L’immortalité de Milan Kundera


Ludique … émouvant … didactique … érotique … trompeur … satisfaisant …

Il y a quelques années, j’ai acheté quatre livres de Kundera à la fois – celui-ci, La blague, l’ignorance et bien sûr L’insoutenable légèreté de l’être – n’ayant jamais lu un mot écrit par lui.

L’immortalité est le premier que j’ai lu.

Je ne connais pas grand-chose au postmodernisme en littérature. J’ai lu des romans qu’on appelle postmodernistes. Mais il y en a beaucoup plus … (voir spoiler)

Sot Weed F


A couple years ago I bought four of Kundera’s books at once – this one, The Joke, Ignorance, and of course The Unbearable Lightness of Being – never having read a word written by him.

Immortality is the first that I’ve read.

I don’t know much about postmodernism in literature. I’ve read some novels that are called postmodernist. But there are many more … (view spoiler)

Sot Weed Factor – I read decades ago, loved it
Blood and Guts in High School – never heard of it, tho looks interesting
Wittgenstein’s Mistress – looks very tempting
Pale Fire – on my Maybe list – I should read it
Gravity’s Rainbow – read decades ago, liked it – probably didn’t understand it tho
House of Leaves – it’s said to be good, but this is the sort of postmodern novel I can’t abide at my age – no, no, no
Labyrinths (Borges) – have it partially read, love it
Sixty Stories (Barthelme) – was off my radar, now it’s on it
Infinite Jest – have it, unread
The Recognitions – on my Maybe list – I think I’ll eventually get to it.

I’ll also mention Cloud Atlas, which I read and loved.
and Textermination, which I have but frankly is probably beyond my comprehension, and may never be read

I’m sure there are others I have which would qualify. (hide spoiler)]

Certains lecteurs s’extasient sur un certain type de roman postmoderniste, qui présente au lecteur un fourré dense de passages de références croisées, des narrateurs peu fiables, des mots inventés – essentiellement un puzzle de mille (ou 10 000) pièces sans image de ce qu’il est supposé ressembler à. Ce n’est certainement pas pour moi (je le répète – si vous lisez le spoiler). Si je veux travailler dur, je le ferai en lecture de non-fiction, pas un putain de roman. La fiction est surtout pour le plaisir à mon âge.

L’immortalité a de faibles traces de cette sorte de postmodernisme. Mais pas assez pour me décourager. J’ai trouvé la lecture très intéressante, Pour dire le moins.

Le premier personnage que l’on découvre peu à peu est Agnès. Agnès est construite à partir d’un geste que le narrateur voit faire une femme plus âgée dans une piscine.

A cet instant, j’ai ressenti un pincement au cœur ! Ce sourire et ce geste appartenaient à une jeune fille de vingt ans ! Son bras se leva avec une aisance envoûtante. C’était comme si elle lançait par espièglerie une balle aux couleurs vives à son amant. Ce sourire et ce geste avaient du charme et de l’élégance, tandis que le visage et le corps n’avaient plus aucun charme. C’était le charme d’un geste qui se noyait dans l’absence de charme du corps… J’étais étrangement ému. Et puis le mot Agnès est entré dans mon esprit. Agnès. Je n’avais jamais connu de femme de ce nom.

Mais attendez. Cette femme âgée, sans charme, est-elle peut-être nommée Agnès, vraiment un personnage du roman ? Et qu’en est-il de ce narrateur à la première personne ? N’est-il pas un personnage, en un sens ?

Pour répondre à la seconde première, non, le narrateur est en fait Milan Kundera, l’auteur. Pas fictif, pour autant que je sache.

La première question nécessite quelques pages de lecture supplémentaires. Puis,

Au réveil, vers huit heures et demie, j’essaie d’imaginer Agnès. Elle est allongée, comme moi, dans un grand lit. Le côté droit du lit est vide. Qui pourrait être son mari ? Clairement, quelqu’un qui quitte la maison tôt le samedi matin. C’est pourquoi elle est seule, oscillant doucement entre le réveil et le sommeil.

