis la violation de données. Avec des pertes potentielles de plusieurs millions, bonne chance pour récupérer les sommes dues auprès des administrateurs et des dirigeants de sociétés fintech comme Synapse.

Plus important encore, qu’en est-il de l’argent des clients transféré vers des sociétés de technologie financière à destination d’une banque à charte ou d’une coopérative de crédit canadienne ? La Loi sur les activités de paiement de détail (LAPD) du Canada, supervisée par la Banque du Canada, établit des exigences et des normes d’enregistrement, mais, comme l’a noté l’Association des banquiers canadiens en décembre 2023, elle « ne dit rien sur la conduite du marché ».

Dans le langage courant, qui veille à ce que les entreprises de paiement fintech disposent d’une infrastructure opérationnelle solide ainsi que de politiques et de procédures claires et d’une surveillance proactive pour garantir la conformité ?

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Si cela ressemble à une inspection bancaire, c’est bien le cas. C’est le niveau de réglementation nécessaire pour confier aux entreprises de technologie financière la responsabilité de protéger l’argent des clients lorsqu’ils le transmettent à une institution financière réglementée par l’État et dotée d’une assurance-dépôts, ce qui est, comme indiqué ci-dessus, l’objectif ultime de l’open banking.

Le cadre de Freeland confie la surveillance à l’Agence de la consommation en matière financière du Canada. Sa vision est d’être un « chef de file et un innovateur en matière de protection des consommateurs financiers ». C’est vrai, mais comme le terme lui-même l’indique clairement, le système bancaire ouvert concerne les services bancaires et, comme le montre l’affaire Synapse, le défi ne consiste pas seulement à protéger les données des clients ; il s’agit également de protéger l’épargne des gens et l’intégrité du système financier.

Il est difficile de voir comment le cadre de Freeland ou la RPAA pourraient empêcher un scénario de type Synapse au Canada. Cela devrait lui donner une raison de réfléchir.

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Les Canadiens ont longtemps considéré qu’il était inacceptable de perdre leurs économies lorsqu’ils effectuaient des opérations bancaires au Canada. Il en ira de même lorsque le système bancaire ouvert avec des applications fintech sera pleinement opérationnel.

John Turley-Ewart est consultant en conformité réglementaire et historien bancaire canadien.

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