mercredi, décembre 25, 2024

L’illusion de la paix – Le gouvernement géorgien utilise la peur de la guerre pour préserver son autorité

Le village géorgien de Djordjachvili est au cœur d’une culture politique vibrante, où chaque habitant s’exprime sur les enjeux locaux et nationaux. Alors que le pays s’apprête à élire un nouveau parlement, les tensions politiques montent entre le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, et l’opposition, face à des préoccupations croissantes concernant l’orientation géopolitique de la Géorgie entre l’Occident et la Russie. Les jeunes quittent souvent ces villages à la recherche de meilleures opportunités, laissant derrière eux un avenir incertain.

Mikheïl Dalakichvili, adjoint au chef du village de Djordjiachvili, formule une observation ironiquement pertinente : « La moitié des Géorgiens sont présidents, l’autre moitié premiers ministres. » Ce qui souligne un fait évident : la politique occupe une place centrale dans le quotidien des Géorgiens, que ce soit dans les conversations de village ou les débats au sein des villes. Situé à environ cinquante kilomètres de Tbilissi, Djordjiachvili, un village de la Géorgie centrale, a autrefois été animé par un kolkhoze qui a laissé derrière lui de mystérieuses ruines s’élevant au milieu de terres désormais en friche, bien que fertiles autrefois.

À l’époque soviétique, le village voisin d’Asureti était connu sous le nom d’Elisabethtal, témoignant d’une histoire coloniale allemande. Des vestiges comme une église protestante et une rue nommée « Schwabenstrasse » rappellent le triste sort des Allemands du Caucase, déportés par Staline durant la Seconde Guerre mondiale.

L’Exode des Jeunes

À 65 ans, Dalakichvili observe les changements survenus au fil des ans. Dans les années 90, la vie était périlleuse, marquée par l’insécurité et des infrastructures médiocres. Aujourd’hui, le village bénéficie de bonnes routes, d’électricité et de gaz. Pourtant, malgré ces améliorations, beaucoup de jeunes, animés par l’ambition de progresser, quittent leur terre natale pour chercher de meilleures opportunités à Tbilissi ou ailleurs, comme l’un des fils de Dalakichvili qui réside maintenant en Belgique.

Les Échos d’Ivanichvili

Le samedi à venir marquera l’élection d’un nouveau parlement en Géorgie, un événement qui anime déjà les discussions à Djordjiachvili. Cependant, l’ambiance semble plus calme que dans la capitale, où les tensions politiques sont palpables. Les récentes manifestations contre une loi sur les agents ont exacerbé un climat politique déjà tendu. Le parti dirigeant, le Rêve Géorgien, fondé par l’homme d’affaires Bidzina Ivanichvili, a durci son discours à l’égard de l’Occident et de l’opposition. Ce dernier prétend que l’élection représente un choix entre guerre et paix, suggérant que voter pour l’opposition pourrait plonger la Géorgie dans un conflit avec la Russie, soutenue par des visuels choquants dans leurs affiches électorales.

Lors d’un meeting dans le centre de Tbilissi, Ivanichvili a évoqué le danger d’un « fascisme pseudo-libéral » qui menacerait la souveraineté géorgienne. Tout en prônant l’importance de l’intégration européenne, il rappelle à ses partisans de se méfier des influences étrangères.

L’Île de la Paix

Pour Dalakichvili, la paix est primordiale. Il considère que la sérénité en Géorgie, au milieu des conflits alentour, est essentielle au développement. Cet agriculteur pragmatique admet qu’une victoire de l’opposition ne mène pas nécessairement à la guerre, tout en affirmant que la Russie représente une menace pour l’intégrité territoriale de la Géorgie.

Vers l’Europe

Le politologue Mamouka Archéchidzé partage cette préoccupation. Il soutient que la Géorgie doit s’orienter vers l’Occident, tout en restant consciente des réalités géopolitiques, notamment le commerce avec la Russie, qui reste crucial. L’opposition conteste le discours binaire entre « guerre » et « paix », affirmant que le gouvernement tente de détourner l’attention des véritables enjeux tels que l’économie et le bien-être des citoyens. L’ancienne ambassadrice de Géorgie auprès de l’UE, Salomé Samadachvili, soutient aussi que l’abandon de relations commerciales avec la Russie n’est pas une option réaliste.

Les Attentes Vis-à-Vis de l’UE

Le politologue Tornike Sharashenidze souligne que chaque élection en Géorgie est cruciale pour le destin du pays. Selon lui, le Rêve

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