Puis elle se lève. En face d’elle se trouve un téléviseur, debout sur une longue jambe en forme de cigogne. Elle jette sa chemise de nuit sur le tube, comme un rideau de théâtre blanc à glands. Elle se tient près du lit, et pour la première fois je la vois nue. Agnès, l’héroïne de mon roman. Je ne peux détacher mes yeux de cette belle femme, et comme si elle sentait mon regard, elle se précipite dans la pièce voisine pour s’habiller.

Qui est Agnès ? … Agnès est née du geste de cette femme de soixante ans au bord de la piscine… dont les traits s’effacent déjà de ma mémoire. A l’époque, ce geste a suscité en moi une nostalgie immense, inexplicable, et cette nostalgie a donné naissance à la femme que j’appelle Agnès.

Alors c’est parti. Cette première section du roman, « Le visage », présente les personnes qui entourent Agnès – sa mère et son père, son mari Paul, sa fille Brigitte, sa sœur Laura.

Ce sont les sections restantes du roman

Deux. Immortalité. Un essai sur Goethe, son désir d’immortalité et une relation bizarre qu’il a eu (et/ou a essayé de ne pas avoir) avec Bettine – alias Bettina von Arnim. Fascinant. (voir spoiler)

Johann Wolfgang von Goethe in 1828 (Wiki)

Bettina von Arnim as drawn by Ludwig Emil Grimm during the first decade of the 19th century (Wiki)
(hide spoiler)]

Trois. Combat. La section la plus longue du roman, l’histoire des relations entre Agnès et les autres personnages, y compris les personnages nouvellement introduits. Les sous-parties ont leurs propres titres, tels que Les sœurs ; Lunettes noires; Femme plus âgée, homme plus jeune ; Imagologie; Un cul complet; Être victime de sa célébrité ; professeur Avenarius; Le geste du désir d’immortalité.

Quatre. Homo sentimental. Retour à Goethe, y compris (comme d’autres sections) de nombreux commentaires sur, et conversations avec, tels que Rilke, Hemingway, Rimbaud, Aristote, Stendahl, Schnitzler.

Cinq. Chance. Un va-et-vient entre une conversation entre le narrateur et le professeur Avenarius, lui-même (en tout ou en partie) un personnage du roman. (voir spoiler)

Avenarius lapsed into a perplexed silence. After a while he asked me, in a kindly voice, “And what will your novel be called?”
The Unbearable Lightness of Being.”
“I think somebody has already written that.”
“I did! But I was wrong about the title then. That title was supposed to belong to the novel I’m writing right now.”
We stopped talking and concentrated on the taste of the wine and the duck.

(hide spoiler)]

Six. Le cadran. Une histoire connectée sur Rubens. Pas l’artiste connu, mais un homme contemporain, ayant jadis eu l’ambition de être un artiste, mais plutôt consumé par le désir d’explorer les phases et les âges de l’amour. Le lien avec le reste du roman ne se révèle que lentement. Le « cadran » diversement décrit comme le cadran d’une horloge, puis « le cadran de l’Europe », finalement le cadran de la vie

Sept. La fête. Court. Une réunion. Le professeur Avenarius, le narrateur, les autres personnages (pour ainsi dire, à la recherche d’un auteur). La fête…(peut-être une vraie (voir spoiler)

I quickly went out into the street.

The roadway was filled with cars honking incessantly. Motorcycles drove up on the sidewalk and snaked their was between pedestrians. I thought of Agnes. It was precisely two years ago that I had first imagined her, while reclining in a deck chair upstairs in the health club, waiting for Avenarius. That was the reason why today I had ordered a bottle of wine. I had finished the novel and I wanted to celebrate it in the place where the first idea for it had been born.

The cars were honking their horns, and I heard the shouts of angry people. It was in such circumstances that Agnes longed to buy a forget-me-not, a single forget-me-not stem; she longed to hold it before her eyes as a last, scarcely visible trace of beauty. (and as) (hide spoiler)] … un désir d’immortalité, le désir insupportable de ne pas être oublié.

Ludique … émouvant … didactique … érotique … trompeur … satisfaisant …

Est-ce que j’ai aimé ? Deviner.

Milan Kundera, en 1980 (wiki)
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