lundi, novembre 25, 2024

Les vignerons allemands affrontent des temps difficiles

La viticulture allemande fait face à une crise majeure avec une récolte en baisse, la plus faible depuis sept ans, due à des conditions climatiques extrêmes. Malgré d’importants stocks de vin, les prix demeurent bas, incitant à une consommation accrue. Les viticulteurs appellent à des aides de l’UE et à des stratégies pour réduire les coûts de production. La consommation de vin décroît notamment chez les jeunes, poussant les acteurs du secteur à diversifier leurs offres et inciter à une consommation modérée de vin local.

Les viticulteurs allemands font face à des récoltes exceptionnellement basses, la plus faible en sept ans. Malgré cela, des stocks élevés entraînent une baisse continue des prix. Cette tendance est exacerbée par la réticence des consommateurs allemands. D’importantes initiatives sont nécessaires pour encourager ces derniers à redécouvrir le vin local.

La viticulture en Allemagne traverse une période difficile, marquée par des coûts croissants, une baisse de la consommation et une surproduction. Les conditions climatiques extrêmes de 2024 entraînent une forte réduction de la récolte, notamment dans l’Est et l’Ahr. Selon l’Institut allemand du vin, la production devrait atteindre environ 7,9 millions d’hectolitres de moût au niveau national, soit près de 10 % de moins par rapport à la moyenne des dix dernières années. La dernière fois qu’un aussi faible volume a été enregistré, c’était en 2017, avec 7,5 millions d’hectolitres.

‘Malgré une récolte plus limitée en 2024, la pression sur les prix reste importante sur le marché, car de nombreux producteurs disposent encore de stocks conséquents’, affirme la professeure Simone Loose de la Hochschule Geisenheim University. Actuellement, le prix du vin en fût dans le Palatinat se situe autour de 0,70 euro par litre, et selon la variété, cela peut être encore moins, alors que les coûts de production des viticulteurs avoisinent les 1,20 euro, presque le double.

La demande est également en déclin pour les entreprises qui vendent directement leurs produits aux consommateurs, souligne un économiste spécialisé. Même les domaines viticoles bien établis, membres de l’Association des domaines viticoles allemands de qualité (VDP), ne sont pas épargnés. Max Rohde, porte-parole du VDP, indique que cette tendance est particulièrement perceptible en Allemagne, impactée également par la gastronomie.

Ajustement nécessaire : l’UE doit soutenir les viticulteurs

Pour prévenir une nouvelle chute des prix, il est indispensable de ‘réajuster’ le volume de production, affirme Loose. Une réflexion est nécessaire sur les surfaces cultivées qui n’ont plus d’avenir face au changement climatique et celles qui sont essentielles pour le tourisme.

Christian Schwörer, le secrétaire général de l’association allemande des viticulteurs, propose que le concept de ‘jachères tournantes’ soit mis en œuvre pour détendre rapidement le marché. En arrachant un vignoble, les droits de plantation restent valables pendant six ans, permettant aux viticulteurs d’aménager des espaces dédiés à la biodiversité. Actuellement, l’UE subventionne les bandes fleuries des viticulteurs à hauteur de 200 euros par hectare, mais il faudrait en moyenne 3000 euros pour couvrir les frais fixes.

Les exploitations doivent également examiner attentivement leurs frais, selon Schwörer. En collaboration avec des conseillers et des experts, il est crucial d’élaborer une stratégie viable. La question de la succession doit aussi être abordée, et des mesures fiscales, bien que limitées, doivent être envisagées pour alléger la situation.

Les compétences numériques au service des viticulteurs

‘Les viticulteurs d’aujourd’hui et de demain doivent allier expertise en vinification et compétences entrepreneuriales’, souligne Loose. Une base de données clientèle bien gérée est désormais plus précieuse que le vignoble lui-même, car ‘la concurrence pour attirer les clients de plus en plus âgés est féroce’.

L’augmentation du prix de la bouteille peut atténuer partiellement l’impact des coûts croissants, explique Loose. Il est cependant peu probable que ceux qui achètent actuellement des bouteilles à deux ou trois euros au supermarché passent à huit ou neuf euros. Pour beaucoup, une bouteille devient un ‘produit de luxe’ qu’ils pourraient se passer en période de doute économique.

‘Nous avons besoin d’une diversification du marché’. Dans le segment des prix bas, les vins italiens et espagnols sont bien plus performants que ceux allemands. En effet, environ 90 % des ventes de vins allemands se correspondent à des vins de qualité et à des vins de prédicats.

Un soutien nécessaire pour la culture du vin

Une tendance globale vers une diminution de la consommation de vin se dessine, et des débouchés doivent être trouvés. Les jeunes tendent à boire moins, tandis que les personnes âgées limitent souvent leur consommation pour des raisons de

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