vendredi, novembre 29, 2024

L’Incal d’Alejandro Jodorowsky

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Ce roman graphique de science-fiction classique des années 1980 est l’histoire de John DiFool (c’est-à-dire le fou du tarot, représentant la liberté et la stupidité de l’humanité) et son voyage pour sauver le cosmos en compagnie de son ancien amant Animah (c’est-à-dire son anima jungienne, ou aspect féminin) et quelques autres figures probablement allégoriques au nom et avec l’aide de l’Incal titulaire, un dispositif incarnant l’esprit d’animation de l’univers. S’élevant des ruines de l’avortement de Jodorowsky Dune adaptation, L’Incal est à la fois ridicule et sublime en tant que tournée à moitié satirique et tout visionnaire de lieux diversement cosmiques, de dystopie noir des villes-fosses aux planètes marines patrouillées par des méduses géantes.

L’art de Moebius tisse des motifs complexes avec des personnages caricaturaux dans une texture dense qui accomplit pour le roman ce que l’écriture parfois mince ne peut pas – la création d’un monde, ou, dans ce cas, d’un univers. Moebius est un géant, et je ne le déprécierais pas avec désinvolture, mais je dirais qu’il est peut-être – contrairement à quelqu’un comme Eisner ou Tezuka – un grand dessinateur de bandes dessinées sans nécessairement être un grand conteur de bandes dessinées ; ses mises en page ici sont souvent plus confuses que délirantes, et il a même une fois recours à des flèches pour guider l’œil du lecteur à travers les panneaux disposés de manière confuse.

L’écriture a souvent un effet contre-productif similaire. J’apprécie en fait l’approche nonchalamment imaginative de Jodorowsky « ne jamais expliquer, ne jamais s’excuser » de ses décors, que je préfère élaborer de manière explicative « la construction du monde », mais les personnages sont tout aussi sommaires, certains d’entre eux n’atteignant même pas le niveau de caricature ou de symbole. . Compte tenu de la longueur et de la complexité de la saga, l’indifférence engendrée par son approche des personnages rend parfois difficile l’envie de reprendre le livre pour une autre raison que la délimitation des décors par Moebius. Jodorowsky, comme d’autres écrivains qui veulent communiquer des croyances occultes ou magiques (je voudrais aussi souligner Grant Morrison), substitue trop souvent des archétypes aux personnages. Mais il est plus facile d’avoir une expérience visionnaire avec une œuvre de fiction, quel qu’en soit le support, si l’on peut habiter le récit en ayant une relation intersubjective convaincante avec les personnages fictifs. Nous devrions venir à nous soucier de la métaphysique car nous nous soucions des personnages ou du récit, et non l’inverse, comme Dante l’a compris. (Ma citation de Dante mise à part, Jodorowsky considérerait sans doute ma critique comme un sentimentalisme américain faible, bourgeois : « Je chie sur les États-Unis d’Amérique ! le documentaire de la BBC Moebius, se référant notamment au besoin de héros de la bande dessinée américaine et à son pathétique.)

Enfin, je suis intrigué par la métaphysique de Jodorowsky en tant que telle. Maintes et maintes fois, le roman invoque l’union des contraires – sombre et clair, masculin et féminin – mais à la conclusion, nous rencontrons un Dieu père à la grande barbe. (Ce n’est peut-être pas une surprise, étant donné le traitement du sexe et du genre dans ce livre.) La possibilité de progrès et d’évolution est écartée, mais finalement nous discernons un cycle amer dans lequel The Fool ne peut pas avancer. Enfin, que valent même intrinsèquement les voyages de ces personnages s’ils ont été ainsi aidés et motivés par le Deus Ex machina de l’Incal ?

La splendeur de ce livre fait que toutes mes critiques et mes chicanes ont l’air mesquines, cependant. L’Incal a eu une influence énorme sur la science-fiction et la fantaisie de notre temps. Même si j’ai raison de dire qu’il manque de certains détails (caractérisation, philosophie), ses paysages et ses marines et ses paysages spatiaux et ses psyché sont si indélébiles, son ton mêlé de misanthropie scabreuse et d’espoir visionnaire si particulier (c’est la base, je suppose, pour la comparaison de Pascal Ory, dans sa postface, du livre à don Quichotte), cette L’Incal restera un classique.

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