jeudi, octobre 31, 2024

L’ONU observe une montée des homicides et des exécutions par la police en Haïti

Entre juillet et septembre, la violence en Haïti a explosé, causant plus de 1 740 décès ou blessures, avec les gangs contrôlant désormais 85 % de Port-au-Prince. Les conflits entre gangs ont entraîné 1 223 meurtres, et des enfants sont recrutés pour servir dans ces groupes. Bien que des policiers kenyans aient été déployés pour stabiliser la situation, les gangs restent puissants et bien armés. La violence sexuelle persiste, et des quartiers précédemment sûrs sont désormais ciblés pour l’extorsion.

La violence en Haïti a connu une augmentation alarmante entre juillet et septembre, avec plus de 1 740 personnes tuées ou blessées, représentant une hausse d’environ 30 % par rapport au trimestre précédent.

Cette montée de la violence s’explique par le fait que les gangs contrôlent désormais 85 % de Port-au-Prince, une augmentation par rapport à 80 % plus tôt dans l’année, selon les rapports des Nations Unies. En l’absence de l’État, ces groupes armés assument de plus en plus les rôles traditionnellement réservés aux forces de l’ordre et à la justice, en imposant leurs propres règles.

Recrutement d’enfants par les gangs

Les conflits entre gangs sont responsables d’environ 1 223 meurtres. Les forces de sécurité sont également impliquées, avec 106 exécutions extrajudiciaires signalées dont 96 imputées à des agents de police. Jean Ernest Muscadin, un procureur de Miragoâne, aurait tué 10 personnes lors d’incidents dépassant les bornes de la légalité.

Les gangs, dont l’effectif atteint environ 5 500 membres, recrutent souvent des enfants âgés de 10 ans pour des rôles d’éclaireurs, de transporteurs de munitions, voire de combattants, selon le Conseil de sécurité des Nations Unies. Le rapport indique que la crise actuelle rend les enfants particulièrement vulnérables au recrutement, le manque d’opportunités économiques étant un élément central de ce phénomène. L’accès limité à l’éducation, à l’emploi et aux produits de première nécessité pousse ces jeunes à considérer l’adhésion à un gang comme une solution viable pour survivre.

Une violence sans précédent

La violence s’intensifie principalement dans les quartiers défavorisés de Port-au-Prince. À La Saline, un bidonville voisin du principal port de la capitale, 234 résidents ont été tués dans des combats de gangs pour le contrôle de zones stratégiques. Des violences similaires ont été rapportées à Carrefour et à Gressier, où les gangs démontrent une brutalité extrême pour asseoir leur domination.

Un incident particulièrement choquant survenu à la mi-août a vu un policier civil capturé, mutilé et contraint de consommer des morceaux de son propre corps avant d’être brûlé vif. Jean Renel Volma, un ancien agent de sécurité de 55 ans, qui a fui le quartier de Solino avec sa famille à la suite de l’instauration des gangs, a qualifié la situation de « pire que jamais ». Ils font désormais partie des nombreuses personnes ayant trouvé refuge dans une église à Nazon.

Défis de l’intervention internationale

Environ 400 policiers kenyans ont été envoyés en Haïti dans le cadre d’une mission multinationale destinée à rétablir l’ordre. Le déploiement devrait atteindre 1 000 agents dans les mois à venir. Cependant, ces chiffres semblent avoir peu d’impact. Les gangs haïtiens, souvent bien armés grâce à des armes en contrebande en provenance des États-Unis, exercent une domination considérable sur les quartiers pauvres. De plus, de nombreux Haïtiens manifestent une méfiance à l’égard des interventions étrangères, en raison d’un historique chargé.

Malgré une légère baisse des enlèvements, qui sont passés de 428 à 170 entre le deuxième et le troisième trimestre de 2023, la violence à caractère sexuel reste omniprésente. Le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti a signalé au moins 55 cas de viol collectif, touchant des victimes aussi jeunes que 10 ans et aussi âgées que 70 ans. Ces chiffres pourraient être largement sous-estimés, car de nombreuses femmes et filles souffrent d’abus prolongés sans que cela soit signalé.

Récemment, les gangs ont commencé à cibler des quartiers de classe moyenne, tels que Delmas 24 et Nazon, autrefois relativement épargnés, afin d’étendre leur contrôle sur des zones plus riches et d’intensifier leurs opérations d’extorsion. Un rapport indique que leur objectif est d’accroître les revenus issus des enlèvements et des extorsions ciblant des entreprises dans ces secteurs.

Alicia Joseph, âgée de 60 ans, vit temporairement dans une église après qu’un incendie criminel ait ravagé sa maison. Elle est séparée de ses trois enfants, qui se trouvent

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