Avec une durée de 200 minutes et un entracte de 15 minutes, « The Brutalist » de Brady Corbet illustre un retour des pauses au cinéma, une pratique autrefois courante. Bien que longue, cette structure vise à améliorer l’expérience des spectateurs en salle. Les entractes, popularisés dans le passé pour leur prestige, sont aujourd’hui moins fréquents, même si des films comme « Gandhi » en incluaient encore en 1982. « The Brutalist » s’inscrit dans une tendance qui pourrait raviver cette tradition.
Une Durée Impressionnante et un Retour des Entractes
Avec une durée totale de 200 minutes, « The Brutalist » réalisé par Brady Corbet (A24) ne se distingue pas vraiment des autres films en langue anglaise à large diffusion. En réalité, il est même un peu plus court que certaines des sorties majeures des dernières décennies. Les entractes ne suivent pas une norme rigide, variant selon les projections, les problèmes techniques, ou même le prestige d’un film. « The Brutalist » coche toutes ces cases, mais son entracte pourrait signaler un renouveau : les habitudes des spectateurs ont évolué, et les réalisateurs souhaitent les utiliser pour promouvoir des œuvres plus longues. En y ajoutant une pause de 15 minutes soigneusement chronométrée, le film atteint 215 minutes. Sans cette pause, il serait en réalité neuf minutes plus court que « The Irishman », tout en ayant une durée similaire à « Le Seigneur des Anneaux : Le Retour du Roi », « Le Parrain Partie II », et « Géant » de George Stevens. Il serait également cinq minutes plus long que « La Liste de Schindler » et « Titanic », qui ont tous été projetés sans entracte. Notons que « Autant en emporte le vent » reste le film le plus long, avec 223 minutes, excluant un entracte de 20 minutes lors de sa sortie en salle.
Les Entractes : Une Tradition Révolue?
Pour un film, trois heures et 20 minutes peuvent sembler excessives, surtout à une époque où la majorité des visionnages se déroulent à domicile, permettant aux spectateurs de faire des pauses à leur convenance. L’usage excessif des téléphones portables complique encore la concentration. Cependant, l’entracte dans « The Brutalist » pourrait lever un obstacle pour certains spectateurs, facilitant leur expérience en salle. Ce choix de structure a été intentionnel dès le départ. Corbet a mentionné que le scénario était conçu pour incorporer naturellement une pause à peu près à mi-parcours, intégrant musique, images de personnages et un compte à rebours, offrant une expérience élégante.
Les entractes ont été introduits dans le cinéma dès « Naissance d’une nation » en 1915 et ont connu un regain d’utilisation entre les années 1950 et 1970, à travers des épopées bibliques et des comédies musicales. Ils apportaient une dimension de classe et de prestige, augmentant les chances de nomination aux Oscars pour plusieurs films de cette époque. Ces projections étaient souvent des événements à part entière, avec des billets à prix élevé, une sélection de sièges et d’autres souvenirs disponibles à la vente. Les entractes favorisaient également les ventes de concessions, rendant l’expérience cinématographique encore plus mémorable.
Bien que « The Brutalist » soit un film long, il nécessite une pause tout autant que son public. Les premières projections limitées du film, qui incluent des projections IMAX et 70 mm, ne peuvent pas gérer un long métrage de 200 minutes. Cela rappelle certains roadshows des années 1950, où des pauses étaient nécessaires pour des films en 3D ou des présentations Cinerama. À l’inverse, des films de plus de 150 minutes tels que « Peyton Place » et « Les Canons de Navarone » ont connu un grand succès sans nécessiter d’entractes.
La dernière grande sortie nationale ayant inclus un entracte était « Gandhi » en 1982. Bien que certaines projections récentes aient flirté avec l’idée, les théâtres américains n’ont pas la liberté d’implémenter des entractes de leur propre chef. Dans d’autres pays, comme l’Inde, les entractes sont considérés comme normaux, comme en témoigne la projection récente de « R.R.R. » aux États-Unis.
En somme, bien que « The Brutalist » soit un cas à part grâce à son entracte, il correspond parfaitement à ce que l’on attend d’un film de cette envergure : une durée imposante, un statut élevé, et des réalités techniques adaptées. Avec la sélection de sièges à l’avance devenue courante dans la plupart des théâtres, ce film s’approche davantage d’un roadshow que tout autre film américain à large diffusion depuis de nombreuses années.