Comme de nombreux autres politiciens canadiens, j’ai été la cible de menaces de mort. L’extrémisme politique porte atteinte à notre démocratie
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Donald Trump a été abattu.
Après les condamnations, les réflexions et les prières d’usage, les choses ont repris leur cours normal : la gauche l’a assimilé au diable, la droite au sauveur. Quelques-uns, entre les deux, l’ont vu tel qu’il était sur le moment : un homme, un mari et un père qui se présente à la présidence des États-Unis et dont la tentative d’assassinat a fondamentalement remis en cause les valeurs fondamentales de la démocratie, non seulement aux États-Unis, mais dans tous les pays libres, y compris le Canada.
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Les menaces de mort, le harcèlement, la violence et le vandalisme envers les politiciens canadiens sont monnaie courante depuis un certain temps. En tant que Canadiens, nous sommes cependant convaincus que cela n’arrive pas ici. Que le politicien qui fait la une des journaux à la suite d’un incident de sécurité le mérite d’une certaine manière. D’autres encore préfèrent contextualiser et trouver des excuses pour expliquer pourquoi l’incident s’est produit en premier lieu. Comme aux États-Unis, la toxicité qui existe dans les extrêmes de la politique partisane se retrouve ici. Cela doit cesser. Votre adversaire politique n’est pas la menace pour la démocratie. En revanche, notre ambivalence collective à mettre fin aux incitations antidémocratiques l’est.
Dans la comédie tragique qu’a été ma vie pendant trois ans, une femme a été arrêtée non pas une, mais trois fois, pour avoir décrit en détail comment elle allait me tuer. J’ai été blessée, pas en colère ni déçue, lorsque des universitaires, des collègues politiques et une coalition à laquelle elle appartenait ont tous justifié le mal qu’elle m’avait fait. Je me suis enfermée une fois dans mon appartement de Toronto pendant trois jours et, au moment des dernières élections en Ontario, je ne pouvais plus supporter que quelqu’un d’autre me fasse du mal une seconde de plus, alors je me suis fait du mal à moi-même. Ne sous-estimez pas l’impact psychologique que peuvent avoir les menaces et les actes physiques.
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C’est pourquoi il est temps de tirer la sonnette d’alarme et d’avoir une conversation adulte au Canada avant qu’un occupant un poste politique ne soit blessé ou, Dieu nous en préserve, que quelque chose de pire ne se produise.
Le fait que le commissaire de la GRC, Mike Duheme, demande instamment au gouvernement fédéral d’adopter une loi sur la question et que le sergent d’armes de l’Assemblée législative de l’Ontario, Tim McGough, organise plus tard cet été une discussion nationale sur le sujet constitue un grand pas dans la bonne direction. Cette discussion mettra sans aucun doute en lumière les statistiques inquiétantes de son homologue à la Chambre des communes, Patrick McDonell, qui a révélé plus tôt cette année que 530 dossiers avaient été ouverts pour menaces contre des députés en 2023, soit une augmentation de près de 800 % sur cinq ans.
Mettons quelques noms sur ce chiffre : les députés Melissa Lantsman, Marco Mendicino, Arif Virani, Kevin Vuong, Mélanie Joly, Mark Miller, pour n’en nommer que quelques-uns. Cela arrive aussi à nos politiciens provinciaux. La chef de l’opposition de l’Ontario, Marit Stiles, a vu son bureau vandalisé; l’ancienne ministre du Cabinet de la Colombie-Britannique, Selina Robinson, après avoir quitté son poste au Cabinet, a dû faire face à des menaces de mort; et c’est également le cas du chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon. Tout cela vise à intimider les politiciens efficaces et à les empêcher de faire leur travail efficacement. Vous remarquerez également qu’ils viennent de différentes régions du pays et représentent différentes idéologies politiques. La mentalité myope ne vient pas d’une aile droite ou d’une aile gauche monolithique. Elle est présente dans tout le spectre politique et il faut y faire face.
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Malheureusement, après les condamnations habituelles, le harcèlement de « l’autre camp » s’intensifie comme sur des roulettes jusqu’à ce que la prochaine menace jugée crédible survienne, incitant la police locale à s’arrêter au bureau de circonscription ou au domicile personnel du politicien pour discuter d’un abri sur place et d’un plan d’évacuation.
Nous aimons penser que nous sommes gentils et polis et, pour la plupart, nous le sommes en tant que Canadiens. Bien sûr, nous pouvons être passionnés par notre politique (je suis connu pour avoir parfois fait preuve de mon flair celtique), mais je crains que nous soyons collectivement complices en ne prenant pas les menaces contre les politiciens plus au sérieux et en temps opportun.
Nous entendons souvent parler de menaces contre notre démocratie, qu’il s’agisse d’influences étrangères, de terrorisme ou de guerre. Il est révélateur que nous ne considérions pas comme une menace contre la démocratie une agression contre un homme politique élu à l’issue d’un scrutin libre et équitable. C’est pourtant à ce moment-là que notre démocratie est affaiblie et que la fragilité qui en résulte devient de plus en plus difficile à inverser.
Que vous aimiez ou détestiez Donald Trump, sa tentative d’assassinat a affaibli les valeurs démocratiques de son pays. Il est à la fois téméraire et irresponsable de notre part d’attendre de voir les conséquences de cette situation sur le Canada. L’engagement durable du Canada envers notre démocratie dépend de l’action.
Spécial pour le National Post
Lisa MacLeod est depuis longtemps députée provinciale de la circonscription de Nepean.
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