Livio Di Matteo : Des règles budgétaires modestes auraient pu économiser des milliards de dépenses fédérales

Une TEL améliorerait la performance financière du gouvernement fédéral — une évolution que la plupart des Canadiens apprécieraient sûrement

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Dans le sillage de la flambée des déficits et de la dette publique partout au Canada, la restriction des dépenses demeure difficile pour de nombreux gouvernements. Mais les décideurs politiques, qu’ils soient au sein ou en dehors du gouvernement, peuvent-ils reconcevoir le processus politique pour limiter la croissance des dépenses ou de la fiscalité ? De telles règles ou mécanismes — ce que les économistes appellent Tax and Expenditure Limits ou TEL — restreignent la croissance des recettes ou des dépenses publiques.

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Les TEL sont plus courantes aux États-Unis où, à partir de 2020 quelque 33 états comportait un certain type de TEL, y compris des restrictions strictes sur les niveaux d’imposition ou de dépenses ou les taux de croissance. Cette approche fondée sur une formule lie souvent la croissance des dépenses à la croissance du revenu personnel ou du PIB ou à l’inflation et à la croissance démographique. Une autre méthode TEL limite les dépenses à un pourcentage des revenus projetés avec un coussin au cas où les revenus seraient inférieurs aux attentes.

Les TEL efficaces doivent être transparentes dans leur construction avec des définitions claires et peu d’exemptions. Comme cela a été noté aux États-Unis, les TEL conçues et établies en tant que lois ou règles par des organes législatifs ont tendance à être moins efficaces que celles mises en œuvre par le biais de changements ou d’amendements constitutionnels approuvés par les citoyens.

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Quels sont les principaux avantages de TELS ? De toute évidence, ils peuvent restreindre les politiciens et les bureaucrates, qui sont souvent peu incités à contrôler les dépenses en réponse aux pressions des groupes d’intérêt. Et un gouvernement plus petit (un résultat potentiel des TEL) peut être associé à des taux de croissance économique plus élevés : recherche montre que le maintien des dépenses publiques entre 20 et 32 ​​pour cent du PIB a historiquement maximisé la croissance économique.

Avec la dette fédérale du Canada maintenant bien supérieure à 1 000 milliards de dollars et les déficits budgétaires fédéraux prévus pour les années à venir, comment une politique de TEL a-t-elle pu affecter notre situation financière actuelle ? Comme détaillé dans mon nouveau étudier pour l’Institut Fraser, si à partir de 2015 nous avions une règle de croissance fixe pour les dépenses fédérales, de sorte qu’elle ne dépassait pas le taux de croissance combiné de la population et de l’inflation du Canada (environ 3 %), alors, dans un monde sans COVID, le gouvernement fédéral les dépenses seraient passées de 295,5 milliards de dollars en 2015-2016 à 393,2 milliards de dollars d’ici 2025-2026, ce qui est bien inférieur aux 466 milliards de dollars projetés dans le budget 2021 du gouvernement Trudeau. Dans ce scénario, les finances fédérales se seraient également améliorées au fil du temps, passant d’un déficit budgétaire de 2,9 milliards de dollars en 2015-2016 à un excédent de 39,9 milliards de dollars d’ici 2025-2026.

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Bien sûr, une projection linéaire comme celle-ci ne considère pas que l’économie se développe rarement sans heurts. Les projections budgétaires ne sont jamais simples, étant donné le potentiel de graves fluctuations économiques. Au cours des douze dernières années, nous avons assisté à une crise financière et à une récession mondiales, à une forte baisse du prix de l’énergie et, enfin, à la pandémie, qui a bouleversé les plans de revenus et de dépenses. Des choses arrivent. Mais, comprenant cela, il est possible de structurer une TEL qui permet une suspension temporaire de la règle de croissance des dépenses lors de chocs économiques tels que la contraction économique que le Canada a connue en 2020.

Si Ottawa avait suivi la TEL croissance démographique plus inflation depuis 2015, avec une clause lui permettant de suspendre la règle pendant une récession, le gouvernement fédéral pourrait se diriger vers un excédent annuel de 4 milliards de dollars d’ici 2025-2026 plutôt que le déficit prévu de 30,7 milliards de dollars – même en tenant compte des dépenses COVID-19 des 18 derniers mois. En d’autres termes, si Ottawa avait géré ses finances avec plus de prudence depuis 2015, il aurait pu fournir exactement le même soutien budgétaire d’urgence en 2021 et également équilibrer le budget d’ici 2025-2026.

Même une règle budgétaire ou TEL modeste au niveau fédéral pourrait entraîner une trajectoire plus faible pour la croissance des dépenses publiques, des déficits plus faibles et des déficits cumulés plus faibles, tout en permettant une flexibilité budgétaire pendant les récessions graves ou les situations d’urgence. Bref, une TEL améliorerait la performance financière du gouvernement fédéral — une évolution que la plupart des Canadiens apprécieraient sûrement.

Livio Di Matteo est professeur d’économie à l’Université Lakehead et chercheur principal à l’Institut Fraser.

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