Bienvenue dans l’âge d’or des livres audio. C’est peut-être parce que les podcasts nous ont donné une soif insatiable de narration audio ; ou parce que des entreprises comme Audible et Libro.fm ont rendu si facile la constitution de bibliothèques d’écoute numérique. Quelle qu’en soit la raison, nous avons finalement compris que non, écouter un livre au lieu d’en lire un ne revient pas à tricher. Et non, les livres audio ne sont pas simplement une forme moindre de livre imprimé. Avec la bonne histoire, le(s) bon(s) narrateur(s), la bonne production, les livres audio peuvent être si attrayants qu’il est difficile d’imaginer absorber leurs histoires dans un autre format, même sur une page.
Prenez le travail de David Sedaris, l’humoriste dont l’écriture a fait irruption dans le courant dominant en 1992 avec l’aide de la radio. Alors qu’il est devenu un nom familier pour ses essais – des instantanés hilarants des absurdités de la vie – il est peut-être encore plus apprécié pour ses lectures. Comme il aime le souligner lui-même, sa voix, fine comme un rasoir et immédiatement reconnaissable, est souvent confondue avec celle d’une femme. Son timing comique est parfait sans qu’on s’y attende, et son utilisation des jurons est aussi judicieuse que créative. Tout cela est pleinement exposé dans son dernier volume, UN CARNAVAL DU SNACKERY (Hachette Audio, 17 heures, 8 minutes). Il s’agit de sa deuxième collection publiée d’entrées de journal, après « Theft by Finding » de 2017, couvrant cette fois la période 2003-20. Ici, ses réflexions alternent entre la moindre minutie (les personnages de « The Wire » sont tous des « poubelles ») et des événements majeurs à la fois personnels et mondiaux (le suicide de sa sœur Tiffany, l’élection de Donald Trump). Il y a des blagues vulgaires (non imprimables) et des répliques astucieuses (« Ils disent que les cigarettes vous enlèvent 10 ans de vie, mais ce sont les 10 dernières années, alors qui les veut de toute façon ? ») qui vous feront chercher stylo et papier avant qu’ils ne disparaissent. Il peut y avoir une certaine déception quant à son choix de faire appel à un deuxième narrateur, la comédienne britannique Tracey Ullman. Elle lit toutes les entrées écrites en Angleterre, en Australie et en Irlande, insufflant au récit des accents régionaux que Sedaris ne pourrait probablement jamais faire. Avec les journaux de quelqu’un d’autre, lancer un deuxième lecteur pourrait créer un effet comme rencontrer une double personnalité. Mais pas ici, peut-être parce que personne n’a une présence narrative comparable à celle de Sedaris.
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Avec le journal, un autre format qui se prête au médium auditif est, peut-être évidemment, l’histoire orale. Sous forme écrite, ceux-ci peuvent sembler légèrement maladroits, comme la lecture d’un script de film. En audio, ils peuvent devenir des collages de voix, amenant les auditeurs dans un monde qui n’est pas le leur. C’est le cas avec BOURDAIN : La biographie orale définitive (HarperAudio, 11 heures, 28 minutes), par Laurie Woolever, assistante de longue date d’Anthony Bourdain (ou « lieutenant », comme l’appelait le chef itinérant, écrivain et animateur de télévision). Si cela vous semble familier, c’est parce qu’il s’agit du deuxième livre que Woolever a publié depuis la mort de Bourdain en 2018. (C’est aussi le deuxième sur lequel j’ai écrit.) Bourdain, avec sa vision du monde nuancée et son appétit insatiable pour tout ce qui ne lui est pas familier. , est inévitablement devenu une sorte de saint patron pour les écrivains voyageurs comme moi. Mais je suis entré dans cette écoute avec une certaine appréhension. Allions-nous – après une poignée de livres et un documentaire – nous aventurer dans une hagiographie à part entière ? Sommes-nous mieux servis en laissant son héritage parler de lui-même ?
Il s’avère que cela, un chœur de voix provenant de personnes qui le connaissaient comme le grand public ne le pourrait jamais, était exactement ce qui manquait. Woolever a interviewé 91 personnes pour ce livre, dont des membres de sa famille, des personnalités publiques, les amis immortalisés par Bourdain dans « Kitchen Confidential » et les membres de son équipe qui ont parcouru le monde avec lui. Beaucoup de ces personnes enregistrent leurs propres sections du livre audio, et le résultat final est peut-être l’image la plus complète et la plus compliquée d’Anthony Bourdain à ce jour. Dans ces voix se trouvent des hommages à son talent, des souvenirs de son charisme et des explorations des ténèbres qu’il s’est efforcé de tenir à distance à travers (à divers moments de sa vie) la drogue, les voyages, le jiu-jitsu, l’amour. C’est, à bien des égards, une anti-hagiographie : une collection de voix construisant l’image non pas d’un saint, mais d’un humain. Lorsque le son s’est estompé après les derniers mots, j’ai commencé à revoir « Parts Unknown » depuis le début. C’est la première fois que je me sens prêt à le faire depuis sa mort.